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Indépendance, an LIV : Comme un air de campagne électorale

Le président Ali Bongo, lors de son allocution du 29 janvier à Libreville. ©Cocom
Le président Ali Bongo, lors de son allocution du 29 janvier à Libreville. ©Cocom
La tonalité de la dernière interview du président de la République laisse croire qu’on est déjà entré dans l’ère de la politique politicienne. Ouste les préoccupations économiques, sociales et culturelles.

Si dans son discours à la nation au soir du 16 août dernier, le président de la République a appelé, comme de coutume, à l’unité nationale, dénonçant les élans xénophobes, tribalistes et racistes, il n’en demeure pas moins qu’à la faveur de l’interview qu’il a accordée à une partie de la presse, il s’est davantage exprimé en homme politique qu’en homme d’Etat, se livrant à des attaques ad hominem et à des confidences troublantes.

Le cas Jean Ping a été longuement abordé. Et Ali Bongo «s’est lâché», répondant coup pour coup aux accusations et aux griefs portés contre lui par l’opposition. Des conditions d’arrivée de Jean Ping au cabinet d’Omar Bongo à la création d’un cabinet de consulting et l’annulation de certains contrats en passant par son échec pour un deuxième mandat à la Commission de l’Union Africaine, les colères de Mohammad Kadhafi, le président de la République s’est longuement épanché, au risque de révéler des secrets d’Etat, de laisser planer le doute sur la gouvernance d’Omar Bongo, singulièrement le rôle de sa progéniture dans la gestion du pays, et d’abaisser la fonction présidentielle. En affirmant que Jean Ping n’a «pas de projet» et en lui consacrant l’essentiel de son intervention, Ali Bongo l’a posé en «rival direct», oubliant qu’on est encore bien loin de la période de campagne et que, jusqu’à preuve du contraire, il est encore président du Gabon et donc… président de Jean Ping. «La sortie du chef de l’Etat avait tout d’un show, tant il a dit des choses que sous d’autres cieux on n’aurait pas dites. On comprend que la campagne est déjà lancée», a noté un enseignant du primaire qui a suivi avec intérêt la sortie du chef de l’Etat.

L’angle d’attaque du président de la République n’a pas toujours été à la hauteur de la fonction, les arguments étaient aussi politiciens que surprenants, les révélations sur son rôle supposé dans la nomination de Jean Ping au cabinet présidentiel avait quelque chose de surréaliste. Bien entendu, certains observateurs estiment que l’essentiel est qu’il ait répondu aux critiques portées à son encontre. Jusque-là dans la position de l’accusé, Ali Bongo s’est mué en procureur. Il était attaqué par Jean Ping, il a livré ce dernier au jugement moral de l’opinion. Peut-on se satisfaire de cette stratégie venant d’un président de la République ? Pas sûr. Les zélateurs de l’émergence à la gabonaise, peut-être, et encore… Pour les autres, tout ceci résonne comme un début de campagne électorale menée sur le thème de la victimisation et du complot des «aigris et ingrats qui veulent revenir aux affaires».

Certains veulent laisser croire qu’il appartient désormais à l’opinion de trancher, de dire si elle croit en Jean Ping ou se satisfait du bilan d’Ali Bongo. Or, il appartient aux citoyens de tirer la sonnette d’alarme et de réclamer une attitude républicaine aux uns et aux autres. S’ils laissent faire, alors on est parti pour 2 années de campagne électorale ininterrompue, pour le plus grand malheur du pays, de la République et de la nation.

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