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André Mba Obame : «Le pouvoir émergent sait que tous les indicateurs sont au rouge»

Alors que l’actualité gabonaise est accaparée par la réflexion sur l’agenda de la présidence gabonaise de la Cemac, la biométrie pour les besoins électoraux et le Conseil national de la démocratie, l’opposant André Mba Obame, qui a disparu des feux de la rampe depuis cinq mois, rompt le silence à travers une interview parue ce 28 janvier dans l’hebdomadaire Echos du Nord. Morceaux choisis.

Invisible et difficile d’accès depuis sa dernière sortie publique, le 25 août 2012 lors d’un meeting de l’Union nationale (UN), parti interdit, à son siège, André Mba Obame, l’opposant se rappelle au bon souvenir de l’opinion nationale, ce lundi 28 janvier, à travers une interview accordée à l’hebdomadaire Echos du Nord. L’entretien, sur trois pages, est illustré de photographies avec l’interviewer qui ne laissent nulle part entrevoir les béquilles des dernières apparitions publiques, comme pour annoncer un état de santé amélioré.

Amené d’ailleurs à parler de sa santé, André Mba Obame, n’a visiblement pas tenté l’esquive : «j’étais bien malade et ceux qui se sont acharnés sur moi savent de quoi je parle. J’ai même appris que des sommes colossales avaient été mises en jeu pour m’éliminer de la surface de la terre d’où toutes ces folles rumeurs sur ma prétendue mort. Vous savez, dans nos villages il est souvent dit que lorsque des gens vous souhaitent la mort ou lorsqu’ils veulent trop vite vous enterrer, ils doivent savoir qu’en réalité ils vous rajoutent la vie».» L’ancien ministre de l’Intérieur évoque la «lourde thérapie traditionnelle» à laquelle il a dû se soumettre et qui l’a contraint à l’éclipse.

Comme pour indiquer qu’il n’est pas le seul acteur politique ayant des problèmes de santé, le secrétaire exécutif de l’UN interroge : «Pendant qu’on y est, pourquoi certains allaient-ils hier en Italie ou en Corée du Sud et aujourd’hui régulièrement à Londres ? Pourquoi d’autres se rendent-ils nuitamment à l’hôpital militaire ?» Plus explicite sur son bulletin de santé, il souligne : «Donc au lieu de répondre à des rumeurs méchantes et politiciennes au mépris de la dignité humaine, je me consacre à l’essentiel. Je suis encore un peu malade, aussi je poursuis encore ma rééducation physique, mais mon état de santé est bien meilleur que lors de mon retour à Libreville, le 11 août 2012 et je suis pratiquement et physiquement prêt à reprendre le combat politique pour la libération de mon pays. Pour tout vous dire, je me sens aujourd’hui à 70 % de mes capacités physiques.»

Alors que l’interviewer d’Echos du Nord lui rappelle le meeting du samedi 10 novembre 2012 au siège de l’UN à Libreville, lorsque les militants, à qui les responsables de cette formation avaient promis un message important, s’étaient montrés exaspérés, surtout du fait de son absence, Mba Obame reconnait qu’une «regrettable incompréhension entre la base et le sommet de ma famille politique est née du meeting du 10 novembre dernier» et demande que les «Gabonais restent mobilisés». Car, selon lui, «un nouveau cycle a commencé, et les espoirs du peuple gabonais ont de fortes chances de se matérialiser en 2013.»

Amené à parler de la conférence nationale tant invoquée par l’opposition mais dont la réalisation semble s’éloigner, il répond : «Malgré les vicissitudes, les intimidations et les manœuvres dilatoires du pouvoir émergent, cette idée fait son chemin ; il n’y a qu’à voir le niveau des inscriptions enregistrées par la société civile pour se convaincre de ce que les Gabonais adhèrent à cette initiative qui vise à mettre en débat la crise multiforme pour en définitive bâtir ensemble des solutions consensuelles et opératoires.» Et de marteler, ultra optimiste : «je puis vous dire que la Conférence nationale souveraine finira par se tenir, n’en déplaise à ceux qui sont dans le déni des réalités et multiplient les manœuvres de diversion.»

Et lorsqu’il lui est rappelé que le président Ali Bongo a lancé une concertation sur la biométrie, le Conseil national de la démocratie et la Cemac, Mba Obame soutient qu’il ne s’agit que de diversion : «le moyen d’étouffer un problème c’est de créer une commission ad hoc dont les rapports vont moisir dans des tiroirs. Le pouvoir émergent sait que tous les indicateurs sont au rouge, qu’il court à sa perte et donc il cherche à gagner du temps.»

L’opposant refuse, ainsi que suggéré, que soit créée une autre formation politique en remplacement de l’Union nationale : «Ce que le pouvoir dit émergent oublie, dans sa vision étriquée de l’avenir du Gabon, c’est que l’Union nationale n’appartient pas à ses leaders. Elle est la propriété du peuple gabonais souverain qu’il méprise en le privant irrégulièrement de ce précieux outil d’expression politique. Il ne saurait donc être question pour les leaders de ce grand parti qui n’en sont que ses représentants, d’accéder à je ne sais quelle suggestion de lui changer de nom ou de le remplacer par un autre. Pour nous ce troc de brocante que l’on nous propose, consistant à mettre en balance la réhabilitation de notre parti et la reconnaissance du pouvoir émergent, n’a aucun sens.»

S’étalant sur trois pages, l’interview d’Echos du Nord lui a permis de s’exprimer plus longuement que sur les morceaux ici choisis, mais aussi d’aborder d’autres sujets tels que les effets de sa prestation de serment le 25 janvier 2011, la crise politique au Gabon, l’Union des forces de l’alternance (UFA), la biométrie, le Conseil national de la démocratie (CND), la Cemac, l’idée de «reconnaître officiellement Ali Bongo Ondimba comme président légitime pour que le pouvoir établi réhabilite l’Union nationale», le parallèle avec la situation en RCA, les chiffres issus du sondage de l’institut Gallup au sujet du logement, de l’insécurité ou de la capacité du peuple gabonais à se nourrir. L’interview se termine sur une invite de l’opposant à méditer sur une pensée du Mahatma Gandhi : «Quand je désespère, je me souviens que tout au long de l’histoire, la voix de la Vérité et de l’Amour a toujours triomphé. Il y a eu dans ce monde des tyrans et des assassins et pendant un temps, ils peuvent nous sembler invincibles et à la fin, ils tombent toujours… Pense à cela… Toujours». André Mba Obame s’est refusé à indiquer la date de sa prochaine sortie publique.

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