Soulevée depuis quelques années, l’hypothèse selon laquelle être circoncis réduit les risques de contaminations par le VIH/SIDA vient d’être confirmée par une étude menée entre 2007 et 2011 sur les hommes d’un bidonville d’Orange Farm en Afrique du Sud. Seul bémol, cet usage de prévention est inefficace chez les homosexuels, selon la même étude.
Bonne nouvelle pour les circoncis hétérosexuels. Selon une étude réalisée pour vérifier ce qu, pendant quelques années, relevait du domaine de la pure supposition, et publié le 3 septembre dernier par la revue américaine scientifique Plos Medecine, «le fait d’être circoncis» réduit les risques de contamination par le VIH/SIDA.
«L’effet protecteur de la circoncision sur le risque d’être infecté par le VIH chez l’homme avait déjà été montré dans un essai clinique réalisé en 2005 en Afrique du Sud, et confirmé par des essais au Kenya et en Ouganda, mais nous n’avions pas la preuve jusqu’à présent que la méthode était utilisable dans la vraie vie et à grande échelle», a déclaré le Pr Bertran Auvert qui a dirigé la nouvelle étude publiée sur Plos Medicine et relayé par l’AFP.
Conduite par des chercheurs français, américains et sud-africains, entre 2007 et 2011 à travers un programme de circoncision volontaire et médicalisée à grande échelle, sur 20 000 hommes âgés de 15 à 49 ans d’un bidonville d’Orange Farm en Afrique du Sud, les résultats obtenus à l’issue de l’étude confirment les dires et attestent que la pratique réduit de 60% le risque d’être infecté par le VIH.
Selon les chercheurs, durant la durée de l’étude, le taux d’hommes circoncis du bidonville d’Orange Farm est passé de 12% à 53%, voire même à 58%, chez les moins de 29 ans. Et ce n’est pas fini. La circoncision s’est dévoilée principalement efficace chez les 15-29 ans. Ces derniers estiment que le nombre d’infections par le SIDA aurait été de 28% plus élevé si ces individus n’avaient pas été circoncis au préalable.
Selon les propos de Bertran Auvert, investigateur de l’étude et professeur de santé publique à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, «les hommes circoncis sont deux fois moins infectés par le virus du SIDA que les hommes non circoncis. Si 20 millions d’hommes étaient circoncis dans les 14 pays d’Afrique Australe et de l’Est qui concentrent plus de la moitié des malades dans le monde, on pourrait réduire l’épidémie de 25%».
Selon les déclarations des chercheurs américains, français et sud-africains, la circoncision réduit considérablement la surface de peau comportant de nombreuses cellules immunitaires très sensibles au SIDA. L’opération fait développer sur la muqueuse une couche de cellule semblable à celles recouvrant la peau et qui limite l’entrée du VIH. «Chaque fois qu’on fait 5 circoncisions, on évite une infection par le VIH dans les 15 ans qui viennent», a ajouté le Pr Auvert.
N’empêche que, selon la même étude, l’acte de la circoncision est inefficace dans les pratiques homosexuelles. Cela revient au même qu’on soit circoncis ou pas. «Il est illusoire de penser que la circoncision peut apporter quoi que ce soit dans la situation (de la contagion des homosexuels)», a déclaré le Pr Auvert. «La circoncision confère une petite protection lorsque l’homme circoncis à un rapport insertif avec un homme séropositif mais pas lorsqu’il est pénétré» a expliqué le professeur. «Or dans la communauté homosexuelle, ces rôles insertif et réceptif changent beaucoup (…) On ne peut donc pas envisager de faire de la circoncision une méthode de prévention chez les homosexuels», a-t-il précisé.
Un prochain programme initié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Onusida doit débuter bientôt et a pour objectif de circoncire 30 millions d’hommes. Une autre étude est en réflexion, dans le but de connaître l’impact de la circoncision sur les risques d’infection chez les femmes.
