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Haïti dans le piège de l’aide internationale

A Marassa, dans la banlieue de Port-au-Prince, plusieurs camps de tentes abritent encore 750 familles. Crédits photo : THONY BELIZAIRE/AFP
Trois ans après le séisme, le pays vit encore sous perfusion étrangère. Une assistance nécessaire, mais qui affaiblit l’État.

Trois ans après le séisme de janvier 2010, Haïti se relève doucement. Le pays est sorti de l’urgence, les tentes et les bâches disparaissent petit à petit. Mais il reste encore tant à faire. Plus de 80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et 370 000 survivants du tremblement de terre se trouvent toujours dans des camps de déplacés. Avec le temps, les conditions de vie dans ces camps sont de plus en plus insalubres et précaires.

Le ministre français du Développement, Pascal Canfin, qui s’est rendu sur place fin octobre 2012, se montre pourtant optimiste. «Nous entamons une nouvelle phase, explique-t-il au Figaro. Les administrations locales doivent être capables de mener leurs propres politiques publiques. Nous répétons que la France tiendra les engagements qu’elle a pris vis-à-vis des Haïtiens. Nous travaillons en collaboration avec le Fonds européen de développement pour optimiser l’aide qui sera apportée à la population».

Des soutiens nécessaires au pays, surtout au moment où le Canada annonce qu’il ne financera pas de nouveaux projets en Haïti, expliquant avoir été déçu par le peu de progrès accomplis dans ce pays. Le ministre canadien de la Coopération internationale, Julian Fantino, a ajouté que son pays «n’allait pas prendre soin d’Haïti à tout jamais.»

Tempêtes tropicales

Une réaction contre-productive, selon Pascal Canfin. «Ce n’est pas le moment d’arrêter l’aide sur place, on n’arrête pas des projets de développement d’un coup. C’est mettre en danger tout ce qu’on a construit jusque-là. Mais il est vrai que la communauté internationale ne doit pas tout prendre en charge. Il faut mettre les Haïtiens, et surtout les dirigeants haïtiens, face à leurs responsabilités.»

Un exemple de projets de développement à long terme, la construction de maisons antisismiques. «Ce sont des maisons peu chères, construites avec des matériaux locaux et des débris», explique encore le ministre français. Le principe de l’ONG Entrepreneurs du monde est ambitieux: construire écologique, mais surtout résistant en cas de futures catastrophes. Le risque reste en effet permanent: Haïti redressait à peine la tête quand le passage de la tempête Sandy, le 23 octobre dernier, a de nouveau tout ravagé. Trois jours consécutifs de fortes pluies ont provoqué la mort de 54 personnes, endommageant et détruisant des maisons et des infrastructures publiques.

Fin août déjà, le passage de la tempête Isaac avait anéanti une partie des futures récoltes. Selon des chiffres officiels, environ deux millions de personnes vivent actuellement en état d’«insécurité alimentaire» en Haïti. Le pays a donc besoin d’aide, au risque, comme l’évoque encore le ministre français, de tomber dans une situation d’urgence permanente. «Aujourd’hui, les écoles mises en place par les ONG offrent des salaires plus élevés que dans le système haïtien. Cela crée un déséquilibre. Les pouvoirs publics ne mettent pas en place les structures nécessaires, considérant qu’elles seront délaissées au profit de celles, dernier cri, des humanitaires. À terme, l’État va être affaibli.»

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