spot_imgspot_img

Blocus policier à l’audience publique des 54 manifestants du 15 août

Les avocats des manifestants du 15 août dernier au quartier Cocotiers ont quitté la salle d’audience, le 23 août 2012, après près d’une heure passée à débattre avec le président de séance sur les raisons de l’interdiction faite au public d’y assister.

Alors que des sources concordantes affirmaient la veille qu’une douzaine de prévenus avaient été placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville, les avocats ont précisé ce 23 août qu’il y a exactement 53 présumés manifestants en détention préventive dans cette prison, une certaine Mme Oyé ayant bénéficié d’une libération provisoire. Plus précisément, le décompte indique que 39 personnes sont poursuivies pour «trouble à l’ordre public» tandis que 15 autres sont poursuivies pour «pillage, destruction et dégradation de biens».

Annoncée par le ministère public, l’audience publique de ce 23 août qui devait permettre de statuer sur le sort des personnes interpelées lors de la manifestation du 15 août dernier au quartier Cocotiers, n’a pas eu lieu du fait d’une mésentente entre le juge et les avocats de la défense. Ceux-ci assuraient ne pas comprendre pourquoi il était interdit aux parents des justiciables d’assister au procès de leurs enfants.

Face à ce blocage, les avocats de la défense ont simplement décidé de quitter la salle d’audience après plusieurs remarques et demandes de motivation de sa décision au juge.

«D’entrée de jeu, Maître Oyane a fait remarquer au président qu’elle ne comprenait pas pourquoi, les parents des justiciables étaient bloqués dehors et ne pouvaient pas accéder à la salle d’audience. À sa suite, naturellement, j’ai expliqué au président que le procès devait être public et qu’il n’y avait aucune raison pour que les parents, qui sont arrivés en nombre important, ne soient pas présent dans la salle d’audience, ce d’autant que le dispositif de sécurité que vous avez vu est suffisamment important pour permettre qu’il y ait une sécurité afin que l’audience se tienne dans de meilleures conditions», a expliqué Maître Lubin Ntoutoume, également avocat des prévenus.

«Et ce n’est pas la première audience que nous tenions avec autant de monde. Nous en avons l’habitude. Le président estime que l’audience doit se tenir à huis clos en disant qu’il a toute l’attitude d’apprécier de la dangerosité de la publicité de l’audience», a-t-il renchéri.

La publicité faite autour de cette audience et sa supposée dangerosité sont, pour l’essentiel, les arguments brandis par le juge pour justifier sa décision. Des raisons peu convaincantes selon les avocats de la défense, d’autant plus que, selon Me Lubin Ntoutoume, «personne n’a manifesté depuis le matin à travers un quelconque comportement pouvant déranger ou heurter la sérénité des débats». «À la limite si on fait rentrer les gens et que ces gens-là font du bruit, on leur dit de sortir. Mais à partir de quoi on peut dire que ce public est déjà dangereux ?» s’interroge Me Paulette Oyane.

«La loi dit que l’audience doit être publique et qu’une audience qui n’est pas publique est nulle. C’est écrit dans la loi, dans la constitution, c’est écrit dans la déclaration universelle des droits de l’homme et des peuples, et malgré cela, le président décide que l’audience doit se tenir à huis clos», s’est indignée Maître Oyane, surprise par l’attitude du juge.

«Nous nous disons qu’il n’est pas question qu’on bousille la vie de nos jeunes frères avec notre complicité. Il n’est pas question que nous cautionnions les décisions déjà préparées à l’avance parce que le procès doit être équitable. Le Gabon doit montrer aux yeux des gens s’il est capable d’agir comme un État normal en traitant tous ces enfants de la même manière», a réclamé Maître Oyane. Avant de conclure : «s’ils ont déjà décidé d’avance, qu’ils fassent alors comme ils veulent, mais ce sera sans notre complicité. Et comme le dit la loi, quand les avocats sortent de la salle, l’audience ne peut pas continuer. Mais le président s’entête à tenir l’audience».

Les 54 prévenus sont actuellement mis en examen par la justice. L’audience du jour, sous la direction du président du tribunal de Libreville, étaient censée juger les personnes arrêtées afin de déterminer de leur culpabilité ou de leur relaxe. Pour le moment, tous les prévenus majeurs sont en détention provisoire, sauf Mme Oyé, sans qu’il ait été précisé pour quels motifs. Les prévenus mineurs ont été laissé à la garde de leurs parents mais doivent se présenter aux audiences du tribunal.

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES