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Me Oyane, les crimes rituels et la marche du 11 mai

Paulette_Oyane_640Face au climat social particulièrement tendu avec la recrudescence du nombre de personnes assassinées, Me Paulette Oyane Ondo, avocate, militante des droits humains et chantre de la démocratie, a livré, dans une interview au journal La Loupe, sa vision sur les crimes dits rituels mais aussi son appréciation de la marche contre ce phénomène initiée par Sylvia Bongo, le 11 mai dernier.

Sollicitée quant à son combat contre violation des droits humains et son profond attachement à la préservation de la dignité de l’individu, Me Paulette Oyane Ondo a répondu sans ambages et sans langue de bois à nos confrères du journal La Loupe. Interrogée sur sa perception du phénomène des «crimes rituels», la recrudescence du nombre de victimes vraisemblablement liées à cette pratique inhumaine, les différentes actions posées par le gouvernement en vue de l’endiguer, le résultat des enquêtes sur cette question, l’apport de la justice gabonaise et notamment l’action de la première dame, Sylvia Bongo, Me Oyane Ondo n’est pas allée par quatre chemins, considérant l’action de certains individus plus «effarant» que rationnelle.

Interrogé sur la marche initiée par Sylvia Bongo, l’avocat à la cour, perplexe, s’est déclaré choqué dans la mesure où, pour elle, «la rue est l’espace de revendications des citoyens qui l’utilisent pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur tel ou tel problème». La rue n’est pas le lieu d’expression des pouvoirs public, dépositaires de la puissance publique. Pour Me Oyane, il s’agit d’une «confusion des rôles» qu’elle n’a pas manqué de fustiger, en des termes forts : «Le rôle des autorités publiques ne saurait se cantonner à dénoncer les crimes rituels, mais d’y mettre fin.[…] A moins que les autorités publiques gabonaises, par cette marche, aient voulu annoncer clairement au monde entier qu’elles sont incapables de mettre un terme aux crimes rituels comme elles le sont, au demeurant, pour tous les problèmes que rencontrent les gabonais et qui les plongent dans le désarroi que nous connaissons».

Alternant l’ironie et l’ire, Me Oyane Ondo déplore :«J’ai trouvé indécentes toutes les affiches de campagne électorale brandies au cours de cette procession et pas une seule photo des victimes. Aucun bourreau ni commanditaire n’a été indexé. De même que j’ai trouvé ridicule un certain nombre de slogans choisis pour la circonstance avec des inscriptions telles que : «Le Gabon dit non aux crimes rituels». Je me suis alors demandé contre qui le Gabon disait-il non aux crimes rituels? Sont-ce les Japonais, les Français, les Australiens, les Américains, les Camerounais, les Sénégalais, les Ghanéens…qui viennent les y commettre? Imaginez un seul instant les gouvernants socialistes en France en train d’investir la rue pour marcher contre le taux élevé de chômage, ou encore pour dénoncer la multiplication des règlements de compte auxquels se livrent des voyous en Corse ou à Marseille ou alors l’Administration Obama en train de marcher contre le dernier attentat de Boston. Cela serait surréaliste, n’est-ce pas? Heureusement que le ridicule ne tue pas au Gabon.»

Dénonçant le caractère «sélectif» de Jean François Ndongou, le ministre de l’Intérieur, Me Paulette Oyane Ondo s’est dite frustrée de ce que la justice gabonaise, bien souvent victime d’une certaine pression, ne soit pas, seule, capable de régler le problème. Selon la militante des droits de l’homme, «le vote d’une loi ne sera pas la panacée, surtout qu’une telle infraction sera particulièrement et objectivement ardue à caractériser et le lien de causalité formellement difficile à établir pour au moins une catégorie de personnes : les commanditaires ! » Et d’ajouter : « Je ne suis même pas certaine qu’un tel dispositif fera reculer les commanditaires. Il ne vous a pas échappé qu’il existe des lois dans un certain nombre de domaines sans pour autant qu’on observe une amélioration et un recul du phénomène que cette loi avait vocation à réprimer». Ainsi, à en croire la femme de loi, le phénomène des crimes rituels est difficilement réversible sans une réelle volonté des pouvoir publics, dans un pays où «avec la pratique du pouvoir qui a été choisie, on méprise, on abhorre, on combat même la compétence, l’expertise et la capacité.»

Le phénomène des crimes rituels né, dans l’esprit d’un grand nombre de Gabonais, d’une certaine classe sociale et «d’une certaine expertise qui savent que leur compétence intrinsèque ne leur sera pas d’une grande utilité s’ils veulent avoir un niveau de vie acceptable et être en vue dans notre pays », d’après Me Oyane, doit se concevoir selon diverses caractéristiques : « la profanation des tombes en vue d’y récupérer des produits du corps humain à des fins fétichistes ; le trafic d’ossements humains à des fins fétichistes ; la profanation éventuelle de cadavres dans les entreprises de pompes funèbres pour y dérober et recéler les produits du corps humain à des fins fétichistes… Et sous ce même vocable, on doit pouvoir y ranger aussi, le viol d’une petite fille ou d’un petit garçon par un adulte qui espère, par cet acte, récupérer de la puissance ou du pouvoir à des fins occultes.» Une affaire difficile pour la justice au service de laquelle elle travaille, que la médiatisation des auditions de certaines personnalités mises en accusation et une justice d’amateurs, ne saurait endiguer sans une véritable structuration des différents aspects à étudier pour faire face à ce phénomène d’une rare barbarie et espérer y mettre fin.

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