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Aux sources des accidents de la circulation au Gabon

La récurrence, ces derniers temps, des accidents de circulation, autant à Libreville qu’à l’intérieur du pays, invite à une petite réflexion visant à remonter aux sources du mal. Car, trop de familles sont désormais endeuillées à cause des chauffards alors qu’un effort est fourni pour rendre les routes plus praticables en toute saison et sans grand risque.

Au regard des mises en garde régulières de la Direction générale de la sécurité routière et de la multiplication des panneaux de signalisation dans la ville et à l’intérieur du pays, on a l’impression que les choses vont de mal en pis. La dernière campagne de sensibilisation en date invitait d’ailleurs les usagers de la route, nombreux en cette période de vacances, à faire preuve de vigilance et à respecter le code de la route. Or, il ne se passe un jour sans que les nouvelles ne fassent état d’accidents mortels dans toutes les localités du pays.

Le vendredi 13 juillet 2012 par exemple, le quotidien L’union a rendu compte de deux accidents qui ont couté la vie, en définitive, à deux personnes. Le premier, survenu au quartier Melen, indique que la victime assistait, en compagnie de nombreuses autres personnes, à une veillée mortuaire avant qu’une voiture ne vienne la faucher mortellement, pour blesser ensuite plusieurs autres convives, qui garderont certainement des séquelles. Le second s’est produit à Awendjé où une femme enceinte a été tuée, sans compter celui du boulevard Triomphal qui a couté également la vie à une personne. On ne cite que ces cas, sans tenir compte des quartiers périphériques où les accidents sont légions, ainsi que l’intérieur du pays.

Les Gabonais commencent donc à se poser des questions au regard de cette accélération vertigineuse des accidents. Le premier facteur à incriminer reste l’abus d’alcool. Une cause de mortalité au-dessus même du VIH/sida, sans parler des blessures et handicaps qu’il génère. Ensuite viennent les mauvais comportements tels que les dépassements dangereux, l’hypovigilance, le mauvais état des véhicules, le non-respect de la distance de sécurité, le refus de priorité, la surcharge des véhicules de transport de grumes en particulier, de marchandises et de voyageurs, l’usage du téléphone portable au volant et l’excès de vitesse.

Un homme qui a failli perdre la vie en 2007 suite à un grave accident explique: «Les jeunes aujourd’hui se permettent tout. Ceci parce que les parents même ne sont plus regardant. J’ai failli mourir à cause des jeunes de moins de 17 ans qui avaient fait une virée nocturne avec la voiture de leur aînée, haut cadre de l’administration gabonaise. En rentrant, ils ne contrôlaient plus rien, enivrés par l’alcool. Ce qui fait qu’ils ont pris le sens inverse de la voie express et c’est comme ça qu’ils nous sont entrés dedans avec fracas. Il y a eu des morts. Je ne sais même plus combien. Le conducteur n’avait pas de permis. Je n’ai pu me relever qu’après au moins un an».

Indubitablement, au-delà de cette inconscience qui caractérise désormais les conducteurs gabonais, il y a le non-respect du code de la route. «Beaucoup ne savent même pas ce qu’indiquent les panneaux de signalisation. C’est pour cela qu’il y a des accidents bêtes au Gabon», a-t-il ajouté.

La prolifération des accidents est également renforcée par le fait que les services du ministère des Transports délivrent les permis de conduire à tout-va. La fraude y est légion, selon certaines indiscrétions. Un jeune homme qui a échoué à l’examen de permis de conduire à Libreville, explique pour sa part que la complaisance affichée par les services de délivrance des permis à l’endroit de certaines auto-écoles est aussi la cause de ces malheurs.«Il y a des autos écoles qui appartiennent à des gens qui travaillent avec l’État. Ceux-là coûtent excessivement chers. Mais, on y obtient le permis les yeux fermés. On dit que c’est pour ne pas fâcher le propriétaire que tous les élèves de cette école décrochent toujours leur permis. Il y en a qui sont de seconde zone. Pour celles-là, il faut vraiment prier et disposer de quelques billet pour enrayer le courroux des examinateurs qui vous reprochent des choses qui ne regardent même pas la conduite comme votre coupe de cheveux».

Cette version est renforcée par un habitant de Mouila (Ngounié) qui raconte pour sa part que si vous échouez au concours du permis de conduire dans cette ville, c’est que vous n’avez pas d’argent. Car, pour lui, il suffit de négocier avec les examinateurs et tout s’arrange. Au-delà de cette corruption, certaines auto-écoles ne sont pas dignes d’enseigner la conduite. Les moniteurs sont parfois eux-mêmes pires que les apprentis-chauffeurs, relève un homme qui a fait changer de moniteur à sa femme qui suivait des cours de conduite dans l’une de ces structures de la place. D’autres proposent des véhucles école dans un tel état de délabrement qu’on se demande même comment ils passent le contrôle technique pourtant peu regardant.

Le Gabon a déploré, officiellement, durant l’année 2011 125 décès, pour 1 828 accidents ayant aussi fait 381 blessés graves. La plupart des victimes sont devenues des handicapés moteurs. Mais les chiffres sont, semble-t-il, très sous évalués. In fine, trop de points sont à revoir pour réduire ce taux de mortalité dû aux accidents au Gabon.

Article original : https://gabonreview.com/blog/aux-sources-des-accidents-de-la-circulation-au-gabon/#ixzz20nq3dTKD

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