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Jonas Moulenda fait valoir sa clause de conscience

Jonas-Moulenda2Dans une lettre publiée sur sa page Facebook à l’attention de ses amis et aux passionnés de sa plume, Jonas Moulenda, le journaliste du quotidien national «L’union», spécialiste des faits-divers, a annoncé sa décision de partir de la rédaction du plus grand et ancien quotidien gabonais.

Le quotidien L’union apprendra à faire désormais sans son chef de rubrique «Faits-divers et Justice», Jonas Moulenda. Celui-ci a décidé de rompre le contrat qui le liait à l’entreprise. Pour l’auteur des récentes philippiques à l’adresse du Premier ministre Raymond Ndong Sima, du président Ali Bongo Ondimba et de Dieu, la vie d’un journaliste engagé au service de la vérité n’est pas un long fleuve tranquille. Les conditions devenues extrêmement difficiles depuis 2009, avec une pression exercée sur sa personne par des gouvernants exaspérés par sa liberté de ton, seraient à l’origine de cette rupture.

«C’est avec le cœur étreint d’émotions que je vous écris ce soir pour vous annoncer une décision douloureuse que je viens de prendre après une profonde réflexion. Comme vous le savez, il est des moments dans la vie où chacun de nous est appelé à choisir la direction à prendre même si l’issue de celle-ci semble incertaine. C’est ce qui m’arrive présentement», a indique Jonas Moulenda à l’entame de son mot sur Facebook avant de rassurer que personnellement, il ne regrette jamais ses choix. «Je suis plutôt aveuglé par le chagrin de ce qu’aurait été ma vie si j’avais choisi un autre chemin», a-t-il confié. «Ma démarche n’est pas une fuite en avant, loin s’en faut. Je voudrais tout simplement faire valoir ma clause de conscience et laisser en paix les gouvernants avec ‘’leur’’ journal, qu’ils voudraient transformer en une caisse de résonance», a précisé le journaliste justifiant d’une certaine manière à sa décision.

On devrait donc en convenir : le Rubicon a été franchi. La clause de conscience, mode de rupture spécifique à la profession de journaliste, permet en effet à celui-ci, jusque-là tenu par un lien de subordination en tant que salarié, de se refuser «à partager les variations de doctrine ou d’opinion du journal auquel il collabore». Selon Jean-Loup Durand, spécialiste français du droit de la presse, la clause de conscience évite au journaliste d’avoir à résister «à une tendance du journal en désaccord avec sa ligne de pensée personnelle» et de renier sa propre pensée. Elle consacre ainsi le principe du «respect de la personnalité du travailleur».

«Oui, je m’en vais. Je suis fatigué d’être muselé. Si le fait d’être journaliste de L’Union me dépossède de ma liberté d’opinion, je préfère m’en aller. Mes prises de positions exaspèrent nos dirigeants. Pour dispenser le directeur de la publication de L’Union du sort subi par son prédécesseur, il vaut mieux que je parte, mes prises de position personnelles étant perçues comme un crime de lèse-majesté», insiste Jonas Moulenda dans son post.

En réalité, selon Jonas Moulenda, le pouvoir demande sa tête depuis la tempête qu’il avait déclenchée en septembre 2009 avec sa série de reportages, sur les violences post électorales dans la capitale économique, intitulée «Je reviens de Port Gentil» et mettant à mal le bilan officiel de trois morts. Le 26 septembre 2009, son domicile avait été perquisitionné par des hommes qui refusaient de décliner leur identité avant d’emporter son répertoire téléphonique et diverses notes. Dans la nuit du 9 au 10 octobre de la même année, son domicile avait à nouveau été visité, après effraction, par des intrus qui s’étaient contentés de mettre en marche son ordinateur et de le consulter. En février 2010, un individu non identifié avait déposé à la rédaction du quotidien une lettre promettant au journaliste une mort prochaine.

«Je suis fatigué de subir des avanies et des persécutions parce que je refuse d’aller à Canossa. Loin de moi l’idée de capituler, j’ai décidé de partir de L’Union pour aller exercer ailleurs et mieux faire valoir mon talent. Le harcèlement, les sanctions fantaisistes et le dénigrement de ma personne à travers des journaux du pouvoir animés par de petits lapins à la recherche de la carotte, j’en suis lassé ! Tout ce que je demande à nos dirigeants c’est de me lâcher les baskets quand j’aurai quitté leur journal. La vie continuera. A 35 ans, j’ai encore beaucoup de choses à faire pour mon pays que j’aime tant», a martelé le journaliste démissionnaire.

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