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UFC : Menace de dissolution du CDJ et exclusion de Me Mayila

Après la menace du ministère de l’Intérieur de dissoudre ou de suspendre le CDJ d’Ogouliguendé, taxé de seul soutient de l’Union nationale, Me Mayila s’est fendu d’une déclaration à rebours de la rhétorique de ses amis de l’opposition. Ce qui a conduit à son exclusion de l’UFC, le 29 octobre.

Le 17 octobre dernier, le ministre gabonais de l’Intérieur, Jean-François Ndongou, a écrit à Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé, secrétaire général du Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ), menaçant cette formation politique de suspension ou d’interdiction si le parti interdit de Zacharie Myboto, l’Union nationale (UN), continue de s’exprimer en public et de parcourir le pays, comme actuellement, au nom des activités de l’Union des forces du changement (UFC).

L’échange épistolaire Ndongou – Ogouliguendé

Dans son courrier, le ministre de l’Intérieur revient sur l’autorisation du meeting tenu par l’UFC le 21 septembre dernier au carrefour Rio, dont la seule restriction était la non prise de parole des leaders de l’UN. «J’ai marqué mon accord pour la tenue de cette réunion politique à la condition expresse de ne pas laisser s’exprimer les ex-dirigeants du parti politique « Union Nationale » dissout. Il est bien sur entendu que ces citoyens conservent leur liberté d’expression en d’autres lieux et pour d’autres circonstances. Mais, quel n’a pas été mon étonnement en constatant le non respect de ces directives lorsque Messieurs Zacharie Myboto et Jean Eyéghé Ndong, respectivement président et vice-président du parti dissout, ont pris la parole à cette occasion», fait remarquer le ministre de l’Intérieur avant de se montrer offusqué de ce que «les susnommés ont exigé la réhabilitation de leur parti et la tenue d’une conférence nationale souveraine avant le mois d’octobre prochain sinon l’opposition «exigera la démission du Président de la République». Ils ont, par ailleurs, mis au défi le ministre de l’Intérieur et fixé rendez-vous aux militants pour une prochaine rencontre.»

Pour J.-F. Ndongou, le leader de l’Union pour la nouvelle république (UNPR), Louis Gaston Mayila, avait été clair en déclinant sa complicité concernant la prise de parole de Myboto lors du meeting du carrefour Rio. Le ministre de l’Intérieur recadre à cet effet les choses pour Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé : «Aussi, après la non participation de Monsieur Louis Gaston Mayila, apparaissez-vous comme le seul organisateur de cette rencontre politique. En conséquence de ce qui précède, le gouvernement de la République prend à témoin l’opinion nationale et internationale et met en garde votre parti, le CDJ, dont l’enseigne a servi de support à votre correspondance. Si de tels agissements venaient à se produire à nouveau, le Gouvernement se réserve le droit d’appliquer dans toute leur amplitude les sanctions prévues dans la loi sur les partis politiques, notamment la suspension ou la dissolution.»

Dans sa réponse au ministre de l’Intérieur, datée du 29 Octobre, Ogouliguendé s’émeut, lui, de galvaudages : «j’ai été peiné par le galvaudage qui s’en dégage. Galvaudage tout d’abord de votre signature pour si peu de chose, le meeting s’étant déroulé sans incident ni conséquence fâcheuse depuis un mois. Galvaudage ensuite de la notion d’ordre public. L’ordre public, comme vous le savez, est rempli d’un contenu très noble qui inclut la paix, la tranquillité et la sécurité, valeurs fondamentales de la vie en communauté et de l’épanouissement de la personne. L’ordre public n’a nullement été troublé au cours du meeting. Tout s’est passé dans le calme et la population s’est dispersée dans la discipline en présence des Forces de Sécurité.»

Ogouliguendé décline ensuite les raisons de la prise de parole des leaders de l’UN : «Si le CDJ et les autres partis politiques de l’Opposition, organisateurs de ce meeting, ont invité Messieurs Myboto Zacharie et Eyéghé Ndong à prendre la parole, c’est parce qu’ils savent que ces personnalités méritent respect et confiance et que les propos qu’ils tiennent, en de pareilles occasions donnent à réfléchir.» Et de s’étonner «qu’au nom du Gouvernement de la République vous preniez à témoin, dans une lettre, l’opinion nationale et internationale dans votre mise en garde. Je dois vous rappeler que le CDJ, à l’occasion de nombreuses déclarations publiques, en communion avec d’autres partis politiques de l’Opposition, a plutôt pris à témoin l’opinion nationale et internationale en vous interpellant dans l’exercice de vos attributions ainsi que le Gouvernement à propos des nombreuses atteintes aux droits, aux libertés, à la sécurité des personnes et des biens.»

Mayila l’outsider

Le 28 octobre au cours d’une réunion du directoire de l’UNPR à Libreville, Me Mayila est revenu sur les raisons de sa désolidarisation du meeting de Rio, indiquant qu’il s’agissait simplement pour lui de respecter les termes de l’accord passé avec le ministre de l’Intérieur pour l’obtention de l’autorisation du meeting problématique. L’ancien ministre de l’Intérieur a également expliqué qu’il était question pour lui de marquer l’autonomie et la liberté de choix de sa formation politique qui ne restait pas moins membre de l’UFC.

Le président de l’UNCR s’est toutefois désolidarisé de la rhétorique de ses amis de l’opposition en taxant, selon le quotidien L’union qui a rapporté les propos, de pur «fétichisme sémantiques» le fait pour certains opposants, notamment ceux de l’UN, de «parler de président légitime, de président ayant une légalité». Pour Mayila, Ali Bongo Ondimba est le «président de la République, il est le chef de l’Etat». De même, réclamer la conférence nationale souveraine est pour lui un «coup d’Etat» contre les institutions de la République. Affirmant que la conférence nationale n’aura pas lieu, le président de l’UNPR a poussé sa logique de démarcation en affirmant que l’UN est mort. Il faut de ce fait passer à autre chose : «Si un enfant est mort, il faut faire avec ceux qui vivent. L’UN ne reviendra plus, il faut ouvrir les yeux», rapporte L’Union qui s’étonne de ce que Mayila «semble dans le secret des dieux».

La réaction du leader de l’UN, Zacharie Myboto, n’a pas tardé. Celui-ci a ramené les «déclarations intempestives» de Mayila à une réunion de l’UFC, le 29 octobre au siège du CDJ. Un vote pour statuer sur le cas Mayila a débouché sur son exclusion de l’UFC. Sur les quinze formations politiques prenant part à la rencontre, douze ont voté pour l’exclusion de l’UNPR et trois, membres de l’ACR, ont émis des réserves, estimant qu’elles devaient d’abord s’en remettre à leurs directoires.

L’exclusion de Me Mayila et son parti de l’UFC pose cependant un problème juridique. La coalition des partis de l’opposition n’existe juridiquement pas, la rédaction de ses statuts n’étant même pas terminée. On peut donc s’attendre à ce que Me Mayila use de cet état des choses pour se défendre. Mais pour ceux qui ont admis son exclusion, quelque soit l’issue du contentieux qui suivra cette exclusion, le président de l’UNPR ne prendra plus jamais la parole au nom de l’UFC. Il se murmure que cette décision risque également d’entrainer le départ de l’UPG de Moumbamba Nziengui et de l’Arena de Richard Moulomba Mombo avec lesquels l’UNPR ferait bande à part. Dans la journée du 30 octobre, Louis Gaston Mayila a déclaré, sur la télévision nationale, qu’il ne saurait être exclu de l’UFC, une organisation qu’il a créé pour près de 50 %, selon lui.

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