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Dette publique gabonaise : diagnostic et mesures de réduction

Dr Jacques Janvier Rop’s Okoué Edou, Secrétaire Exécutif Adjoint du BDP-Modwoam chargé des Affaires Économiques, du Développement et de la Mondialisation

Partie 1 – La justification théorique de l’endettement

“Au sortir de la colonisation”, le Gabon a toujours connu une croissance régulière de son PIB nominal (20,7% en moyenne annuelle) grâce à la réalisation des projets publics (écoles, hôpitaux, logements, routes…). Cette dernière a été souvent financée avec l’aide des donateurs et généralement par un recours à l’endettement international. Durant cette période, la politique d’endettement du gouvernement gabonais était soutenable.

Toutefois, dès 1986, ce pays a commencé à être confronté à une crise de la dette qui a fini par compromettre son développement économique, social et culturel en raison de la « Malveillante gouvernance » instituée par les criminels et incultes Bongo comme mode de gestion du Gabon.

C’est par exemple le cas de l’achat, par l’imposteur et voleur Ali Bongo 9%, d’un hôtel particulier à Paris de 65 milliards francs Cfa et/ou encore de l’achat d’un parc automobile de 29 voitures de luxe pour la somme de 10 milliards francs Cfa payés avec l’argent des Gabonais (Trésor public) mais non inscrit(s) au budget de l’État (il sera d’ailleurs mis en examen en France pour ces faits d’arme).

Pendant ce temps, le plus grand nombre de gabonais vit avec moins de 1 USD par jour, vit dans des quartiers sous intégrés comme Kinguélé, Derrière-la-prison, Nkembo sans eau potable, sans électricité et avec des moustiques, des rats, des serpents et des dépotoirs très polluants ou poubelles à ciel ouvert, accouche (pour les femmes) à même le sol à l’hôpital…

La justification théorique de l’endettement : pourquoi a-t-on recours à l’endettement ?

Largo sensu, l’endettement et notamment celui international d’un pays se justifie par la situation de déficit de sa balance courante. Autrement dit, le déficit de cette dernière est l’expression d’une insuffisance de l’épargne domestique ou de la nécessité d’appel de l’épargne étrangère (endettement international).

En effet, l’analyse en termes d’équilibre épargne(S)-investissement(I) en économie ouverte enseigne que l’appel, par une nation, de l’épargne extérieure est nécessaire au financement de l’activité productive de cette dernière si elle connaît un problème d’insuffisance de l’épargne domestique.

Dans ce cadre, si l’on présume que l’offre des biens disponibles (Og) est le fait de l’activité de production interne (PIB = Y) et des importations (M), l’on pose donc :

            OG = Y + M

Cette offre des biens disponibles fait l’objet de trois utilisations ou emplois à savoir, la consommation (C), l’investissement (I) et les exportations (X). D’où, l’on a :

            OG = Y + M = C + I + X = A + X

Comme l’on sait, par ailleurs, dans le cadre d’une économie fermée que l’activité de production donne lieu à la distribution de revenus qui sont arbitrés entre la consommation (C) et l’épargne (S), l’on pose donc :

              Y = C + S

Dès lors, notre équation (2) devient :

            C + S + M = C + I + X

En éliminant la consommation (C) des deux côtés de l’égalité, l’on obtient :

            S + M = I + X   Û    S – I = X – M

Et, à partir de l’équation (2), en posant A = C + I = absorption, cette dernière devient :

Y + M = A + X   Û Y – A = X – M

Dans ce cadre, à partir de (5) et (6), l’on a donc :

              X – M = Y – A = S – I

Dès lors, si X – M < 0    Þ    X < M    Û   S < I   Û  Y < A.

Une telle situation signifie que si un pays connaît un déficit de sa balance courante (X < M), il consomme plus qu’il ne produit (Y < A) et est par conséquent confronté à une situation d’insuffisance de l’épargne domestique qui appellera, tôt ou tard, l’endettement international.

Stricto sensu, l’endettement d’un pays se justifie par la situation de déficit de son budget. Autrement dit, le déficit budgétaire est l’expression d’une nécessité de recours à l’endettement d’un État.

Ce déficit budgétaire est tel que h = G – T avec h < 0 Û G > T  ou h < 0 = déficit budgétaire ; G = dépenses budgétaires  et T = recettes budgétaires.

À cet effet, à la différence de l’agent économique privé qui met d’abord en avant les ressources à partir desquelles il essaie de smatcher (coller de manière optimale) les dépenses, l’agent économique étatique va, quant à lui, d’abord procéder à l’inventaire des dépenses à engager (routes, écoles, hôpitaux, logements…) puis seulement après, chercher à smatcher les ressources (nécessaires) à leur financement.

Aussi, si ses ressources se révèlent inférieures à ses dépenses, notre agent économique étatique va faire jouer la planche à billets (financement du déficit budgétaire par la politique monétaire) et plus généralement, se lancer dans des opérations d’emprunts par émission de bons du Trésor et autres emprunts obligataires.

Ces différents titres émis par l’État, seront souscrits par les agents économiques (résidents ou non) à capacité de financement. De la sorte, lorsque le déficit budgétaire et son financement par l’emprunt deviennent structurels, le problème de l’insoutenabilité de la dette (crise de la dette) commence à se poser.

Cet endettement est une opération économique soutenable lorsqu’il est rationnellement orienté vers le financement du développement économique, social et culturel de la nation, lorsque les ressources produites grâce aux fonds empruntés sont suffisantes pour en assurer le remboursement, lorsque le taux de croissance de l’économie (g) est supérieur au taux d’intérêt d’emprunt (r).

Toutefois si l’endettement  n’est pas, en soi, une opération économique condamnable, le recours systématique à ce dernier peut conduire à des charges, service et encours de la dette explosifs pouvant, à terme, compromettre le développement d’un État ce notamment, lorsque la dette est mal gérée. D’où, sa gestion efficace s’avère plus qu’indispensable.

Dr Jacques Janvier Rop’s Okoué Edou,
Secrétaire Exécutif Adjoint du BDP-Modwoam chargé des Affaires Économiques,  du Développement et de la Mondialisation,
Doctorant en Sciences politiques,
MAP – Évaluation des programmes publics,
DESS en Administration des Affaires,
Pr d’économie à l’UQAR et au Cégep de Limoilou,
Consultant international (BTO Groupe Consultants)

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