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Les autorités gabonaises soupçonnées dans l’affaire Plysorol

Le parquet de Lisieux, siège de Plysorol jusqu’à sa liquidation le 6 septembre dernier, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la spoliation de 600 000 hectares de forêts gabonaises au profit du propriétaire de l’entreprise, Ghassan Bitar. Ces droits, acquis après la Seconde Guerre mondiale par la société Leroy, ancêtre de Plysorol, ont en effet été retirés à l’entreprise pour être ensuite redonnés à son nouveau propriétaire, mais à une autre de ses entreprises, Bitar Gabon.

En décembre 2011, le gouvernement gabonais avait retiré les droits d’exploitation de ces forêts d’où est tiré l’okoumé, composant clé du contreplaqué produit par Plysorol, à Leroy Gabon, filiale de Plysorol International, invoquant un cahier des charges non respecté. Curieusement, en février 2012, le gouvernement gabonais a réattribué ces droits, non pas à Leroy Gabon, mais à une société de l’entrepreneur libano-ghanéen, Ghassan Bitar. Une situation que dénonce l’avocat du Comité d’entreprise de Plysorol à la suite de la liquidation de celle-ci et de la mise au chômage de ses centaines d’employés, dénonçant un tour de passe-passe. D’après lui, Ghassan Bitar n’aurait repris la société que pour faire main basse sur ces droits d’exploitation.

Le tribunal de Lisieux déclarait, il y a un mois : «il y a certes des zones d’ombres concernant les échanges entre M. Bitar et le gouvernement gabonais.» Aujourd’hui qu’une enquête est ouverte, il s’agit, selon le procureur de Lisieux «de déterminer si cette opération s’est faite de façon régulière ou si elle peut éventuellement recevoir une qualification pénale», alors qu’en 2010, lors de l’a reprise de l’entreprise par Ghassan Bitar, le tribunal de commerce lui avait interdit toute cession d’actifs pendant deux ans.

Le procureur n’exclut pas d’avoir à prolonger son enquête à Libreville, les 600 000 hectares ayant été réattribués à John Bitar Gabon, une entreprise de M. Bitar au Gabon. Sans le dire encore clairement, les enquêteurs soupçonnent fortement M. Bittar d’avoir corrompu des hauts responsables de l’administration gabonaise pour effectuer cette opération, ou tout du moins d’avoir manœuvré dans ce sens. «Dans la mesure où ces droits d’exploitation ont été concédés par les autorités gabonaises à M. Bitar, on peut s’interroger sur les responsabilités à tous les niveaux» a déclaré le procureur de Lisieux en charge de l’enquête, ajoutant : «Il n’est pas inenvisageable que cette enquête nous oblige à aller au-delà de nos frontières.»

Cette décision d’enquêter sur leur ex-dirigeant a comme un goût de déjà-vu pour les 95 salariés licenciés de l’usine de Lisieux. En effet, en 2009, le Chinois Gouhua Zhang, précédent propriétaire de l’entreprise de contreplaqué, avait lui aussi fait l’objet d’une enquête préliminaire pour banqueroute et abus de biens sociaux. Zhang avait racheté Plysorol, via sa société Honest Timber, en promettant de sauvegarder les 470 emplois d’alors pendant trois ans. A l’époque, déjà, ce sont les 600 000 hectares de forêt qui faisaient l’objet de toutes les convoitises.

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