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Les annonces en rafale d’Henri Ohayon

La conférence de presse donnée, le 10 octobre au stade de l’Amitié à Libreville, par le directeur général de l’Agence nationale des grands travaux (ANGT) et les documents qui y ont été distribués, suscitent sinon quelques étonnements du moins des interrogations.

A la faveur d’une visite de presse sur les «chantiers de l’Émergence», entre le 10 et le 13 octobre dernier, Henri Ohayon, directeur général de l’Agence nationale des grands travaux (ANGT), a donné un point presse sur les projets actuels et à venir du gouvernement dans le domaine des infrastructures.

Contenus dans le Schéma directeur national des infrastructures (SDN), il s’agit, entre autres, de la construction de 200 000 logements sociaux entre 2012 et 2025, dont 37 500 logements pour la seule période 2012-2016 pour un coût de 1 420 milliards de francs CFA ; de 3 320 km de routes bitumées pour la période 2012-2016 pour un coût de 3 000 milliards de francs CFA. De plus, pour la même période, 500 milliards de francs CFA seront consacrés à la construction d’infrastructures destinées à l’éducation et à la formation ; 335 milliards CFA pour des établissements de santé ; 450 milliards CFA pour deux aéroports internationaux à Libreville (Andem, près de Kango) et Port-Gentil ; 560 milliards CFA pour la construction de ports, dont 225 milliards pour la modernisation entre 2012 et 2015 du port môle de Libreville dont la superficie doit passer de 4 à 44 hectares. Il est aussi prévu la construction de six barrages hydroélectriques. Soit un montant global de 6 265 milliards CFA pour la période 2012-2016, sans tenir compte du coût des barrages hydroélectriques. Toutes ces infrastructures doivent permettre de faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025.

Petite observation : au lieu des 35 000 logements prévus pour tout le septennat d’Ali Bongo, Henri Ohayon affirme qu’il va être possible d’en réaliser 37 500 sur les quatre prochaines années de ce mandat. Cependant, le directeur de l’ANGT semble avoir oublié en route les promesses précédentes, à savoir celles de 2011 concernant l’harmonisation des barrières des villas situées sur le front de mer et l’élargissement de la voie échangeur de Lalala – CNSS : «Il faudra moins de dix minutes pour faire les deux sens dans quelque temps», avait-il alors déclaré ; puis celles de mai 2012 sur la livraison, en décembre 2012, de 1 000 logements sociaux à Agondjé. Les travaux de construction de ces habitations devaient démarrer le 1er juin 2012. On n’oubliera pas les dates de livraison du stade omnisports Omar-Bongo et des ponts de Nzeng-Ayong et d’IAI plusieurs fois annoncées, renouvelées, réactualisées mais jamais tenues.

Pour le seul cas des routes, les chiffres du ministère des Infrastructures datant de novembre 2011 indiquent que le Gabon dispose de 9 200 km de routes, dont seulement 1 300 ont été bitumées entre 1960 et 2011. Un effort a été fait au cours des années 2000-2010, avec le bitumage de 450 km environ. 450 km en 10 ans ! Le directeur général de l’ANGT a annoncé, au cours de la même conférence de presse, que le SDN prévoit le bitumage de 3 320 km de routes pour la période 2012 -2016. Ce qui équivaut à cinq fois le bitumage entre Libreville et Franceville. Cela équivaut aussi au bitumage d’au moins 830 km par an en moyenne.

L’exercice paraît d’autant plus difficile que les caisses de l’État seraient à l’étiage. Dans l’opinion, c’est le scepticisme qui prévaut. Un ancien directeur général des Travaux publics, aujourd’hui passé à l’opposition, estime qu’une route de 100 km «se construit en deux ans, études et travaux de terrassement compris. Si M. Ohayon veut nous dire que les routes déjà existantes vont être refaites, alors c’est possible de faire 3 300 km en 4 ans avec des entreprises bien équipées et ayant des moyens humains adéquats, mais s’il s’agit de voies nouvelles, ses prévisions s’avéreront fausses.»

En fait, Henri Ohayon s’est noyé dans un exercice de communication abusive et erratique. «Cette omniprésence médiatique mêlant les annonces en rafale, parfois contradictoires, souvent sans suite, a fini par rendre son action illisible et sa communication manque singulièrement aujourd’hui de crédibilité de ce fait», pour paraphraser l’essayiste et homme politique français Roland Hureaux.

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