Connu pour son Texto quotidien, le blogueur et activiste gabonais Petit Lambert Ovono a décidé d’apporter son soutien au Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) du président Ali Bongo Ondimba et d’engager son association dans l’accompagnement de ce plan, par son évaluation. Un repositionnement qui surprend, au regard de la virulence, deux longues années durant, de son blog contre les autorités de Libreville.
Considéré comme le plus approprié pour les plaisanteries et autres canulars durant son premier jour, ce mois d’avril est bien riche en situations époustouflantes. Ainsi, après l’annonce de sa décision d’être candidat à la tête du Conseil municipal de Libreville avec pour ambition de «sauver Libreville», titre du projet qu’il défendra avec son équipe le moment venu, il est désormais question pour le bloggeur, consultant, analyste politique et stratégique, Petit-Lambert Ovono, d’apporter son soutien au Plan stratégique Gabon émergent (PSGE).
Le Gabon serait-il en train d’entrer dans une ère de normalisation, signe avant-coureur d’une reconfiguration de son paysage politique ? On pourrait le penser. Car, après le retour définitif du néo militant actif de l’Union du peuple gabonais (UPG) Bruno Ben Moubamba, venu poursuivre au pays le combat politique qu’il a entamé depuis la dernière élection présidentielle anticipée de 2009, le tour est en effet revenu, ce 19 avril, au subversif blogueur du Gabonoscope, Petit-Lambert Ovono, de donner une nouvelle orientation à son engagement politique. Comme qui dirait, depuis donc près de 34 ans le président du Réseau société gabonaise de l’évaluation des politiques publiques (Sogeval) se cherchait.
«Entré clandestinement dans la politique partisane depuis la classe de terminale en 1979, puis officiellement en tant qu’acteur auprès du Morena de Paris devenu Rassemblement national des bûcherons, et enfin auprès de l’Union nationale, j’ai décidé d’orienter mon engagement politique en lui donnant un sens», peut-on lire dans le communiqué de presse de Petit-Lambert Ovono.
Aussi poursuit-il, «mon engagement politique consiste désormais à répondre uniquement aux besoins des populations gabonaises à travers la promotion de l’évaluation des politiques publiques, des programmes et des projets ; loin de tout esprit partisan, et à travers une ONG reconnue par le ministère de l’Intérieur et dont le programme sera rendu public dans les prochains jours».
Loin d’une adhésion au Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) ou encore une réponse favorable à l’invite du président Ali Bongo à réintégrer le parti au pouvoir, il s’agit pour Petit-Lambert Ovono, tout simplement d’aider à l’évaluation progressive du PSGE. Dire qu’il ne se privait pas de discréditer cet outil de programmation du projet de société d’Ali Bongo, censé favoriser l’émergence du Gabon à l’horizon 2025. «Dans le cadre de cet engagement, j’apporte mon soutien au PSGE du président de la République, Chef de l’État, Ali Bongo, et notre association s’engage à accompagner sa réalisation à travers son évaluation. Mon combat pour le développement du Gabon consiste à encourager l’évaluation de chaque activité, chaque action, chaque projet, chaque programme, chaque plan et chaque politique publique au début, en milieu et à la fin de sa mise en œuvre», a précisé le célèbre bloggeur, que l’on dit proche des idées d’André Mba Obame. «Pour s’assurer qu’une politique publique est bonne, il faut absolument qu’elle soit accompagnée de la preuve de son évaluation», a-t-il conclu.
Seulement, la décision de Petit-Lambert Ovono a désarçonné de nombreux Gabonais qui partageaient jusque-là les mêmes convictions que lui. A l’instar d’un certain Pambo Jerry qui n’a pas manqué de marquer son regret vis-à-vis de ce choix. «Mon grand frère Petit Lambert Ovono, avec tout le respect que je dois à un aîné, j’aimerais vous dire ces quelques mots. Comment un homme comme vous après tous les mots d’hostilité que vous avez utilisé contre ce régime au point, que des citoyens gabonais comme moi s’engagent désormais sur le chemin de l’insurrection ait pu pris cette décision ? C’est par votre virulence et votre invective et d’autres que la jeune génération gabonaise indigné a choisi le chemin de l’insurrection. Votre soutien ouvert et officiel est une trahison», a écrit Pambo Jerry sur Infos-Kinguélé, le plus grand groupe de discussion gabonais sur Facebook.
«Vous allumez des feux, pour mieux vous vendre, le Gabon n’est pas une marchandise. Je suis triste, mais le combat ne fait que commencer pour nous, et notre génération choisit la violence comme action de libération, car ceux qui dénoncent juste les faits du pouvoir au Gabon, le font pour mieux se vendre à ce régime dictatorial. Nos chemins se sont croisés en 2009 et ils se croiseront encore. Je vous comprends aussi ; vous vous faites vieux et ne croyez plus que rien, n’est en mesure de stopper Ali. C’est une erreur. Vous êtes à un âge où vous voulez laisser une trace pour le Gabon, mais votre choix et le plus mauvais des choix», conclu le jeune Pambo Jerry, visiblement un lecteur assidu des billets quotidiens de Petit-Lambert Ovono, le fameux Texto du jour.
