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Ali Bongo, «Super man» pour la jeunesse et «Super vilain» pour le gouvernement

Scène de rue, le 4 décembre à Libreville. © Facebook.com/infoskinguele
Scène de rue, le 4 décembre à Libreville. © Facebook.com/infoskinguele
Mieux que nos sapeurs-pompiers, reconnus pour leur retard peu importe le lieu où ils doivent intervenir, le président de la République, Ali Bongo Ondimba, vient de sauver les meubles avant que l’irréparable ne se produise entre les forces de l’ordre et les lycéens qui protestaient contre les réformes pensées par les Etats généraux de l’Education de mai 2010.

Débuté très timidement avec les lycées, national Léon Mba de Libreville, Jean-Jacques Boucavel de Mouila et d’État d’Oyem, la marche de protestation contre certaines réformes engagées dans le secteur de l’Education nationale à l’issue des États généraux de l’Éducation et conformément aux instructions du président Ali Bongo Ondimba, a évolué de plusieurs crans le 4 décembre dernier, suscitant le sursaut du numéro gabonais.

Ainsi, soucieux de l’avenir de sa jeunesse et de l’importance qu’il lui accorde, Ali Bongo a décidé avec la plus grande promptitude de surseoir à la mise en œuvre ses réformes querellées, notamment les nouvelles conditions d’admission en classe de seconde et celles relatives au baccalauréat. Pour certains observateurs, cette réaction qualifiée de «sage» trouverait sa raison, dans la peur que pourrait nourrir le chef de l’Émergence quant aux surprises qu’aurait pu réserver, à ses troupes, les électeurs au soir du 14 décembre prochain, jour du scrutin des locales en cours.

«C’est quand même mesquin de toujours chercher à faire porter la responsabilité des ras-le-bol des Gabonais à nos opposants. Doit-on déduire, par les dires du président de la République et de ses camarades du PDG, qu’ils n’ont aucune légitimité et que le nombre important des Gabonais qui manifestent aussi bien dans le secteur de l’éducation que dans bien d’autres, à l’exemple de la communication, de la Caisse nationale de sécurité sociale, du ministère des travaux publics et j’en passe, sont des militants de l’opposition ? Ce bord politique est-il devenu maintenant plus représentatif que le parti de masse pour mettre en mal l’émergence de l’autre?», s’est interrogé, faisant la queue dans une boulangerie, un quidam.

«Arrêtons ces justifications au rabais et reconnaissons nos faiblesses et nos erreurs. Depuis un moment l’expression à la mode pour justifier le mécontentement des Gabonais c’est : il s’agit d’une instrumentalisation à des fins politiques. Qui instrumentalise qui ?», a-t-il poursuivi.

Cette deuxième sortie d’Ali Bongo Ondimba en faveur de l’avenir de la jeunesse Gabonaise, après le refus du ministre de l’Education nationale de réhabiliter les fraudeurs qu’on avait appelé les «pré-recalés du baccalauréat 2013», apparaît pour Yves Moukagni, un agent de santé, comme «un aveu de ce que le gouvernement ne sert à rien, c’est toujours Super Ali qui règle les problèmes. En faisant ainsi, il ne pourra plus dire que le gouvernement ne fait rien ou qu’il a fait un mauvais casting et les ministres pourront, un jour, affirmer qu’ils n’ont jamais gouverné». Pour le gouvernement presque mis au ban, le président de la République pourrait passer pour un «Super vilain», pour reprendre l’expression des Marvel Comics Books, par opposition aux «Super héros».

Comme par hasard, en l’espace de cinq mois, deux décisions en faveur de la jeunesse ont été prises par le président de la République lui-même. Pour la première, il s’agissait de la création de la Commission chargée d’étudier «au cas par cas» les dossiers des 894 élèves réputés fraudeurs et proposés à l’exclusion ou au redoublement. Et cette fois il s’est agi de la décision de surseoir les réformes contestées, un peu comme une déculottée.

L’on se demande d’ailleurs qui a élaboré cette mesure dont le principal message est : si la rue bouge, l’exécutif s’exécute. La plupart des ministres et même Raymond Ndong Sima leur chef, étant en effet partis pour l’intérieur du pays où ils devaient lancer la campagne électorale qui démarrait le 4 décembre, ces mesures ont dû être élaborées au palais présidentiel, sans se référer aux départements ministériels concernés. Ce qui prouve que le gouvernement gabonais fait de la figuration. La présidence peut se passer de lui. Car, même devant l’urgence, des mesures conservatoires auraient pu être prises afin d’organiser un tour de table dont aurait sans doute débouché autre chose que ce renoncement aux conclusions des Etats généraux de l’éducation nationale. Le pouvoir n’avait pas à reculer de manière aussi spectaculaire, prouvant, pour certains observateurs, qu’il a été pris de panique.

Salutaire pour ce qui est de ramener le calme dans les rues et les lycéens dans les salles de classe, cette décision reste cependant ambigüe, car elle ne précise pas si ces réformes sont totalement suspendues ou si elles sont reportées juste pour cette année académique 2013-2014 qui n’a quasiment pas encore débuté de manière effective. Faut-il conclure que les Etats généraux de l’Education de mai 2010 avaient adopté des mesures infécondes ou inopérantes ? Ne vaudra-t-il pas alors les renier une fois pour toutes ?

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