Au regard de l’affluence suscitée par l’opération d’enrôlement biométrique à une semaine de la fin du processus, aux déplacements massifs des populations prêtes à souffrir pour prendre part à cette opération et aux témoignages relatifs à la récupération ou la reproduction du récépissé d’enrôlement par certains hommes politiques, il importe de s’interroger sur la stratégie de l’opposition pour contrer la détermination du Parti démocratique gabonais (PDG), consistant à gagner par tous les moyens.
Après avoir essuyé, à maintes reprises, le refus de la société Gemalto de se plier à leurs jérémiades sur la coexistence des projets Iboga et Pibog, et la sourde d’oreille du ministre de l’Intérieur, Jean François Ndongou, quant à la demande de suspension du processus d’enrôlement lancé et exécuté avec plusieurs manquements, l’aile dur de l’opposition gabonaise, incarnée par l’Union des forces de l’alternance (UFA) conduite par Jules Aristide Bourdes Ogouliguendé, semble être résolue à imiter les autres formations politiques dans l’exercice consistant à appeler la population à aller se faire enrôler.
Bien que relevant de l’esprit patriotique du fait que cette opération d’enrôlement a été initiée sans une véritable communication susceptible de mieux informer la population sur son intérêt, l’action de l’opposition est allée plus loin car c’était également une occasion pour ses ténors d’annoncer leurs candidatures pour les différents sièges mis en jeu. Cette fois, fini la politique de la chaise vide. Toute chose qui laisse à croire, que c’est Maître Louis Gaston Mayila qui a compris le fonctionnement du système politique gabonais, car avec ou sans ces leaders de l’opposition le Parti démocratique gabonais (PDG) ira aux élections et raflera, comme aux législatives de 2011, la quasi-totalité de sièges à pouvoir.
Cette position des membres de l’UFA laisse dubitatif la plupart des Gabonais qui pressentaient un boycott des élections locales en préparation, au point que ces derniers se demandent s’il est encore question de l’intérêt commun de la nation, ou simplement d’intérêts politiciens ? Car rien n’explique cette volte-face.
«Que l’appel de l’opposition à aller se fait enrôler sur la liste biométrique soit pour nous permettre de figurer sur le nouveau fichier d’état civil, est une bonne chose, c’est même une initiative salutaire. Mais qu’en plus de cela, ces hommes à qui nous faisons dorénavant confiance, nous annoncent qu’ils sont candidats pour un scrutin qui se prépare mal avec des irrégularités qu’eux-mêmes ont décriées et qui ne sont pas réglées, relève d’un dédain à notre endroit», a fustigé Yves un citadin du premier arrondissement de Libreville. «C’est du fait de ce genre de choses que mes frères Gabonais disent on va encore faire comment ? Car on sait plus à qui faire confiance», a-t-il ajouté.
