La sculpture sur pierre de Mbigou est pratiquée depuis plusieurs siècles dans le sud du Gabon. Pourtant, c’est dans un petit atelier créé il y a quarante ans que l’art se transmet. Ce ‘village’ d’artistes est à la fois un laboratoire, duquel sortent des œuvres d’une beauté inédite, et une école où passent chaque année des sculpteurs en herbe.
La transmission de la connaissance se fait presque de façon initiatique, mais avec le grain de liberté et de patience qui caractérise l’artiste. Emery explique : « mon oncle maternel sculptait; c’est en le regardant que l’appétit est arrivé ». Le cheminement de ce talentueux sculpteur commence il y a plus de dix ans, alors qu’il n’est qu’adolescent. Il commence ainsi à passer ces journées aux côtés de son ‘maître initiateur’ qui lui « donne quelques conseils et corrections, sans trop intervenir puisqu’il respectait l’inspiration personnelle », précise-t-il.
Plongé dans son œuvre, Jean De Dieu Polikadiambo raconte avec les mots de l’enseignant : « ceux qui vont réussir, on les reconnaît par rapport à leur intérêt pour la sculpteur et à leur assiduité. Ils fabriquent un cendrier ou un vase, le vendent puis reviennent et améliorent leurs techniques de sculpture». Mais surtout, personne n’impose rien à qui que ce soit. « ce sont les enfants ou les jeunes qui viennent d’eux-mêmes, ils traînent là et tentent de copier. C’est après qu’un grand se rapproche pour détecter ce qui ferait son talent spécifique et on le forme ».
Le ‘village’ d’Alibandeng perpétue ainsi un art qui a donné au Gabon d’autres lettres de noblesse.
