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Meurtre d’Amadou Yogno : toujours pas de version officielle crédible

Le meurtre du Camerounais, Amadou Yogno, 46 ans, père de 17 enfants, défraie désormais la chronique dans la capitale gabonaise et même au-delà. Ceci d’autant que Gabonreview, dans un article du samedi 2 février, indiquait que des organes de la victime, la langue, le cœur, les reins… avaient été prélevés à vif. Un crime rituel, donc, aujourd’hui contesté par quelques sources proches de l’État, mais qui ne se risquent pas à donner une version officielle.

Jusqu’à ce jour, si ce crime odieux alimente les débats dans les taxis, les bars et autres lieux de grande fréquentation, aucune voix autorisée autant du côté du Gabon que de la représentation diplomatique camerounaise à Libreville, n’est montée au créneau pour donner une version officielle des faits.

Rencontré pour obtenir les éléments du dossier qui lui auraient été fournis, l’ambassadeur du Cameroun à Libreville, Samuel Mvondo Ayolo, a simplement déclaré qu’il ne pouvait rien dire sur cette affaire. Pour lui, il n’est pas question de se prononcer afin de ne pas contrarier le travail entrepris par la justice pour déterminer les responsabilités et les coupables de ce crime. Cependant, il a indiqué qu’il avait été saisi par les autorités gabonaises, tout comme par la communauté camerounaise, pour cet assassinat et qu’ils «suit avec la plus grande attention cette affaire».

Les versions sont nombreuses qui racontent, au final, la même histoire. Il s’agit bien de celle d’un Camerounais de 46 ans, qui a bien été tué à 15 Kilomètres après Ndjolé. Sa voiture a bien été récupérée par ses bourreaux et retrouvée entre les mains d’un jeune homme conduisant une femme. Cette dernière est bien présentée comme la belle mère du jeune homme qui a tendu le guet-apens à sieur Amadou. En outre, le corps d’Amadou a bien été retrouvé, grâce aux aveux du même jeune homme, en état de putréfaction avancée, emballé dans un sac plastique et jeté dans un ravin.

Pour ce même crime, les ressortissants Bamouns qui ont d’ailleurs été les premiers à entreprendre des recherches, parlent clairement de crime rituel. Ils sont formels sur ce fait et disent connaître le nom du commanditaire puisque le jeune-homme aurait tout avoué. Dans le quotidien L’Union du lundi 4 février 2013, on lit qu’il s’agirait d’un crime crapuleux et que le jeune-homme aurait agi seul. C’est aussi ce qu’avaient essayé de «vendre» à la rédaction de Gabonreview, le dimanche 3 février, des sources proches du procureur de Lambaréné. Or les faits ne concordent pas avec cette version du meurtre. À ce jour, des complices identifiés (un Camerounais, un Nigérian, un gendarme gabonais entre autres) ont déjà été arrêtés, selon des sources concordantes.

De plus, l’ancien secrétaire départemental du Parti démocratique gabonais de la ville de Booué, Iloubou Boussengui, plus connu sous le pseudonyme de Koutch, déjà cité dans une affaire de crime rituel en janvier 2011, a été interpelé à Libreville pour cette affaire, relativement similaire à celle qui lui avait alors fait perdre sa fonction au sein du parti au pouvoir. Il va être déféré à Lambaréné où il retrouvera deux présumés complices mis aux arrêts, eux, à Booué. Le trio figure parmi les présumés coupables d’Amadou.

Lors de l’affaire du crime rituel de Booué en 2011, des sources judiciaires soutenaient que, dans une déposition, Koutch avait affirmé avoir livré à un certain Ngnoungou Mbela la glacière contenant les organes prélevés sur le jeune homme assassiné. Ce Ngnoungou Mbela, toujours selon les mêmes sources et les révélations de la presse en 2011, ne serait autre que le neveu de Rigobert Ikambouayat Ndeka, ancien ministre délégué à la Communication et actuel directeur général de l’Office des ports et rades du Gabon (Oprag), vers lequel convergeait alors un faisceau de présomptions. Le procès, tenu par la suite à Makokou, s’était embourbé et ses conclusions n’ont jamais été rendues publiques.

Alors, on peut se poser la question de savoir ce qui se cache derrière ce mur de silence embarrassé qu’on appellera désormais l’affaire Amadou Yogno. Le commanditaire est présenté comme une personnalité influente et connue du pays. Du coup, on se demande si cet imbroglio ne vise pas à protéger quelqu’un. Ou encore, n’est-ce pas une volonté délibérée de faire passer ce crime rituel pour un simple crime crapuleux à un moment où le Gabon essaie de mettre les bouchées doubles dans sa lutte contre ce phénomène inquiétant ? Pourquoi les autorités camerounaises de Libreville préfèrent-elles ne rien dire, y comprise ce qui leur a été rapporté ? A-t-on peur de jeter le froid sur les relations entre le Gabon et le Cameroun ? Le sujet, en tout cas, est sur les lèvres et on attend de voir ce que l’enquête policière concluera.

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