Après le rejet par le conseil d’Etat gabonais de la demande d’annulation de la décision arbitraire de dissolution de l’Union nationale (UN), c’est désormais à la principale organisation continentale d’être saisie. Pour ce faire, le président dudit parti de l’opposition, Zacharie Myboto, accompagné de deux de ses compères, se sont rendus, dans la matinée du lundi 8 juillet, au cabinet de la présidente de la Commission de l’Union africain (UA).
Ainsi que le rapporte le journal Echos du Nord, en début de semaine, la matinée du lundi 8 juillet 2013 a été marquée par la visite de Zacharie Myboto chez Nkosazana Dlamini Zuma. En effet, indique le journal, le président de l’UN, accompagné de Casimir Oye Mba et de Jean Pierre Rougou, tous deux vice-présidents de ce parti politique de l’opposition dissout par l’arrêté n°001 du 27 janvier 2011, aurait pris la décision de rencontrer la présidente de la Commission de l’UA.
Il s’agit pour Zacharie Myboto de briefer la patronne de l’Union africaine sur le différend qui opposait le parti dont il continue d’assumer la charge avec le pouvoir en place et sur les nombreux déboires auxquels l’UN ferait face depuis son éviction de la sphère politique nationale. Pour Myboto, qui n’a pas cessé de fustiger l’attitude du président de la République, celle du gouvernement et notamment la subjectivité du ministère de l’Intérieur, l’affaire devait se régler ailleurs que sur le sol gabonais, faute de quoi, son parti serait voué à disparaître.
Ainsi, dans une correspondance adressée à la présidente de la Commission de l’UA, il indiquait que la décision de dissoudre l’UN était «inconstitutionnelle et inique», et «se fondait sur le fallacieux prétexte de la prestation de serment d’un candidat indépendant à l’élection présidentielle (de 2009), devenu par la suite membre fondateur de l’Union nationale» ; une «injustice» dont les trois responsables dudit parti, littéralement passé à la clandestinité, ont souhaité entretenir Mme Nkosazana Dlamini Zuma.
Conscient que, si elle continue d’être appliquée, l’interdiction pour les dirigeants de l’UN de former un nouveau parti politique ou d’exercer des responsabilités dans un autre parti existant pendant une période de 5 ans, sonnerait le glas de ces hommes politiques engagés dans le développement du pays, la délégation qui s’est rendue, pour trois jours à Addis-Abeba, espère contrecarrer la décision des autorités gabonaises afin de retrouver leur rôle dans la sphère politique nationale. A cet effet, la formation politique avait multiplié les contacts avec de nombreuses personnalités bien perçues au sein de l’UA, depuis la présidence du gabonais Jean Ping jusqu’à l’accession de Dlamini Zuma à la tête de l’institution : une stratégie d’approche habilement menée par Jean Pierre Rougou et dont le succès semble être atteint.
En effet, rapporte Echos du Nord, l’homme à qui Myboto avait confié la lourde tâche d’obtenir une audience avec la principale responsable de la Commission de l’UA, se serait «engagé dans un lobbying auprès de nombreux diplomates afin de convaincre ces derniers de la justesse de la cause de l’Union nationale» ; ce qui aurait donc permis au président de l’«ex-UN» de faire la rencontre de plusieurs chefs d’Etat dont Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale sénégalaise, et bien d’autres qui ont promis de se faire les avocats de la cause de l’UN afin que sa dissolution soit annulée dans un proche avenir.
La rencontre entre les trois émissaires de l’UN et Dlamini Zuma ayant donc été rendue possible, il reste alors à Myboto et les siens, pendant les prochaines séances de travail avec les personnalités de l’institution africaine, de se différencier de la plupart des partis et coalitions dites de l’opposition gabonaise, et de se comporter comme tel afin de jouer pleinement leur rôle en tant que force de proposition pour le pays.