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Lorsque vacances rime avec débrouillardise

Fait rarissime dans le passé, le phénomène des vendeurs à la sauvette gabonais prend de plus en plus d’ampleur, surtout chez les jeunes en cette période de vacances. Nombreux de ces travailleurs informels ont trouvé là un moyen de préparer la prochaine rentrée scolaire.

Si le mot vacances rime avec congés ou période de repos pour des personnes en activité, pour de nombreux élèves et étudiants c’est le moment pendant lequel l’activité scolaire est simplement interrompue.

Si au Cameroun voisin élèves et étudiants contribuent fortement eux-mêmes à l’achat de leur trousseau scolaire, grâce à l’exercice des petits métiers, au Gabon, la donne était jusque-là différente. Les parents assuraient seuls toutes les dépenses de rentrée académique jusqu’à un certain âge. Hormis évidemment la petite contribution de l’État sous forme d’allocations d’étude.

Aujourd’hui, les choses ont carrément changé. Outre les vendeurs de cartes de recharges et mouchoirs papier qu’on peut trouver à certains carrefours, ces vacances scolaires révèlent des débrouillards hors pairs. Des jeunes étudiants, des élèves de lycées et collèges de Libreville, travaillent comme vendeurs ambulants pour des maisons de commerce, ou même comme aides, apprentis ou manutentionnaires dans les entreprises de bâtiment et travaux publics.

On peut les voit passer par petits groupes, arborant les couleurs des entreprises pour lesquelles ils œuvrent. Les maisons de téléphonie mobile ont vite compris qu’il s’agissait d’une main d’œuvre bon marché et en font désormais grandement usage pour leurs campagnes publicitaires.

Pour les jeunes, il ne s’agit parfois, ni plus ni moins, que de fuir la maison en ce temps où toutes les tranches d’âge se bousculent devant la télévision. «C’est pénible de porter des charges lourdes de cette manière, du matin à 16 heures. C’est la première fois que je le fais mais je commence à m’y habituer», a expliqué un jeune de 16 ans qui vend dans la rue des produits agro-alimentaires d’une entreprise qui a accépté de le recruter à titre temporaire. «En me promenant, je découvre plein de choses que je ne connaissais pas dans la ville. Je m’habitue au monde extérieur et en même temps je vais avoir de l’argent pour mes fournitures de l’année prochaine», a expliqué pour sa part sa collègue de 18 ans, en classe de terminale dans un lycée de la place.

Tous les lundis, en sillonnant tôt le matin les allées dans la zone industrielle d’Oloumi ou d’Owendo, on remarque ces grappes humaines qui attendent d’être pêchés parmi les élus de la semaine. En cette période en effet, de nombreuses entreprises recrutent des temporaires rétribués et remerciés à la fin de la semaine.

D’aucuns expliquent ce revirement de situation par le contexte économique et social actuel. «Les prix sont trop élevés. Les salaires sont restés les mêmes. On ne peut plus faire face à toutes les dépenses lorsqu’on a des enfants qui sont en train de grandir dans la maison. Certains prennent l’initiative d’aider de cette manière leurs parents. Mais d’autres n’ont carrément pas le choix. Les temps sont durs !», explique un ancien fonctionnaire du ministère de la Planification.

Cette attitude nouvelle de la jeunesse gabonaise, en proie au chômage à hauteur de plus de 30%, est capable, comme partout, de se prendre en charge. Ces petits jobs sont évidemment une excellente expérience du monde du travail pour certains. On en peut que regretter que pour beaucoup, c’est loin d’être un choix.

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