« Digressions sur notre temps », c’est le nouveau livre de l’universitaire et écrivain gabonais Noël Bertrand Boudzanga, publié aux éditions Odette Maganga (ODEM) et qui retrace le cheminement de la réflexion de ce jeune intellectuel à travers le billet « Kaléidoscope » du quotidien gabonais « Gabon Matin » entre 2009 et 2013.
« Pour être libre, pour goûter à la saveur de la liberté, peut-être suffit-il d’essayer d’être libre », ce sont les mots que Noël Bertrand Boudzanga a choisis pour la dédicace de son nouveau livre. Des mots forts de sens qui rappellent que l’auteur ne s’est nourri, à l’écriture de chacun des textes, que de son audace et de l’idée qu’il se fait de la liberté. Bien sûr qu’il aurait fallu à n’importe qui une belle dose d’audace et une haute idée de la liberté d’expression et de la liberté, tout court, pour sortir pendant plus de quatre ans des ‘papiers’ qui n’étaient pas toujours de nature à caresser dans le sens du poil.
« Digressions sur notre temps » est un recueil de textes publiés pendant 4 ans dans le billet « Kaléidoscope » dans Gabon Matin, chaque mardi. Alors que ce quotidien tentait de se faire une place dans un marché dominé totalement par L’Union, la rédaction s’efforçait de trouver des formules pour attirer le lecteur. « Kaléidoscope » est apparu naturellement comme un élément essentiel dans cette quête d’audience. Journal pro gouvernemental dirigé à cette époque par Lin-Joël Ndembet, un proche et inconditionnel d’Ali Bongo Ondimba, Gabon Matin était naturellement persçu comme un instrument du nouveau pouvoir. Il ne semblait pas autoriser de dénoncer les bégaiements, les exactions ou les égarements de ce nouveau pouvoir, en tout cas pas à Gabon Matin. C’est pourtant ce que Noël Bertrand Boudzanga a fait.
« Lorsque j’écrivais le Kaléidoscope, il m’a parfois été demandé si je voulais aller en prison, sous prétexte que mes textes étaient contre le régime et qu’ils avaient quelques teintes de révolution. Cela m’amusait naturellement et je répondais qu’on ne va pas à en prison pour des mots, les mots que je traçais dans mon journal. Effectivement, je ne suis jamais allé en prison et jamais je n’ai été convoqué à quelque obscur endroit pour m’expliquer », écrit-il en 4ième de couverture, comme pour témoigner de ce que les organes proches du pouvoir peuvent eux aussi revendiquer d’être libre et non pas toujours à la solde du régime en place, surtout dans un contexte politique difficile.
L’exercice de Noël Bertrand Boudzanga a consisté à mettre, pour « l’éternité », à la disposition de ceux qui ont apprécié et aussi de ceux qui n’ont jamais lu « Kaléidoscope » les textes les plus intéressants, les plus critiques et même les plus virulents. Près de 80 textes qui évoquent avec courage et lucidité les questions de révision de la Constitution, du fanatisme politique, de la nation, de l’engagement littéraire, du développement économique, de la vie de couple, de la justice, du droit à la scolarité, des mœurs ou encore du malaise universitaire. « Ce sont mes réflexions et j’espère ouvrir la voie à d’autres car le Gabon en a besoin », nous a-t-il lancé au cours de l’interview qu’il nous accordée au sein de l’Université Omar Bongo, son « environnement naturel ».
Le livre compte 223 pages. Il est abondant en thèmes. Le style de Noël B. Boudzanga reste le même, simple et direct. Apetissant simplement.
Sampérode MBA
