Les deux candidats se retrouvent au coude-à-coude dans les sondages à trois semaines du scrutin présidentiel.
À trois semaines et demie de l’élection présidentielle, Barack Obama et Mitt Romney sont exactement à égalité, avec 48 % du vote national chacun, selon un nouveau sondage Rasmussen. Et il est douteux que le débat vice-présidentiel entre Joe Biden et Paul Ryan, sans clair vainqueur jeudi soir, y change quelque chose. Une enquête récente du Pew Center place le candidat républicain à 49 % d’intentions de vote, contre 45 % au président sortant, tandis que plusieurs autres études les situent au coude-à-coude. Ces sondages serrés laissent présager un lourd suspense, même si Obama continue d’avoir un court avantage dans les États pivots.
La situation n’a jamais été aussi incertaine. «Il se pourrait que nous allions nous coucher le 6 novembre sans savoir qui a gagné, des scrutins aussi imprévisibles sont rares dans l’histoire», note le journaliste conservateur de Human Events John Gizzi, évoquant 1960 entre Nixon et Kennedy, 1976 entre Ford et Carter et 2000 entre Bush et Gore. Ce dernier cas avait dû être réglé devant la Cour suprême…
La remontée du candidat républicain pose un casse-tête à Obama, qui, jusqu’au débat de Denver, espérait avoir discrédité et neutralisé Romney. La prestation passionnée de Joe Biden jeudi soir, qui a attaqué sans relâche Romney et Ryan, les peignant comme les candidats des riches, était essentielle pour remobiliser un camp démocrate en plein désarroi après la prestation médiocre d’Obama. En ce sens, Biden a atteint son objectif, ont convenu les experts. Mais ils reconnaissaient aussi que Ryan avait lui aussi réussi son pari, en révélant ses compétences et sa capacité à tenir le choc face à un vice-président de vingt-sept ans son aîné. Calme et courtois, il est apparu bien préparé, même en politique étrangère. Les ricanements de Biden, qui ont ponctué le débat chaque fois que Ryan parlait, ont finalement joué en faveur du républicain.
Un sondage de CNN publié juste après le débat affirmait que Ryan avait gagné par 48 % contre 44 % à son rival. «Je comparerais ce débat à celui entre Kennedy et Nixon en 1960. Pour ceux qui l’écoutaient à la radio, Nixon était vainqueur. Mais pour ceux qui l’avaient vu à la télé, la sueur perlant sur son front, il avait perdu. La même chose s’est passée ce jeudi. Biden a gagné sur le fond, mais son arrogance l’a desservi», commente pour Le Figaro le candidat présidentiel «libertarien» Gary Johnson.
Épouvantail
Au-delà des débats, la spectaculaire remontée de Romney révèle le problème de fond de la campagne d’Obama: défendre un bilan mitigé. «Convaincre les électeurs qu’il a encore quelque chose à offrir, alors que l’économie boite», a résumé Ryan. Visiblement, les électeurs n’en sont pas convaincus, a-t-il dit, affirmant que la seule carte du camp démocrate était de transformer l’adversaire en épouvantail.
L’un des angles d’approche d’Obama dans les prochains jours devrait effectivement consister à mobiliser l’électorat féminin et les minorités, en leur expliquant que la victoire du républicain serait une catastrophe. Le duel de jeudi pourrait donner des arguments au président sortant auprès des femmes: Paul Ryan a confirmé son opposition à l’avortement, laissant entendre que les républicains chercheraient à revenir sur l’autorisation de l’interruption de grossesse accordée par la Cour suprême dans sa jurisprudence «Roe vs Wade».
Il convient pourtant de rester prudent. Selon le récent sondage du Pew Center, une majorité de femmes préférerait… Romney! «Je voterai républicain car je sais que je garderai la liberté de faire ce que je veux avec mon corps quoi qu’il arrive», disait vendredi Lisa, 35 ans, une habitante d’Arizona. Son amie Cindy, qui avait voté Obama en 2008, hésitait encore. «Il y a tant de promesses et de mensonges. Je n’ai confiance en personne.»