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L’étonnant week-end de travail du gouvernement

La salle du conseil des ministres du Gabon. © bernard.desjeux.free.fr
La salle du conseil des ministres du Gabon. © bernard.desjeux.free.fr
C’est un week-end des plus inhabituels que les membres du gouvernement ont vécu les samedi 5 et dimanche 6 avril derniers, avec l’organisation d’un conseil des ministres puis d’une réunion nocturne inopinée avec certains membres dudit gouvernement et quelques leaders syndicaux. Des travaux qui s’inscriraient dans le Pacte social et dont l’issue est restée en deçà des attentes des populations gabonaises.

A la surprise de tous, le président de la République a convoqué dans l’après-midi du samedi 5 avril dernier la tenue d’un conseil des ministres pour le moins inhabituel. Une première depuis plusieurs années dans le pays qui s’est habitué à la tenue de cette rencontre les mardis et jeudis sous le règne d’Omar Bongo et depuis quatre ans avec Ali Bongo. Si certains conseils des ministres, à l’instar de ceux dits «délocalisés» ou des séminaires gouvernementaux de Lopé et tout récemment de Franceville ont pu se dérouler à d’autres jours que les mardis ou jeudis, aucun conseil des ministres dit «ordinaire» n’avait encore été organisé un week-end, qui plus est, dans l’après-midi.

En effet, à l’annonce de la rencontre au sommet du samedi 5 avril dernier à 15 heures 30, dans la salle habituelle du palais de la présidence de la République et de celle du dimanche 6 avril à 19 heures au cabinet du Premier ministre, de nombreux Gabonais se sont interrogés sur la situation du pays au moment de ces annonces. Pour certains, l’heure était si grave qu’Ali Bongo ne pouvait plus attendre. Pour d’autres, décider de réunir les ministres un jour – à priori – non ouvrable était la preuve que le président de la République voulait en finir avec les nombreuses crises qui secouent actuellement l’administration publique gabonaise.

Ni l’une ni l’autre, ou plutôt les deux raisons évoquées par l’opinion sont à considérer : Ali Bongo et Daniel Ona Ondo ont jugé nécessaire d’étudier au plus vite les différents de textes législatifs et réglementaires inscrits à l’ordre du jour. Pourtant, contre tout attente et contrairement à ce que de nombreux Gabonais espéraient, au cours de ce curieux conseil des ministres urgent, il s’est agit pour le ministre des Affaires étrangères, en charge de l’Intégration régionale, Emmanuel Issozet Ngondet, de présenter le projet de loi autorisant ratification de l’accord portant Traité révisé de la Cemac ; pour le ministre des Relations avec les institutions constitutionnelles, Denise Mekam’ne, de présenter son projet de décret relatif aux attributions des membres du gouvernement, en vue de «clarifier les missions de chaque membre du gouvernement» ; et enfin pour le ministre du Budget, Christian Magnagna, de présenter ses deux projets de décrets, l’un portant création et organisation de l’Agence judiciaire de l’Etat et l’autre portant prise en charge des frais d’inhumation des agents de l’Etat, des élèves, des étudiants et des indigents.

Bref, un conseil des ministres convoqué, semble-t-il, en catastrophe dont l’issue est apparue plutôt décevante pour une grande partie de l’opinion qui s’attendait à de nouvelles réformes concrètes en vue de mettre sur pieds le «Pacte social» et les véritables modalités de sa réussite, en plus de trouver une solution plus ou moins définitive aux multiples grèves qui secouent le Gabon depuis ces dernières années. Mais, en dehors des individus ayant bénéficié des fameuses «mesures individuelles» prises au terme de ce conseil des ministres et les nouvelles promesses faites aux syndicats des régies financières qui menaçaient à nouveau le gouvernement, pour l’opinion, la tenue du conseil des ministres du samedi 5 avril et celle de la réunion du dimanche 6 avril 2014 ont eu une issue pour le moins «décevante» qui démontre la difficulté éprouvée par les plus hautes autorités du pays à venir à bout des préoccupations des populations. En témoigne l’aveu subtil d’Ali Bongo au sujet de la rentrée en vigueur de la Prime d’incitation à la performance (PIP) qui serait désormais perçue comme l’équation la plus difficile à résoudre après avoir sous-estimé les conséquences de son annonce chez les agents de l’Etat. En somme, il s’est agit d’un week-end de travail fort peu utile pour un grand nombre de Gabonais. D’autres pensent cependant que le communiqué final de ce conseil des ministres n’a pas traduit les vrais enjeux qui y ont été débattus. Que s’y est-il donc passé en réalité ?

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