La Société Equatoriale des Mines (SEM) annonce avoir généré en 2013 un chiffre d’affaires de 759 millions de Francs CFA provenant de la vente d’or collecté par sa filiale le Comptoir Gabonais de Collecte de l’Or (CGCO) auprès des mines artisanales exploitées au Gabon. Les résultats de cette première année d’activité du CGCO marquent une nette reprise en main de cette filière par l’Etat qui était jusqu’alors exploitée par des réseaux informels et engendrait de nombreux problèmes sociaux dans les zones d’exploitation.

« Sur 2013 nous avons collecté 42,9 kg d’or grâce à la création sur le terrain de comptoirs à Makokou et à Ndjolé et à des missions de plusieurs de nos agents sur les principales zones d’orpaillage. Mais notre objectif n’est pas simplement la collecte auprès des mines artisanales. Nous voulons entièrement restructurer cette filière qui depuis trop longtemps échappait au contrôle de l’Etat. Notre mission est à la fois de nous assurer que l’exploitation artisanale de l’or profite au Gabon et à ses citoyens, mais également que les artisans travaillent dans de meilleures conditions, dans le respect de la législation et de l’environnement. » a indiqué Fabrice Nze Bekale, le directeur général de la SEM.

Créée en 2011 par décret présidentiel, la SEM s’inscrit directement dans la vision du Président Ali Bongo Ondimba d’améliorer la gestion des ressources naturelles du Gabon et d’optimiser leur utilisation au profit du développement économique et social du pays. C’est dans ce cadre que l’Etat a confié à la SEM, sous la tutelle technique du Ministère des Mines, la tâche de restructurer l’activité d’exploitation minière artisanale de l’or et d’en être l’acheteur exclusif.

C’est à cette fin qu’a été créé le Comptoir Gabonais de Collecte de l’Or, filiale détenue à 100% par la SEM. Le CGCO a pour principales missions d’organiser la collecte de l’or à travers le pays et d’assurer la gestion et le suivi de la filière or au Gabon, notamment via l’amélioration des conditions de travail des mineurs.

Un enjeu majeur

L’or est exploité au Gabon depuis le début du XXe siècle. Depuis 1937, il est estimé qu’au moins 40 tonnes d’or ont été extraites des divers sites d’orpaillage présents sur l’ensemble du territoire national. La grande partie de cette production provient du traitement de l’or alluvial.

Le Ministère des Mines, présent sur les zones d’orpaillage pour effectuer l’achat de l’or extrait, recensait en 1990 plus de 1 500 orpailleurs et l’existence d’un système de contrebande vers le nord. Suite à l’épidémie d’Ebola en 1994 et à des attaques contre ses agents, le Ministère des Mines a été contraint d’abandonner cette politique.

Ces dernières années, l’exploitation par des réseaux de contrebandiers des mines artisanales du Gabon, outre qu’elle privait l’Etat et les Gabonais de tout bénéfice de cette exploitation, a posé des défis majeurs : immigration illégale, insécurité, conflits entre les orpailleurs et les populations locales, menaces sur l’environnement avec une forte augmentation des actes de braconnage.

La zone de Minkébé où les forces de l’ordre et l’armée ont dû intervenir à plusieurs reprises ces derniers mois est une parfaite illustration de la gravité du problème posé par le fonctionnement informel de cette filière.

La restructuration de la filière artisanale de l’or

Face à cette situation, le CGCO a progressivement mis en place en 2013 une politique de régulation sur les principales zones d’orpaillage en intervenant au niveau de l’achat et de la commercialisation.

« En complément des ouvertures de comptoirs, nous effectuons un travail de fond pour restructurer la filière artisanale de l’or et en assurer une gestion plus transparente. Nous avons lancé plusieurs innovations qui portent déjà leurs fruits » explique Wesbert Moussounda Ngoumba, le directeur des opérations du CGCO.

« Nous nous sommes par exemple dotés d’une fonderie qui fabrique des lingots d’or brut marqués, ce qui nous permet d’obtenir une plus grande traçabilité sur la commercialisation. Et désormais nous effectuons systématiquement des analyses d’échantillons qui nous aident à établir une carte nationale des teneurs en or. Nous avons également lancé avec succès une application pour smartphones, que nous avons appelée la « Gold App » avec laquelle nous pouvons assurer la traçabilité de la chaîne logistique de l’or, des sites d’extraction jusqu’à notre siège. Nos agents enregistrent via cette application toutes les informations utiles lorsqu’ils achètent sur le terrain de l’or. Ces informations nous permettent de créer une base de données unique sur l’industrie minière de l’or au Gabon. »

Parallèlement à ces actions, en collaboration avec le Ministère des Mines, le CGCO apporte une assistance technique aux orpailleurs gabonais qui travaillent trop souvent dans des conditions archaïques et sans sécurité. Les agents du CGCO offrent aux artisans leurs compétences pour améliorer le matériel et les méthodes d’exploitation des artisans. Enfin, à terme, la SEM travaille à l’établissement de véritables coopératives de mineurs d’or, solution adéquate pour professionnaliser ce secteur et contribuer efficacement à leur développement social.

Des perspectives prometteuses

« Les premiers succès engendrés l’année dernière démontrent la pertinence de notre modèle pour restructurer la filière. Nous allons donc amplifier en 2014 notre politique de création de comptoirs de collecte d’or avec l’ouverture programmée de 3 nouvelles structures à Mitzic, à Mouila et à Lastourville.» confie Fabrice Nze Bekale.

A terme, la SEM souhaite mettre en place un véritable maillage des zones d’orpaillage via une structure pyramidale comprenant au sommet un centre de collecte qui, en tant qu’entité régionale, gèrera plusieurs comptoirs d’achat. A la base des économats pourraient se trouver au plus près des camps d’orpailleurs pour leur apporter l’assistance nécessaire.