Excipant d’une politisation de l’information par la presse, l’ambassade des États-Unis d’Amérique aux Gabon a annulé le voyage d’une vingtaine de jours aux USA que devait effectuer l’avocate Paulette Oyane Ondo à la demande du Département d’État. La représentation diplomatique aurait-elle subi des pressions ?
«Le pouvoir PDG ne va-t-il pas créer un subterfuge, comme à son habitude, pour l’empêcher d’aller recevoir son prix ? Marc Ona Essangui en sait quelque chose», s’est interrogé un internaute, sur Gabonreview, à l’annonce du séjour aux USA de Me Paulette Oyane Ondo en vue d’y recevoir une distinction dénommée «Femme leader politique». Les faits semblent lui avoir donné raison.
En effet, l’ambassade des États-Unis d’Amérique au Gabon a décidé d’annuler «la participation de Paulette Oyane-Ondo dans le Programme du leadership des visiteurs internationaux pour les femmes en tant que leaders (IVLP – International visitors leadership program) en raison d’une information apparue dans la presse qui a politisé de façon inexacte et inutile son voyage et a porté atteinte aux objectifs principaux du programme», peut-on lire dans une déclaration officielle de l’ambassade américaine presque confidentielle, envoyée le 27 février à des destinataires triées sur le volet.
Trois titres, Confidentiel Gabon, La Lettre du Continent et Gabonreview ont en effet relayé cette information. Les deux derniers insinuaient que cette distinction -Femme leader politique- sonnait comme «un pied de nez des USA envers les autorités du Gabon auxquelles [l’avocat] a souvent porté plainte, aussi bien devant les juridictions gabonaises qu’étrangères» (Gabonreview) et que «Cette distinction vaut comme un signe adressé par les États-Unis au régime d’Ali Bongo» (La Lettre du Continent). La déclaration officielle, signée par Kevin Krapf, conseiller culturel et porte-parole de la représentation américaine à Libreville, indique que «Mme Oyane-Ondo n’a pas été nominée pour un prix spécial remis par le gouvernement américain, et n’a point reçu une nomination portant une forme de message politique pour le gouvernement du Gabon, tel qu’il a été allégué dans la presse».
La représentation diplomatique indique avoir déjà parrainé huit femmes Gabonaises dirigeantes pour les programmes IVLP en «matière de politique et d’activités gouvernementales», sans toutefois pouvoir nous préciser de qui il s’agit. Ce qui indique bien que l’aspect politique invoqué pour éliminer Me Oyane Ondo n’est pas une nouveauté concernant ce programme. Fait étonnant, l’annulation de ce voyage a été signifiée à l’intéressée le 22 février, ainsi qu’attesté par l’hebdomadaire Echos du Nord, alors que Gabonreview, média ayant le plus large public parmi les trois qui ont traité cette information, ne l’a publié que le 25 février, soit trois jours après l’annonce de la négation à la combattante des droits de l’Homme. La politisation, par la presse de cette information passe donc pour un argument fallacieux. Autrement, cela signifierait que le Département d’État des Etats-Unis base son action, et peut la rectifier, au gré des interprétations qu’en fait la presse, plus précisément des lettres d’information confidentielles.
Pour l’ambassade des USA au Gabon, le programme IVLP consiste à des «séjours de courte durée aux États-Unis pour les dirigeants étrangers actuels et émergents d’une variété de pays, spécialisés dans de nombreux domaines d’expérience». Son objectif est «d’acquérir une expérience personnelle aux États-Unis et de cultiver des rapports durables avec des homologues américains adéquats». Cette mise au point n’est-elle donc pas suffisante pour que Me Paulette Oyane-Ondo ne puisse être privée de ce programme auquel elle n’a pas demandé à participer ? Les récipiendaires étant sélectionnés par les ambassades américaines, pourquoi celle de Libreville se rebiffe-t-elle ? Qui s’est plaint auprès d’elle de cette décision ?
