spot_imgspot_img

Matanda : un quartier anarchique au milieu des palétuviers

MatandaAu quartier Matanda dans le 4e arrondissement de Port-Gentil, la forêt de mangrove est menacée par l’afflux croissant des populations, ces dernières années, sur le littoral. Dans cette partie de la ville de la ville pétrolière, les habitants sont pourtant exposés aux inondations et épidémies.

Connu pour sa florissante activité de pêche, le quartier Matanda ou Atanda (palétuvier en langues locales) était autrefois une vaste forêt des palétuviers formant une forêt de mangrove, un des écosystèmes les plus productifs et riches de la planète.

«Dans les années 80, cette partie du quartier était un vaste champ des palétuviers. On y accédait difficilement et uniquement pour la pêche artisanale et la chasse à différents types de bêtes. Mais lorsque les pêcheurs ont commencé à y ériger des campements de pêche, petit à petit, le long du littoral a été transformé, sur plus de deux kilomètres de côtes, en zone habitable. Mon défunt papa s’y est aussi installé avec sa famille comme tout le monde. A cause des nombreux palétuviers, le quartier a été baptisé de ce nom», explique Jacques Issongui N., un habitant de Matanda.

Au fil des années, la mangrove a fait place aux constructions anarchiques et à des voies d’accès de fortune. Un déboisement qui a pour conséquence, qu’à chaque marée et pluie, les habitants ont les pieds dans l’eau.

«Nous qui sommes à côte de la mer, nous souffrons. L’eau nous trouve dans les maisons. Heureusement que ces derniers mois, la mairie a ouvert un canal pour permettre à l’eau de circuler. Je vis ici depuis 14 ans. Les routes ne sont pas travaillées, malgré la présence d’une cité privée vers l’entrée principale de cette partie du quartier. C’est par manque de moyens financiers que je me suis installé ici», précise Adolphe Agbeko, un autre habitant de ce quartier sous-intégré.

Selon les associations de lutte pour la protection de l’environnement et de la nature, cette forêt est riche en biodiversité. Elle est une nurserie pour les poissons, pour diverses créatures marines et pour les oiseaux du littoral. Mais aussi, un gisement de coquillage, de crustacés.

Le quartier de Matanda qui s’y est érigé connaît un essor important avec l’installation des commerces et autres activités économiques. Mais des investissements qui se font sans se soucier des risques possibles. «La disparition de cette forêt aquatique qui retient, filtre les alluvions et protège la côte de l’érosion et des tempêtes, a pour conséquences les catastrophes naturelles qu’on y enregistre régulièrement. Port-Gentil n’est pas à l’abri à cause de la mangrove en voie de disparition», explique le président de H²o Gabon, Henri Michel Auguste.

L’absence de routes carrossables fait que les déchets ménagers sont déversés derrière les habitations ou dans les fossés. Un risque épidémique non négligeable. «Nous demandons aux habitants de sortir leurs ordures sur la route principale où sont disposés les bacs. Mais tout le monde ne le respecte pas. Certains disent que c’est trop loin et préfèrent jeter derrière les maisons. Je ne peux pas faire autrement !», dénonce un chef de quartier. Les pouvoirs publics ont laissé faire et les populations qui s’y sont anarchiquement installées demanderont un jour à être dédommagés si on venait à les faire déguerpir.

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES