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La DGCC tente de contenir la hausse des prix

Une descente a été organisée, le 7 décembre par la DGCC et la presse, dans les grandes surfaces et dans le marché de Mont-Bouët, afin de vérifier l’application de la mesure gouvernementale du 15 août concernant la baisse des prix des produits de grande consommation. Dans la jungle du plus grand marché de Libreville, les choses sont loin d’être faciles.

En réponse à la vie chère qui fragilise le pouvoir d’achat des Gabonais, le gouvernement avait pris, le 15 août dernier, deux arrêtés gouvernementaux pour plafonner les prix sur le poisson (frais et salé), la viande (bovine et porcine), la volaille (poule, poulet et dinde), le riz, le lait (poudre et concentré), les conserves de légumes (petits pois et tomates concentrées), les fruits et légumes, les pâtes alimentaires (spaghettis et macaronis) et les conserves de poisson (sardines et maquereaux), ainsi que sur certaines boissons alcoolisées ou non. Une mesure qui s’est accompagnée de la suspension des droits de douanes et de la TVA, pour la période allant de septembre à décembre 2012.

La presse sur le terrain de la DGCC

La direction générale de la concurrence et de la consommation (DGCC) déploie depuis lors sur le terrain ses équipes d’inspecteurs pour veiller à l’application de cette mesure dans la distribution. Dans la même logique, le président Ali Bongo Ondimba s’était rendu, le 11 octobre dernier, dans certains centres commerciaux de Libreville, pour voir si les mesures gouvernementales prises en la matière sont mises en application au profit des populations. Mais, face à une rumeur récurrente selon laquelle la révision à la baisse des prix n’est pas appliquée sur les marchés, la DGCC a entrepris de se faire accompagner sur le terrain, le vendredi 7 décembre, par la presse en vue de tordre le cou à cette rumeur. Trois grandes surfaces (Géant Casino Mbolo, Géant CKdo et Prix Import), un grand distributeur de produits carnés et de pêche (San Gel du Port-Môle) et un marché populaire (Mont-Bouët, le plus grand du pays) ont ainsi été visités par la délégation.

Effectivité de la baisse des prix dans les grandes surfaces

L’application de la mesure a ainsi été vérifiée au Géant Casino Mbolo, à Prix Import et au Géant CKdo. Dans cette dernière grande surface, par exemple, une communication écrite à l’adresse des clients a été déployée. Sur la plupart des produits dont la tarification est soumise à la mesure contre la vie chère, des affichettes portant les nouveaux prix indiquent «Prix bloqués – Arrêté du 14/08/2012» tandis qu’aux caisses des panonceaux rappellent «suspension des droits de douane et de la TVA – Prix en baisse». Dans toutes les grandes surfaces visitées, le sticker «Prix en baisse» est placardé sur les rayons des produits concernés.

À San Gel du Port-Môle, Jean-Daniel Nang Nguéma, responsable du magasin, a expliqué : «avant nous avions par exemple le carton de 10 kg de cuisses de poulet à 12 500 francs, aujourd’hui nous le vendons à 10 500 francs. Il y a donc une baisse de 2000 francs par rapport à l’ancien prix. On peut également prendre l’exemple du carton de cotis qui était à 20 000 franc et que nous vendons maintenant à 16 800 francs. Le carton de 10 kg de queue de bœuf qui était 38 000 francs coûte aujourd’hui 29 000 francs. Mais il y a toujours des clients qui ne sont pas satisfaits des nouveaux prix.»

Au Géant CKdo, Philippe Trouillet, responsable de l’espace de vente, explique : «Nous avons appliqué les prix du décret sur tous les produits listés. Ce sont des produits de première consommation qui sont touchés, automatiquement les ventes sur ces produits sont supérieurs, surtout qu’ils sont bien balisés en rayon ainsi qu’on peut le voir.»

Réticences et doutes dans le chaudron de Mont-Bouët

Si dans les grandes surfaces, notamment à Géant CKdo et à Prix Import, les consommateurs interrogés constatent bien la baisse des prix sur les produits listés et s’en montrent satisfaits, ce n’est pas toujours le cas dans le cœur de Mont-Bouët où de nombreux consommateurs assurent ne pas constater la baisse des prix sur les produits désignés par le gouvernement. Un bon nombre de ces consommateurs ne remarquent même pas l’affiche indiquant «suspension des droits de douane et de la TVA – Prix en baisse».

Une dame en pleine courses à Mont-Bouët indique : «ils font semblant d’avoir baissé les prix quand les contrôleurs sont là et dès que ceux-ci sont repartis, ils se remettent à pratiquer les anciens tarifs». Ce que confirme, d’une certaine manière, Mme Marie-Hermine Mpanga, inspecteur de la DGCC trouvée en plein contrôle sur le marché : «Il y a des commerçants qui n’affichent même pas les prix. Ce qui est contraire à la réglementation. Les commerçants sont pourtant informés de la baisse des tarifs sur des produits bien listés. Des annonces ont été faites dans la presse et à la télévision. On peut noter que les trois quart d’entre eux respectent désormais la mesure mais il reste quelques tricheurs qui remettent les anciens prix dès que nous avons tourné le dos. Quand on le constate, ils sont convoqués à la DGCC pour des sanctions.»

Partout, aussi bien en grandes surfaces que dans la petite distribution, un numéro vert, le 8085, est pourtant affiché qui permet aux consommateurs de contacter gratuitement la DGCC, en cas de constat d’une anomalie, aussi bien sur la qualité des produits que sur les prix indiqués par la mesure gouvernementale. Mais, bon nombre de personnes interrogés assurent ne l’avoir pas utilisé lorsqu’ils constatent des manquements.

Leader du syndicat des commerçantes, Mme Ginette Bouanga, explique que les commerçants ont bien baissé les prix des produits «tels que la tomate, la volaille, le poisson. Mais ce n’est que de 200 à 400 francs. Les détaillants sont soumis à une concurrence déloyale et ils perdent beaucoup d’argent avec les grossistes qui sont en même temps demi-grossistes et détaillants. Ce qui n’est pas logique quant à la différence des segments de la chaine de distribution. La faute revient donc aux grossistes. Pour le cas des légumes, la douane continue d’être payée à la frontière camerounaise. A ce sujet, j’ai déposé des preuves à la DGCC et à la Commission de la vie chère. Les douaniers gabonais ne délivrent plus de reçu mais ils mettent le cachet de la douane sur les bordereaux après avoir prélevé des taxes. Ce qui n’est pas normal et qui pousse les commerçantes à tricher sur les tarifs indiqués.»

Implication de tous les acteurs

L’État devrait donc mettre un peu plus de moyens de contrôle sur les goulots d’étranglement relevés. Notamment au niveau de la chaine de distribution et de la douane aux frontières terrestres. Dans une interview accordée, fin-novembre, à gabonactu.com, Ernest M’fa Obiang, le patron de la DGCC, a expliqué : «si la mesure relative à la baisse des prix sur les produits alimentaires a tardé à être effective, c’est à cause des anciens stocks qui s’écoulaient lentement».

Pourtant, certains distributeurs ne se plaignent pas du tout de la mesure gouvernementale en question, à l’instar d’Azziz Simon, responsable au supermarché Prix Import, qui s’en montre plutôt satisfait : «même sur des stocks que nous avions délivré à la douane avant la mesure et sur lesquels nous avons payés les droits suspendus, nous avons baissé les prix. Nous avons accepté de perdre de l’argent parce que chacun doit faire quelque chose, chacun doit participer à aider le consommateur. C’est aussi une manière d’aider l’Etat. Maintenant que nous ne payons pas les droits de douanes et la TVA, nos pourcentages de bénéfices sont presque restés les mêmes sur les derniers stocks arrivés. On n’a pas gagné, on n’a pas perdu, mais on a gagné des clients en plus.»

Une chose est sûre, la surveillance des prix sur les marchés et les quartiers populaires doit s’accentuer. Elle implique non seulement les consommateurs eux-mêmes avec le numéro vert mis en place mais surtout les représentants de l’administration publique, les importateurs et les ONG de défense des consommateurs. Des acteurs qui ont bien signé un protocole relatif à la surveillance du marché pour éviter de flouer les consommateurs et l’État.

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