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Hervé Omva Ovono prône une agriculture «Made in Gabon»

À quelques heures du lancement de la foire agricole qui se tiendra du 16 au 20 octobre 2012 dans les installations de Gabon Expo, le membre fondateur de l’Organisation non gouvernementale Initiative développement, recherche conseil Africa (IDRC-Africa), Hervé Omva Ovono a appelé à une production d’agriculture «Made in Gabon» dans une interview accordée à gabonreview.com.

Sur quoi portera la foire agricole du 16 au 20 octobre 2012 ?

La foire agricole est un grand rêve pour moi, c’est un carrefour d’échange entre différents acteurs du secteur agricole au Gabon et des amis qui viendront également de l’extérieur. C’est un grand moment pour notre pays, quand on sait que nous sommes tributaires à près de 80% sur le plan agroalimentaire de l’extérieur. C’est aussi pour nous une manière de relancer le processus de l’agriculture au Gabon, tel qu’il est défini par le gouvernement de la République.

Quel sera l’apport de l’organisation dont vous êtes membre dans la tenue de cette foire ?

Nous sommes ONG qui travaille dans le management social, la lutte contre la pauvreté au Gabon et dans la sous-région. Nous venons à l’appui à l’action gouvernementale, c’est-à-dire que nous allons présenter une dizaine de stands de groupements d’intérêt économique avec lesquels nous travaillons. Nous allons exposer sur les produits vivriers, sur les produits d’élevages, nous allons également exposer sur les produits forestiers non ligneux à usage alimentaire. Notre apport à cette foire sera de venir apporter notre expertise dans l’organisation des populations, dans la sensibilisation et l’éducation des populations à se mettre en coopérative. Nous interviendrons aussi dans la diffusion des informations, d’échanges, de partage, avec les différents acteurs qui seront présents.

L’objectif du gouvernement gabonais est de porter à 20% la contribution de l’agriculture dans le PIB, actuellement fixée à 5%. Qu’en pensez-vous ?

Je suis très content quand le gouvernement prend une décision aussi importante. Vous savez, dans nos pays africains, les occidentaux ont plutôt tendance à nous parler de démocratie et de transparence, à investir dans des forums démocratiques, mais on dit dans nos villages qu’un ventre affamé n’a point d’oreille. Quand nos autorités s’engagent à relever l’agriculture à 20% du PIB, c’est que je pense qu’ils ont réfléchi.

Nous nous avons lu le plan stratégique Gabon émergent dans son axe 8 et nous pensons qu’il est très important. Nous nous sommes approprié ce plan stratégique et nous pensons que c’est possible, mais à condition que le gouvernement mette les hommes qu’il faut là où il faut et que les moyens soient réservés à réaliser ce projet-là.

Contrairement à ce qu’on voit dans notre pays, les techniciens du ministère de l’Agriculture montent un projet, les partenaires et les consultants soutiennent le projet, et quand le projet arrive au budget ou au trésor, il y a d’énormes difficultés à décaisser de l’argent, mais le même Trésor n’ont pas de difficultés à décaisser des sous pour acheter des gros 4×4. Alors si le gouvernement veut porter le PIB de l’agriculture à 20%, qu’ils mette en place des mécanismes qui vont permettre aux différents acteurs de bénéficier des moyens mis à leur disposition pour l’agriculture. C’est primordial car si le problème de l’agriculture n’est pas résolu au Gabon, nous ne serons jamais indépendants. Un pays qui n’arrive pas à nourrir sa population est une honte, et quels que soient les gros 4×4 dans lesquels on peut rouler, quels que soient les costumes qu’on peut porter, quelles que soient les villas à l’américaine qu’on peut construire au Gabon, si le peuple n’arrive pas à manger à sa faim, c’est une honte. Au Gabon même avec 1 000 francs vous ne pouvez pas manger, mais dans les autres pays c’est possible. Au Cameroun, à côté, on mange avec 150 francs.

Avec les politiques mises en place pour booster l’agriculture, pensez-vous que le Gabon soit déjà capable de nourrir sa population et celle de la sous-région ?

Aujourd’hui, le Gabon ne peut pas nourrir sa population. Mais si le gouvernement met les moyens qu’il faut, nous pouvons le faire. Nous avons des capacités, nous avons des terres, nous avons l’argent et des personnes ressources capables de le faire, mais à condition qu’il y ait de la transparence dans la gestion de ces moyens et dans l’orientation, la mise en œuvre de ce processus de développement.

Le Gabonais aime les grands titres parce qu’il est consommateur. Il doit quitter le stade de consommateur pour celui de producteur, c’est aussi ça l’émergence. L’émergence, c’est reconnaître qu’on existe et s’affirmer. Nous devons exister et pour exister il faut qu’on produise «Made in Gabon». Il y a quelques années quand frère Bouddha Cardot a sorti la griffe «Made in Gabon», on ne comprenait pas trop la relation. Mais en fait, il a sorti cette griffe par rapport à son sport qu’il conduisait et dont il était l’un des champions. Partout où il allait combattre, dans le monde entier, il emmenait le drapeau vert jaune bleu. C’est ça «Made in Gabon». Nous devons mettre en place une agriculture made in Gabon.

Où en est-on avec le projet des cinq grandes zones agricoles lancé par l’actuel Premier ministre alors qu’il était à l’Agriculture?

C’est un très grand projet. Beaucoup de personnes se posent des questions sur la suite de ce projet, mais ce qu’il faut savoir est que, quand l’actuel Premier ministre, à l’époque ministre de l’Agriculture, l’avait initié, en tant qu’agriculteur lui-même, il savait ce qu’il était en train de faire. Aujourd’hui les gens disent que c’est un projet qui est aux oubliettes, mais non, il y a des études qui sont en train de se mener. Pour ce type de projet, on ne peut pas se limiter à des études agronomiques ou pédologiques. Il faut également des études d’impact agricole, des études socio-économiques et toute une cartographie sociale à mettre en place.

En ce qui nous concerne, nous avons été appelés par le ministre de l’Agriculture, justement pour faire partie de cette grande réflexion qui est en train de se conduire. La tutelle prend toutes ses précautions pour éviter les éléphants blancs que nous avons connus par le passé, parce qu’aujourd’hui nous n’avons plus de temps. Voilà pourquoi les gens pensent que ce projet est mis aux oubliettes. Non le projet est en pleine construction, ainsi que les villages agricoles qui vont se greffer à ce projet-là. Ce sont des zones qui vont servir de zones pilotes mais ce ne sont pas des villages qui vont être choisis par hasard, donc il y a un ensemble d’études qui est entrain de se faire pour aboutir à une mise en œuvre efficace.

Moi je ne fais pas de la politique, donc je n’ai pas accès, comme certains, aux ministres de la République. Mais s’il y a un ministre qui est disponible sans protocole pour parler et chercher des stratégies durables pour l’agriculture au Gabon, c’est bien le Julien Nkoghe Békalé. C’est quelqu’un, depuis qu’il est à son poste, que nous rencontrons pratiquement toutes les semaines. Il nous convie à toutes les réunions pour que nous apportions notre expertise, notre contribution. Et là, actuellement, ses équipes et nous sommes en train de voir dans quelle mesure nous allons mettre en place un partenariat entre le ministère de l’Agriculture et IDRC Africa pour les accompagner dans le processus de développement de l’agriculture «Made in Gabon» cher à nos vœux.

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