Le président du Centre des libéraux réformateurs (CLR), Jean Boniface Assélé, est revenu, dans une interview exclusive à ‘’Gabon Matin’’, sur le transfert massif des électeurs, l’achat des consciences dont les populations sont l’objet en période électorale et parlé de la nécessité, pour lui, de revisiter les dispositions de l’article 48 du Code électoral gabonais, des balbutiements constatés lors des opérations d’enrôlement, les liens entre son parti et les autres forces de la majorité…
Répondant à une question sur le transfert massif des électeurs, le président du CLR a parlé ‘’de pratique non autorisée’’, déplorant que ‘’l’article 48 de la loi 7/96, portant dispositions communes à toutes les élections politiques en République gabonaise n’ait pas été modifiée’’.
‘’Lorsqu’on fait un transfert massif des électeurs d’un coin à un autre, on peut penser que ceux qui sont à l’origine de cela n’ont pas d’assise valable dans la circonscription. Quant à ceux qui se laissent transporter comme du bétail, ils ne savent pas pourquoi ils s’y rendent, dans la mesure où leurs intérêts ne sont pas là-bas’’, a stigmatisé M. Assélé dénonçant ‘’une disposition du code électoral anormale’’. ‘’C’est à ce niveau que se trouve toute la difficulté que le Gabon a d’organiser des élections crédibles, libres et transparentes’’, a insisté M. Assélé.
La Cour constitutionnelle a déjà été sollicitée pour revoir cet article incriminé. ’’ La Cour constitutionnelle a déjà été sollicitée, suite à cette sollicitation elle avait demandé au Sénat et à l’Assemblée nationale de revoir cette disposition de l’article 48 du code électoral. Je dis que la Cour a souhaité que les choses s’améliorent et se fassent autrement, sans pour autant que les lignes à propos ne bougent’’, a rappelé M. Assélé qui estime que ce façon de faire entache l’image de la jeune démocratie gabonaise.
‘’Bien sûr que si ! Une chose est certaine, c’est qu’à travers ce transfert massif, on procède à l’achat des consciences’’, a reconnu le président du CLR qui ‘’crois que l’article 29 de cette même loi précise que la fraude, le transfert des électeurs, l’empêchement et la séquestration entachant la régularité d’un scrutin, peuvent entrainer son annulation’’.
‘’Le même article 48 du code électoral dit que l’inscription sur une liste électorale est individuelle, volontaire et personnelle. Lorsqu’on met des personnes dans des avions, des voitures pour aller se faire enrôler et voter, on enfreint l’article 48 du Code électoral’’, a indiqué M. Assélé.
Le président du CLR reconnait que le gabonais n’a pas encore véritablement acquis la culture politique. ‘’J’ai soutenu le président Ali Bongo, avec l’espoir qu’il ferait changer les choses. Il se bat pour cela. Il fait des efforts, c’est vrai ! Mais, ce n’est pas encore suffisant. Parce que les vieux démons, lorsqu’il est question des élections, achètent les consciences des Gabonaises et Gabonais’’, évoquant le désordre au sein de la majorité.
‘’Il y a du désordre. Beaucoup reste à revoir. Comment comprendre que dans un pays comme le nôtre, des personnes incriminées pour des irrégularités constatées lors de scrutins et traduites devant la Cour constitutionnelle, qui ont vu leur élection être annulée, se retrouvent dans la course, une fois le vote repris’’, s’st interrogé le président du CLR proposant la révision de l’article 48.
‘’Le CLR propose que les dispositions de l’article 48 du code électoral soient revisitées, que le critère de résidence soit maintenu et renforcé, avec une précision quant à la durée, qui pourrait osciller entre un an et deux ans’’, a préconisé le président qui souhaite voir ‘’l’administration prendre ses responsabilités en faisant les choses correctement et que la Cour constitutionnelle apprenne à la condamner’’. Se défendant de faire le transfert massif des électeurs.
‘’Nous ne voulons pas faire les choses de cette manière. On se veut sérieux et honnêtes au Centre des libéraux réformateurs. Nous voulons gagner dans la paix, dans l’honneur également’’, a indiqué M. Asselé exprimant le vœu de voir le président Ali Bongo Ondimba remporter les élections en 2016.
‘’Notre souhait est qu’en 2016, le président de la République, Ali Bongo Ondimba, rebelote. La bataille électorale de 2016 se déroulera dans les grandes villes, parmi lesquelles Libreville. Je crains donc qu’en transportant les populations de Libreville vers d’autres localités, les acteurs politiques, auteurs de cette pratique antidémocratique, posent un acte qui pourrait se retourner contre l’actuel chef de l’Etat’’, a prévenu le président du CLR qui pense que ‘’cette manière de faire peu se retourner contre le chef de l’Etat en 2016.
‘’Il faudrait que le président Ali Bongo le comprenne. Cette manière de faire, dans les rangs du parti au pouvoir, pourrait se retourner contre lui. Ceux qui sont du même bord que nous, voire son entourage, ne lui rendent pas service. Dans deux ans, cette gymnastique pourrait ne pas être possible ! Le vote dans les localités reculées n’a pas la même valeur que dans les grandes capitales’’, a conclu M. Assélé