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Projet e-visa : une entourloupette de 653 millions de FCFA

e-visaLa direction générale du Budget, particulièrement son patron Yves Manfoumbi, s’est donnée porteur d’un projet dénommé e-visa, surfacturé, attribué sans respect du Code des marchés publics et portant en réalité sur la simple construction d’un site Internet. 653,7 millions de francs CFA TTC.

Conclu en novembre 2012, un marché dénommé «Projet e-visa» et ayant «pour objet d’assurer la livraison d’un site Internet permettant de délivrer et de payer les visas d’entrée sur le territoire gabonais par les ressortissants étrangers», a été facturé à 590 millions de francs CFA, mais s’est élevé à 653,72 millions de francs CFA toutes taxes comprises.

Un montant exorbitant, il faut reconnaitre, pour la construction d’un site Internet, un site comme evisa.gov.tr, comme visa-cambodia.com et comme beaucoup d’autres sites permettant d’acheter ou obtenir, en ligne, le visa d’entrée dans certains pays. Généralement, ce type de site comporte une application permettant de remplir un formulaire, ce qui est basique ; un système sécurisé de paiement par carte de débit (Mastercard, Visa, etc.) ou par virement bancaire (également devenu banal) et un dispositif de téléchargement (également basique). Une recherche rapide permet de savoir qu’un tel site, avec paiement sécurisé, prend 5 à 20 jours de travail pour être réalisé et coûte entre 2500 € et 10000 €, donc 6,5 millions de francs CFA chez les prestataires les plus chers. On peut y rajouter 20% (environ 1,3 million de francs CFA) pour chaque langue supplémentaire dans laquelle le site devra être traduit. Même pour un site traduit dans les quatre principales langues du monde des affaires, on ne saurait avoir une facture de 590 millions de francs CFA.

Selon le contrat dont Gabonreview a consulté une copie, le marché de mise en place, au Gabon, de ce système e-visa a été attribué à une entreprise dénommée «Intégrateur de Solutions Informatiques» (ISI), représenté par un certain Emilien Okossi Nouho. Le deal a été conclu par Yves Manfoumbi, directeur général du Budget, administrateur de crédits, et a bénéficié des visas du directeur général du Contrôle des ressources et charges publiques, Jean Fidèle Ontandault. Dans une correspondance datée du 24 septembre 2012, Maixent Nkani Accrombessi, directeur de cabinet du président de la République, indique à Yves Manfoumbi que le «Président Chef de l’Etat a apprécié la présentation des opportunités que la mise en place du système e-visa apporterait sur le plan économique au Gabon et dont vous prévoyez le démarrage d’ici la fin de l’année 2012». A ce jour, cependant, aucun haut cadre ou décideur du ministère des Affaires étrangères interrogé n’a eu connaissance de ce projet. Si, dans les pays qui en disposent, c’est ce ministère de souveraineté qui gère ce type de site, au Gabon, il s’agit du «projet e-visa de la Direction Générale du Budget», ainsi que l’a spécifié Yves Fernand Manfoumbi dans une correspondance datée du 27 novembre 2012.

Dans cette correspondance, Yves Manfoumbi à qui Maixent Accrombessi a demandé d’examiner «les détails relatifs à la faisabilité, ainsi qu’au rendement de cet outil, que vous estimez à cinq cent quatre vingt dix millions de Francs CFA», sollicitait du directeur général des marchés publics «au regard de l’urgence […] un visa de non objection pour la régularisation de ce dossier de dépense sans qu’il soit nécessaire de faire appel à la concurrence». Un appel d’offres est pourtant exigé par la loi pour tout marché excédant 30 millions de francs CFA ; à moins qu’on ne soit dans un cas d’extrême urgence ou que la prestation nécessite l’emploi d’un brevet d’invention, d’une licence ou de droits exclusifs détenus par un seul entrepreneur ou un seul fournisseur. Est-ce bien le cas avec l’entreprise ISI d’Emilien Okossi Nouho ? Joint au téléphone, un proposé de cette entreprise ne pouvant même pas en indiquer le siège, s’est contenté de dire que l’entreprise était mal placée pour répondre aux questions relatives au projet e-visa.

Ce marché, à la surfacturation hypertrophiée et passé par entente directe, a bénéficié, de plus, d’un délai d’exécution de 60 mois, là où il faut un mois tout au plus. Et il est question, dans le rapport de présentation, de la «fourniture d’un logiciel», là où il faut seulement réaliser un site Internet à paiement sécurisé sur la base d’un code html. Soit, les technocrates gabonais ne comprennent rien à rien et se font blouser par le premier emberlificoteur venu, soit ils savent bien de quoi il retourne mais acceptent n’importe quoi dans la perspective d’un bakchich ou d’une ristourne.

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