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90 000 touristes au Gabon en 2011

A l’occasion de la célébration, le jeudi 27 septembre 2012, de la journée mondiale du tourisme, le directeur général de l’hôtellerie et du contrôle des hôtels, Louis Barrys Ogoula Olingo, a indiqué que le Gabon a enregistré plus 90 000 touristes en 2011 et 214 milliards de francs CFA ont été engrangés.

Parent pauvre de l’économie gabonaise malgré son fort potentiel, le secteur du tourisme fait partie des domaines sur lesquels misent les autorités gabonaises pour construire durablement le pays. Ceci, depuis feu le président Omar Bongo Ondimba qui, en son temps, avait consacré 11% du territoire à 13 parcs nationaux qui comptent de nombreuses espèces naturelles uniques au monde.

Le Gabon est en effet partie constituante du bassin du Congo : le deuxième plus grand massif forestier du monde après l’Amazonie. Il possède une faune et une flore exceptionnelles, des traditions, une culture, des arts ancestraux et une hospitalité qui en font un pays avec de réelles potentialités touristiques et des opportunités de développement. Les 13 parcs nationaux que comptent le pays ont été créé à l’initiative du président Omar Bongo en 2002. Leur but était de faciliter l’essor de l’écotourisme surtout, mais aussi du tourisme en général. Pour cela, une politique nationale incluant le développement d’un tourisme haut de gamme, des campements villageois et des sites intégrés et différenciés, a été annoncée. Sans résultats probants jusqu’à maintenant.

Alors que ces dernières années, le tourisme ne participait qu’à 3% dans le PIB, les chiffres mis en exergue par Louis Barrys Ogoula Olingo relèveraient d’une embellie extraordinaire. Ils seraient dus, d’après lui, au développement harmonieux de la filière marquée par l’amélioration des structures d’accueils (hôtels, restaurants, routes et moyens de transports), avec des recettes globales estimées à 214 milliards de francs CFA. Une performance qui classerait désormais le tourisme parmi les secteurs les plus importants de l’économie du pays, tels que la filière bois et le pétrole, à condition que ces résultats perdurent.

Mais au delà des belles paroles, rien n’est précisé dans le détail et on ne sait pas si ces chiffres incluent les nombreuses allées et venues des intervenants préparant la CAN 2012, ni, plus globalement, si les 90 000 «touristes» en étaient véritablement. Qui est considéré comme touriste ? Sur la base de quels critères ? Quels sont les secteurs qui en ont profité ? Où se sont-ils rendus ? Quelle est la part des visites familiales dans ce chiffre ? Celle des voyages d’affaires sous couvert de visa touristique ? Les voyageurs sont-ils restés à Libreville et Port-Gentil ou ont-ils sillonné l’intérieur du pays ? A qui ont profité les 214 milliards et que recouvre ce chiffre ? Autant d’interrogations dont on ne trouve les réponses nulle part, ce qui ôte beaucoup de crédibilité à cette annonce triomphaliste.

De plus, on est encore loin des résultats obtenus dans les années 80. Quant au directeur général de l’hôtellerie et du contrôle des hôtels, il avoue lui-même que des pesanteurs plombent le secteur. «Il faut le reconnaitre, le coût du circuit que nous offrons est encore très élevé, ainsi que le coût du transport aérien». Au bout du compte, rien n’est fait pour promouvoir le secteur de la part de l’État, mis à part les effets d’annonce et les auto satisfecit sans lendemains.

Dans la pratique, si le nombre de chambres d’hôtel disponibles à Libreville et Port-Gentil a sensiblement augmenté, ce n’est du qu’aux impératifs liés à la CAN 2012 et rien ne semble indiquer qu’elles y survivront longtemps. Les hôtels sont, de l’aveu de leurs gérants, en sous remplissage permanent. Les rares circuits touristiques sont encore loin de répondre aux normes internationales et, faute de professionnels formés, le secteur touristique fait encore figure de repaire d’aventuriers et d’amateurs qui n’inspirent pas confiance aux tour-opérateurs étrangers.

En invitant les uns et les autres à s’approprier cette notion de tourisme, d’y investir puisque le secteur est très peu exploité au Gabon, les responsables du ministère du Tourisme notamment le Secrétaire général, Antoine Menie M’Eyi, précise que le Gabon refuse le tourisme de masse, destructeur de l’environnement et des cultures locales. Il préfère le développement d’un tourisme de qualité, dans le respect de la nature et des hommes, dans la préservation de la biodiversité et de la culture des populations locales. La célébration du tourisme a d’ailleurs été placée cette année sous le thème «Tourisme et énergie durable: propulser le développement durable». Vœux pieux qui ne sont accompagnés d’aucunes mesures incitatives, et on se demande, compte tenu des multiples handicaps auxquels personne ne se soucie de mettre fin, comment pourrait se développer un tourisme quelconque au Gabon, qu’il soit de masse ou élitiste.

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