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Corruption : une gangrène pour le service public

corruptionMal invisible, la corruption dans les administrations publiques comme privées du pays continue à causer du tort aux citoyens, malgré toutes les campagnes et institutions mises sur pieds pour lutter contre ce fléau. A qui la faute ? Qui est responsable de ce mal ?

Dans l’indice de perception de la corruption publié en décembre 2013 par l’ONG Transparency international, le Gabon avait chuté, passant de la 102e place en 2012 à la 106e en 2013 sur un total de 177 pays avec une note de 34 points sur 100. Une dégringolade qui atteste de ce que la gouvernance au Gabon a du mal à s’arrimer aux standards internationaux. La corruption, loin d’être un recours face à une situation économique difficile, est devenue un sport quotidien, un mode de fonctionnement auquel l’usager est irrémédiablement assujetti, à un moment ou à un autre.

Pour mieux comprendre ce phénomène qui continue de gagner en intensité, il suffit de devoir recourir au service public. Dans les couloirs de certaines administrations, on explique simplement que «c’est le système qui fonctionne ainsi». Quelle que soit la nature de la sollicitation, il faut savoir «bien parler», être capable de «libérer les choses» ou de «motiver» l’agent public voire de lui «mouiller la gorge». Les expressions et déclinaisons lexicales pour désigner et nommer le phénomène sont infinies, la corruption faisant recours à un vocabulaire spécifique, original et garni d’allusions. On aura par exemple «gombo », terme d’origine camerounaise qui désigne le fait de monnayer un service normalement gratuit. Un mot très usité dans le milieu journalistique, autant que «gilette » qui fait allusion à un billet tout neuf qui ressemble à une lame de rasoir. Il désigne, au Gabon, un pot-de-vin à un journaliste, pour un montant compris entre 5 000 et 50.000 francs. Dans le même ordre d’idées, on parle de «reportage juteux», «installation» voire «intronisation», selon l’importance de la somme reçue. Dans ce lexique non exhaustif, on désigne le policier sous le terme «mange-mille». Généralement, on n’hésite pas à leur «payer le coca» ou à «saluer le képi du chef».

Il est, en tout cas, bien difficile de savoir qui initie ou bénéficie de cette corruption. Certains n’hésitent pas à renvoyer la faute aux usagers, qui seraient prompts à tendre des enveloppes qu’on ne leur exige pas. De leur côté, les usagers expliquent que sans ce geste, le service gratuit qu’ils demandent prendre plus de temps que prévu. «On trouvera toujours un truc à vous dire pour vous faire revenir demain. Si vous ne comprenez pas ce genre de langage, soyez sûr que vous ne résoudrez pas votre problème», tranche une enseignante qui a eu son rappel lors de la vague de payement de décembre 2013 et janvier 2014. «Avant qu’on ne paie ce rappel, j’avais déjà fait des démarches et il y a eu des gens qui voulaient que je leur cède un pourcentage. Je n’ai pas trouvé ça normal et j’ai continué à chercher comment contourner la difficulté», souligne-t-elle.

Quoi qu’il en soit, la corruption gagne du terrain, avec ses conséquences sur le rendement du service public. «Regardez comment ces gens se battent pour être nommées à de hautes fonctions. Ils se battent parce qu’ils vont détourner les fonds qui seront mis à leur disposition. La plupart du temps, c’est à travers la surfacturation qu’ils volent», s’écriait un étudiant, hystérique, après avoir tenté, en vain, d’entrer en possession de sa bourse, le 10 octobre dernier.

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