Deux mois après la leçon infligée par la France au continent africain à travers son intervention armée au Mali, l’Union africaine (UA), déboutée par l’incapacité du continent à régler lui-même ses crises, a souhaite laver l’honneur, lors de son dernier sommet à Addis-Abeba en appelant les Etats à se porter volontaires pour la création prochaine d’une force africaine. Sur 54 pays, six seulement semblent être intéressés.
Perçu comme une initiative capable de redonner un peu d’honneur à l’Afrique, la création de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (Caric), à en croire les responsables de l’UA, devrait pallier les retards dans la mise sur pied de la Force africaine en attente (FAA), pour ainsi répondre de manière efficace aux crises éventuelles. En effet, comme le rappelle, Hailemariam Desalegn, Premier ministre éthiopien et président de l’Union africaine (UA), la Caric, en tant que force africaine de stabilisation sur le continent, aura pour vocation de pallier les retards et combler l’attente de la constitution de la FAA. Pourtant, celle-ci, comme l’indique le journal Jeune Afrique, est attendue depuis une dizaine d’années déjà. Si la vision partagée par le général Sékouba Konaté est qualifiée de «décision historique» par bien des chefs d’Etat africains, il n’en demeure pas moins que, pour l’instant, seuls six pays sont volontaires à la création de ladite force.
Ainsi, seuls l’Afrique du Sud, le Kenya, le Nigeria, l’Angola, l’Éthiopie et l’Ouganda semblent réellement intéressés par la constitution d’une force d’intervention proprement africaine. Ajoutée à ces six Etats, l’Algérie manifesterait elle aussi un certain intérêt à l’initiative. Comment comprendre alors que le Mali, victime récemment encore de bandes terroristes et le Gabon, l’un des plus importants contributeurs financier (500.000.000 de francs CFA) à la résolution de la crise malienne ne se soient pas encore prononcés par rapport à la mise en place effective de la force militaire intérimaire ?
Le pays s’est par ailleurs fait remarquer par une présence de ses hommes, plus dix ans durant en RCA, aussi bien dans le cadre de la Mission de consolidation de la paix en Afrique centrale (Micopax) que dans la force d’interposition déployé par la Cemac dans ce pays. 240 militaires Gabonais étaient encore comptabilisés à Bangui dans un passé très récent. Plus loin, à la fin des années 70, des soldats gabonais composaient les forces d’interposition dans la guerre du Shaba au Zaïre (actuelle RDC) aux côtés de troupes marocaines, sénégalaises et togolaises. La vocation du Gabon à déployer ses garçons hors de ses frontières semble s’être estompée. En juillet 2012 déjà, le pays avait annoncé le retrait des militaires Gabonais en poste à Bangui. Le pays s’était ravisé en janvier 2013, suite à une rencontre tenue à Libreville par les ministres des Affaires étrangères de la Cemac qui avaient transformé la Micopax en force d’interposition.
Pourtant, pour revenir à la Caric, selon le général Sékouba Konaté, haut représentant de l’UA pour l’opérationnalisation de la FAA, «l’idée est de mutualiser les contributions des principales puissances militaires du continent». Et dans cette initiative, tous les pays du continent ont à gagner. Qu’à cela ne tienne, relève le site de l’hebdomadaire Jeune Afrique du 20 juin, «les experts militaires (africains) étudient actuellement avec les États membres la définition de cette force, ainsi que la répartition des responsabilités en son sein». Aussi, le général Konaté a indiqué qu’après sa visite au Kenya, le 7 juin dernier, sa prospection le conduira au mois de juillet prochain en Angola, au Tchad, en Ouganda et au Congo-Brazzaville : l’objectif étant d’entériner, dès 2014, la création de la Caric lors du prochain sommet panafricain.