Huit ans après l’éviction de maître Obiang Edzo à la tête de la Chambre nationale des huissiers de justice du Gabon (CNHJG), le tour est revenu, le 21 juin dernier, à maître Eliane Oberdeno de goûter à la destitution de son équipe avant le terme de son mandat.
L’affaire, révélée par le journal Echos du Nord, le lundi 1er juillet, a comme un goût de «putsch». En effet, après l’élection par la Chambre nationale des huissiers de justice du Gabon (CNHJG) d’un nouveau bureau directeur provisoire, vendredi 21 juin dernier, il apparaît désormais que la crise au sein de ladite Chambre est bien loin de trouver son épilogue tant les destitutions et le nombre de mandats écourtés commencent à jeter le doute et quelques peu d’inquiétudes chez ses différents membres.
Ainsi, portée à la tête de la CNHJG en 2011 pour une durée de trois ans, maître Eliane Oberdeno était chargée de mener à bon port la barque de cette organisation qui, avec l’épisode de la destitution de son ancien responsable, maître Alain Daniel Obiang Edzo, commençait à tanguer, manquant de renverser tout son équipage.
Aujourd’hui, rebelote. En assemblée générale extraordinaire, «près de 80%» des huissiers de justice du Gabon, membres de l’organisation, auraient donc manifesté leur ire en retirant la gestion de l’organisation à l’équipe conduite par maître Oberdeno. La raison, disent-ils dans le procès verbal de leur réunion, vient de «l’immobilisme» dont fait preuve l’équipe de l’ancienne présidente qui, indiquent nos confrères, ne semble pas vouloir se soumettre à cette fâcheuse décision, d’autant plus que cette même raison avait déjà été évoquée par des huissiers lors de la destitution, en 2005, de maître Obiang Edzo.
Sauf que cette fois-ci, note le nouveau président de la CNHJG, maître Yves Roland Nguema, l’immobilisme des précédentes équipes dirigeantes s’est parfaitement illustré par leur incapacité ou leur refus à innover et à actualiser les statuts d’une organisation vielle de plusieurs décennies. Pour lui, «la loi 11/70 du 17/12/1970 portant statut des huissiers de justice est, dans une large mesure devenue inadaptée au contexte juridique du moment». En effet, indique Echos du Nord, «la profession d’huissier fonctionne encore sur la base d’un texte qui ne prévoit pas l’existence d’un Chambre nationale d’huissier pourtant en activité et reconnue par la tutelle. […] Tout comme il ne fixe pas de manière incontestable le cadre dans lequel l’immunité de poursuites pénales attachées à l’exercice de la profession est de rigueur».
Un échec donc de la part de Me Oberdeno, selon les 21 membres à l’origine du «putsch». Et même qu’une source, relayée par le journal, prétend que le choix porté sur maître Oberdeno, en 2011, se serait justifié dans un premier temps par sa «proximité» avec la famille d’Ali Bongo ; un lien qui aurait pu servir à la corporation, notamment à convaincre le pouvoir en place de prendre un nouveau texte en faveur des huissiers de justice gabonais.



