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Mariage: le casse-tête de la dot

dot-1La fin des vacances avec une saison sèche ayant été largement propice à la régularisation des concubinages et autres vies en commun ou en couple, conduit à s’attarder un tout petit peu sur la question de la dot, devenue cruciale dans le mariage. Si les uns et les autres sont souvent heureux de trouver femme à leur pointue et de les mettre à la maison, comme on dit, la pilule de la dot est souvent très difficile à avaler à certains moments. Petit tour dans l’univers du mariage traditionnel à Libreville.

En son temps et selon les ethnies, les coutumes et les clans, la kola, quelques étoffes, une enclume, une lance, quelques bouteilles et autres présents étaient des symboles nécessaires à la conclusion d’un mariage sérieux et durable. Aujourd’hui, personne ne peut vraiment plus croire qu’une vulgaire étoffe ou une enclume, quelle que soit sa charge symbolique, suffise pour obtenir la main d’une femme.

Petit cas pratique, arrivé non loin de chez vous. Un homme de 38 ans décide d’officialiser sa relation de quatre ans, assortie d’un enfant, avec sa concubine. Après avoir acquis les biens listés par sa future belle-famille, il se déporte vers le village pour la cérémonie de dot. Alors que les pourparlers battent leur plein, un oncle de sa fiancée trouve que les biens apportés sont insuffisants et qu’il doit encore faire un effort. Devant la résistance de l’épouseur, l’oncle l’invite à aller voir ailleurs si les filles valent si peu.

Malheureux et humilié, avec les membres de sa famille, ils remballent chèvres, moutons morues, pagnes neufs, paire de Mack-Joss, dames-jeannes de vin rouge, casseroles, machettes ainsi que le costume et la robe qui étaient destinés aux beaux-parents. En route pour regagner la ville, l’épouseur refoulé est intercepté par un père moins prétentieux, désespèrant de voir ses sept filles célibataires trouver un époux. Pour la même quantité de biens, l’homme choisit simplement une des filles et lève le camp. Or, frustrée et en colère, sa promise initiale prend sur elle de rejoindre son «foyer» sans pour autant avoir été «dotée». Et voilà l’homme devenu polygame et la femme aux parents trop cupides contrainte à la rivalité. La faute aux caprices d’un oncle un peu trop gourmand.

Il est clair que la dot n’est plus seulement symbolique et représente, dans certains cas un véritable investissement. Surtout si la fille convoitée a fréquenté de grandes écoles et universités et est détentrice de diplômes. La réputation de certaines ethnies du Gabon en matière de dot exorbitante est d’ailleurs établie et elle ne gène pas le moins du monde ces ethnies. Elles continuent d’ailleurs la surenchère et semblent avoir indexé la dot au coût de la vie, sinon au cours du dollar. On ne va pas les énumérer. Mais on sait que des demandes les plus saugrenues et farfelues sont souvent exigées juste pour compliquer l’existence au prétendant. Parfois, certains membres de la famille voient en la dot le moyen le plus sûr d’entrer en possession de leur objet de rêve. «Imaginez que lors de mon mariage, un vieux de 69 ans me demande une redingote qu’il avait vue dans un film italien et qu’il n’a jamais pu avoir. Cette histoire de redingote a fallu gâcher ce mariage. Sur place, on a dû lui verser un montant conséquent pour qu’il puisse laisser la cérémonie se poursuivre», raconte un jeune fonctionnaire qui s’est marié il y a trois ans à Libreville. «Moi, on m’a demandé une camionnette pour que le beau-père puisse souvent venir voir sa fille à Libreville», raconte un autre marié avant d’atténuer : «heureusement, ma femme s’était fâchée et ses parents ont laissé tomber»

La dot, autrefois partie de plaisir, terrain propice à de belles joutes oratoires, est donc devenue un exercice périlleux pour certains. «C’est à se demander si les gens sont conscients de leurs actes. Quand on dépouille ainsi un jeune qui démarre dans la vie, avec quoi imagine-t-on qu’il va nourrir la femme qu’il épouse? Et dire que les mêmes présentent des doléances dans les jours qui suivent, sous prétexte que la dot ne finit jamais. C’est de l’escroquerie», dénonce un autre jeune homme de 30 ans.

L’expérience montre désormais que certains couples à peine mariés sombres dans les problèmes. La faute à ces exigences et demandes inopportunes qui alourdissent la dot. Et c’est là que des dettes et crédits sont contractés auprès des particuliers et des banques pour satisfaire ce qui, autrefois, se faisait à titre symbolique. Et voilà que de jeunes couples commencent leur vie avec des problèmes et l’horizon en pointillé à cause de la dot.

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