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Polémique sur les bassins versants de trois quartiers de Libreville

1 742 personnes sont menacées de déguerpissement du fait du projet d’aménagement des bassins versants des quartiers Gué-Gué, Lowé-IAI et Terre nouvelle. Elles ont été l’objet d’une consultation populaire, le 28 août, menée par un groupe d’experts et de représentants du ministère de l’Aménagement du territoire. Les contours.

Un groupe d’experts, en compagnie des responsables de l’Unité de coordination de l’étude et des travaux (UcetT) du ministère en charge de l’Aménagement du territoire, conduits par le coordinateur principal du projet, Blaise Wada, ont entretenu le mardi 28 août à Libreville, les populations devant être touchées par le projet d’aménagement des bassins versants des quartier Gué-Gué, Lowé-IAI et Terre nouvelle. Marc Ona Essangui, président de l’ONG environnementale Brainforest, a également fait le déplacement de la mairie du 5e arrondissement de Libreville où sa participation aux échanges a été très active.

Cette concertation dite populaire intervient après celle du 27 mars 2011 qui consistait simplement à passer le message aux auxiliaires de commandement qui devraient le relayer à leurs administrés. Les débats de ce 28 août 2012 portaient sur le contexte général du projet ; les aménagements projetés ; le plan complet de réinstallation et la zone de relogement.

D’entrée de jeu, le coordinateur de l’Ucet a reconnu le déficit de communication avec les personnes affectées par ce projet. Celui-ci induira la délocalisation des habitants des zones touchées. Justifiant l’initiative, Blaise Wada a invoqué les inondations qui exposent les populations aux maladies. Une situation consécutive, selon lui, à un certain nombre de facteurs. Notamment, la pluviométrie abondante pouvant atteindre 3000 mm3 sur la côte, le manque de réseau drainant, l’influence de la marrée et la problématique des constructions anarchiques sur les lits des rivières. Le tout assorti d’un système de collecte des ordures ménagères inadéquat. Mais, plus globalement, le projet consiste à donner un visage plus moderne à la capitale gabonaise.

Le Gabon a obtenu à cet effet un don de la Banque africaine de développement (BAD) agissant en qualité d’administrateur de la Facilité Africaine de l’eau. L’enveloppe devrait permettre l’actualisation des études pour l’aménagement des bassins versants de Gué-Gué, Terre Nouvelle et Lowé-IAI à Libreville. Le don se chiffre à 1.613.000 Euros tandis que la durée du projet est fixée à cinq mois.

Il a été signalé que les études lancées en mars 2011 se sont achevées le 30 avril 2012 dernier et elles portent sur les études socio-économiques, l’étude d’impact environnemental et social, l’étude foncière et l’étude institutionnelle. Le projet concerne 505,70 ha de superficie et va occasionner le déplacement de 1742 personnes, soit 284 ménages, 177 bâtiments à démolir et 1252 arbres à abattre. Pour la suite de sa réalisation, la commission interministérielle d’indemnisation devra, à son tour, passer sur le terrain pour vérifier la véracité des données recueillies afin de procéder ensuite au payement des indemnisations. Par ailleurs, la zone de relogement, située à Nkoltang, notamment à Ayemé Plaine, disposera d’une école primaire et préscolaire, d’un dispensaire et de petits commerces.

Passé cette étape de présentation, les personnes ayant assisté à cette réunion ont très vite manifesté leur désaccord, indexant particulièrement la méthode de gestion d’une «Affaire aussi importante».

«Je suis à la maison depuis avril 2010. Je n’ai vu aucun fonctionnaire des Travaux publics. J’ai reçu des élèves employés par une entreprise malienne qui faisaient leur job de vacances. Brandissant une lettre du Secrétariat général du ministère des TP, ils m’ont dit que la terre appartient à l’Etat, en me disant que je dois quitter ma maison sans aucune manière. Croyez-vous que c’est de cette manière qu’il fallait procéder ?» a interrogé la première intervenante après l’exposé. «Avez-vous des statistiques qui prouvent les inondations et les morts d’hommes dont vous faites état ? Est-ce un canal qui permettra d’améliorer la situation ? A quoi sert cette consultation publique, vu que vous avez déjà mené vos études ?», a-t-elle poursuivi. Des interrogations largement approuvées par les riverains présents dans la salle.

A sa suite, Marc Ona a pris la parole pour saluer la volonté de moderniser la capitale gabonaise, non sans s’offusquer de la méthode et des procédures utilisées pour mener les projets dans le pays.

«Ce qui a toujours causé problème dans toutes les polémiques que nous avons connus dans un certains nombre de projets, c’est la méthode. Nous faisons partie de ceux qui pensent que le Gabon doit être développé. Libreville doit être modernisée. Mais tout développement, tout modernisation concerne d’abord l‘homme. On ne modernise pas pour les animaux. On modernise pour que l’homme vive dans un environnement sain. J’interviens tout simplement parce que quand j’écoute ce qui est dit autour de la table, je parle en tant que responsable d’une ONG qui a l’habitude d’intervenir dans ce type de séances, il y a eu beaucoup de manquements. Premier manquement : vous parler de consultation publique alors que les études sont déjà réalisées. Vous les avez citées. A mon entendement, pour qu’une étude soit réalisée, il faut d’abord faire ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui : la consultation publique. Elle permet d’obtenir les avis de tout le monde et ce sont ces avis qui vont accompagner toutes les études qui seront réalisées en tenant compte des préoccupations des uns et des autres», a-t-il essayé d’expliciter.

Le pavée jeté dans la marre, les débats étaient encore houleux à notre départ de la salle des fêtes de la mairie du 5e arrondissement. Un autre long feuilleton de déguerpissement s’ouvre là qui va pas tarder à faire couler encre et salive dans la capitale gabonaise.

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