Cette année encore, c’est désormais connu, rien ne s’est véritablement passé comme prévu avant la rentrée des classes. A l’heure où élèves, parents d’élèves et enseignants s’interrogent sur l’avenir au regard du manque de salles de classe et des effectifs sans cesse grandissants, des personnalités du pays se rejettent inlassablement la faute.
Qui de Séraphin Moundounga ou du président Ali Bongo a grugé le peuple ? La question, d’apparence anodine, mérite tout de même d’être posée au regard du retard, si ce n’est de l’arrêt de la plupart des chantiers de l’Education attribués à l’Agence nationale des grands travaux (ANGT), comptant pour l’année scolaire en cours. En effet, au retour de sa récente visite sur les différents chantiers, le ministre de l’Education nationale, d’habitude jovial, a laissé apparaître quelques signes de mécontentement. Pour cause : le Chef de l’Etat, dans son allocution du 17 août dernier, avait promis aux populations gabonaises, et notamment aux apprenants, la construction de 400 nouvelles salles de classes à travers le pays. Mais lors de sa récente visite sur lesdits chantiers, le constat fait par le ministre n’était pas pour plaire. Ali Bongo aurait-il menti, pourrait s’interroger Séraphin Moundounga qui sera à nouveau victime des critiques les plus violentes, aussi bien de la part des enseignants que celle des parents d’élèves.
Ainsi, tous ceux qui avaient applaudi des deux mains l’annonce du Chef de l’Etat de pourvoir les établissements scolaires du pays de 400 nouvelles classes, seraient tombés de haut, constatant que rien, sinon presque, n’avait été réellement entrepris sur le terrain. Face a cela, comme il est de coutume en République, l’on s’est rejeté la faute de façon éhontée. Pour le ministre qui, on en convient aurait dû (et pu) se rendre plus tôt sur les chantiers pour éviter toute mauvaise surprise, la faute est à l’adjudicataire du marché : l’ANGT de Jim Dutton dont Ali Bongo serait le président du comité d’administration (PCA). Mis bout à bout, si l’on se donne la peine «spéculer», le non-avancement des travaux incomberait donc au Chef de l’Etat. Soit !
Mais ce qui aurait davantage courroucé Séraphin Moundounga, le ministre de l’Education nationale, est de s’entendre dire par des chefs de chantiers employés par l’Agence que l’arrêt des travaux, dans la plupart des sites identifiés par l’Agence, s’est fait au cours du mois d’août 2013, soit quelques jours seulement après l’allocution du Chef de l’Etat pour certains, et pour d’autres bien avant.
Qu’est-ce qui a coincé, s’est interrogé le ministre bien que la réponse à cette question ait été évidente, depuis le temps. Interrogé par le ministre devant des confrères, un chef d’entreprise avait alors indiqué le « défaut de financement » comme principale raison du non-avancement des travaux son chantier. Toute chose qui avait achevé l’humeur de Moundounga. Ainsi, cette année encore, le ministre de l’Education nationale aura du mal à convaincre les populations de sa bonne volonté de faire du système éducatif gabonais l’un des meilleurs d’Afrique, avec les infrastructures adéquates. Cette année encore, les effectifs dans les salles de classes seront aussi pléthoriques que les années précédentes.