L’ambassade du Gabon en France est injoignable par téléphone depuis de longues semaines déjà. Ses lignes sonnent comme coupées. Si les fonctionnaires Gabonais concernés sont avares d’explications sur le sujet, cela n’alimente pas moins la rumeur d’une dèche financière du pays.

La plus importante représentation diplomatique du Gabon est téléphoniquement coupée du monde. Depuis près d’un mois, en effet, l’ambassade du Gabon en France est injoignable par ses numéros téléphoniques officiels, du moins ceux, connus de tous ses usagers habituels et qui figurent dans les annuaires.

«Je viens d’appeler le Consulat du Gabon à Bordeaux mais aussi le Quai d’Orsay à Paris, ils ne savent quoi dire. Ils en rigolent même ! Les compatriotes de Montpellier veulent aussi se renseigner sur leur passeport et, si possible faire un tenant lieu de passeport ou un laissez-passer pour se rendre au Gabon. Mais, hélas, ils ne peuvent avoir quelqu’un au bout du fil pour s’assurer, avant leur déplacement vers Paris, qu’ils trouveront la personne indiquée, le billet de train coûtant tout de même cher. Plus d’un mois déjà que cela dure», grogne un ressortissant Gabonais vivant en France.

A la vérification, les numéros de téléphone de l’ambassade du Gabon à Paris (France) ne fonctionnent pas. Si les Gabonais vivant dans les régions autres que l’Île-de-France s’en inquiètent du fait de ne pas être capables de s’assurer qu’ils pourront régler quelques problèmes administratifs en se rendant à Paris, la situation handicape également les étrangers qui veulent se renseigner pour prendre un visa ou d’autres renseignements en vue d’un éventuel voyage au Gabon.

Les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères interrogés à Libreville à ce sujet disent ne rien en savoir. Certains avancent plutôt qu’il s’agit d’erreur ou d’utilisation de numéros de téléphone erronés ou prennent pour raison le réaménagement de la chancellerie au 26 bis Avenue Raphaël. Mais, jointe sur son téléphone portable, une fonctionnaire, à Paris, de l’ambassade concernée s’est contentée d’indiquer que «le téléphone de l’ambassade est H.S. On ne peut pas vous en dire plus».

«Nous sommes en France, quand même ! Ici, un problème technique concernant le téléphone ne peut durer plus de 12 h, tout au plus 48 h. L’ambassade a-t-elle soldé ses factures ? Soyons raisonnables, une ambassade ne peut rester plus d’un mois sans téléphone», s’indigne un étudiant Gabonais vivant à Lille. Ce qui amène, doit-on en convenir, à l’hypothèse de factures non payées. Sinon, comment comprendre que des fournisseurs, en France, de lignes téléphoniques en viennent à priver une représentation diplomatique d’un outil de travail aussi important ; ou encore que le préposé à l’accueil téléphonique du Quai d’Orsay, joint au téléphone, en vienne à rire de la situation après une près d’une dizaine de minutes d’attente sans doute en vue d’une vérification ?

Sous le titre «Des trous dans la voilure diplomatique du Gabon»( https://gabonreview.com/blog/des-trous-dans-la-voilure-diplomatique-du-gabon/), Gabonreview déplorait, en avril dernier, qu’à Libreville des fournisseurs et entreprises se méfient du ministère des Affaires étrangères, notée comme client difficile ; mais surtout qu’Emmanuel Issozet Ngondet, le ministre des Affaires étrangères, était en attente d’un geste de la Direction générale du Budget. Si rien n’a été fait de ce côté-ci, la facture que pourrait devoir l’ambassade du Gabon en France à ses fournisseurs de lignes téléphoniques (si tel est vraiment le cas) est-elle donc si lourde pour que le Haut Représentant de Libreville à Paris ne puisse l’éponger de sa poche, histoire de sauver la face ? Ce problème de lignes téléphoniques coupées à l’ambassade parisienne du Gabon, vient en tout cas alimenter les commérages et fait enfler la conjecture selon laquelle les caisses de l’Etat seraient vides. Sinon, que penser ?