Occultée depuis un bon moment, l’affaire des emplois fictifs à la Direction provinciale des Travaux Publics d’Oyem attire désormais l’attention sur ses principaux responsables, surtout depuis que les employés s’en insurgent et montent au créneau.
Oyem, chef-lieu de la province du Woleu-Ntem bruissait, depuis un bon moment, d’une rumeur faisant état de plausibles détournements répétitifs de fonds à la Direction provinciale du ministère des Travaux publics. Une curieuse affaire indexant le principal responsable de cette administration qui aurait subtilisé plusieurs millions de francs CFA. Mais, un problème d’emplois fictifs est venu s’y ajouter avec la grève entamée le 31 octobre dernier, par les agents de ce démembrement des TP, pour s’insurger contre l’apparition, dans les états financiers de la structure, d’une trentaine de noms qu’ils ne reconnaissaient parmi leurs effectifs.
En effet, dans une correspondance adressée par le directeur provincial des TP, Lilian Adande Gomes, au chef de la Délégation de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) de l’Ogooué-Ivindo et du Woleu-Ntem, des noms d’agents non connus des autres, officiellement en activité sur les sites du Woleu-Ntem, apparaissent dans les états financiers de l’administration. L’affaire a été portée sur la place publique par les agents «officiels» qui disent ne pas être traités convenablement à la grande indifférence du DG qui, dit-on, bénéficie du soutien d’un influent homme politique de la place. Soutien qui n’aurait, semble-t-il, pas eu l’effet escompté puisque depuis le début de la grève des agents des TP d’Oyem, le DG Lilian Adande Gomes a provisoirement été destitué de ses fonctions par le ministère de tutelle. Preuve que la «politique» ne met pas toujours à l’abri.
Le ministère en charge des Travaux publics serait, selon des sources concordantes, tombé sur 29 bulletins de salaires d’agents fictifs officiellement déclarés par le DG mis en cause. Ceux-ci percevaient donc depuis plusieurs années de l’argent indûment versé par le Trésor public. L’on parle de 9,8 millions de francs CFA, soit des bons de caisse s’élevant pour certains d’entre eux à 315 000 francs CFA chaque mois, quand le salaire des agents se tuant à la tâche variait entre 115 000 francs à 250 000 francs CFA. Une injustice dont se serait délecté Lilian Adande Gomes et certains de ses présumés «complices».
Ce qui laisse tout de même sans voix c’est la facilité avec laquelle le Trésor d’Oyem «avalait» la supercherie comme du petit lait, durant de longues années. En effet, sachant qu’il s’agissait, pour la plupart (sinon toujours) des bons de caisse, l’on imagine mal comment l’institution financière publique ne s’est pas rendu compte de l’abus. Une enquête devrait être ouverte en vue de voir clair dans cette affaire, si cela n’a pas encore été fait. L’on pourrait aisément penser que le responsable du Trésor provincial est de mèche avec les fraudeurs dans le sens où son administration ne s’est pas assurée de la présence physique de chacun des 119 bénéficiaires des salaires recensés par Lilian Adande Gomes à la direction provinciale des TP d’Oyem. Une affaire qui n’a pas fini de faire du bruit.