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Péan va-t-il pourrir la fin du septennat d’Ali Bongo ?

«Nouvelles affaires africaines, Mensonges et pillages au Gabon». © D.R./Assemblage Gabonreview
«Nouvelles affaires africaines, Mensonges et pillages au Gabon». © D.R./Assemblage Gabonreview
Lettres aux éditeurs, hebdomadaire français introuvable, rumeur d’un projet de plainte par Patience Dabany… Depuis la sortie de «Nouvelles Affaires Africaines – Mensonges et Pillage au Gabon» de Pierre Péan, l’agitation ne s’est pas cantonnée au Gabon. A 21 mois de l’élection présidentielle, on peut craindre que cet ouvrage ne vienne pourrir la fin du mandat du chef de l’Etat.

Publié deux semaines après la célébration, au lieu dit Jardin Botanique, du cinquième anniversaire de l’accession au pouvoir d’Ali Bongo, «Nouvelles Affaires africaines – Mensonges et Pillage au Gabon», suscite des réactions au sommet de l’Etat. Sans aller jusqu’à suspendre les relations diplomatiques avec Paris, comme l’avait fait Omar Bongo en 1983, lors de la sortie du livre «Affaires Africaines», du même auteur, Libreville a toutefois demandé à son ambassadeur à Paris, Germain Ngoyo Moussavou, de saisir l’éditeur de ce livre, Fayard, pour dénoncer sa «complicité» dans la publication de faits «erronés». Par ailleurs, l’hebdomadaire français Marianne, où collabore Pierre Péan, a publié, le 20 octobre dernier, un article de 3 pages sur l’ouvrage controversé du journaliste d’investigation. Fait notable, aucun kiosque à Libreville n’a distribué cette livraison, comme si elle avait été censurée au Gabon.

On apprend aussi que, le 29 octobre, jour de la sortie du livre, ses 120 exemplaires exposés au magasin La Fnac, sur les Champs-Elysées à Paris, ont été achetés par deux personnes d’origine africaine. Y avait-il donc des choses à cacher dans ce livre qu’aucune librairie ne vend à ce jour au Gabon malgré sa forte demande ?

Pas de démenti

La partie la plus dure, pour Libreville, n’est ni celle concernant Maixent Accrombessi, considéré dans le livre, avec moult détails, comme le véritable président du Gabon, ni celle concernant le pillage des deniers publics par la famille Bongo et ses proches – des propos tout aussi graves -, mais plutôt celle portant sur les origines du président de la République. Là dessus, l’auteur du livre est en effet affirmatif : «en 2010, Guy-Bertrand Mapangou, alors conseiller à la présidence de la République (il était en fait SGA de la présidence de la République – ndlr) me demande de faire un démenti sur ce que j’avais écrit, en 1983, dans Affaires Africaines, sur les origines d’Ali Bongo et la stérilité avérée de Joséphine Bongo, parce que l’opposant Luc Bengone Nsi avait fait, quelques mois auparavant, un recours à la Cour Constitutionnelle gabonaise sur la nationalité d’Ali Bongo en s’appuyant sur mes écrits, mais j’ai refusé de faire ce démenti, parce que je sais qu’Ali est Nigérian d’origine».

Outre, la signalisation d’un courrier de Germain Ngoyo Moussavou à l’hebdomadaire français Marianne pour dénoncer «un ramassis d’affirmations totalement dépourvues de preuves tangibles», on annonce aussi que Patience Dabany, la mère d’Ali Bongo, a décidé de porter plainte contre l’auteur du livre incriminé. Quand on connaît le temps que peut prendre un procès d’une telle envergure, on peut imaginer que la toute dernière partie du mandat d’Ali Bongo pourrait être plombée par ce procès. Surtout que Pierre Péan n’entend pas s’arrêter là sur le Gabon. Des sources concordantes annoncent un autre ouvrage entièrement consacré à Maixent Accrombessi quand d’autres prédisent qu’il sera consacré aux Corses du Gabon dont André Mba Obame, alors candidat à la présidentielle, avait dénoncé, en 2009, l’immixtion trop prononcée dans la vie publique du Gabon.

La reconquête de l’opinion est-elle ajournée ?

En tout cas, la sortie de l’ouvrage du journaliste-écrivain français tombe au mauvais moment. Libreville était déjà entré en campagne pour août 2016. Après les sondages réalisés par les services spéciaux qui n’étaient pas, selon La Lettre du Continent, favorables au chef de l’Etat, un «plan com» a été mis en place, lançant ainsi précipitamment – bonne ou mauvaise idée ?- la campagne électorale 2016. Un plan en deux phases : politique, puis médiatique.

Sur le plan politique, les tournées de ministres dans leurs fiefs succédaient aux tournées des membres du Bureau politique du PDG qui, elles, succédaient aux traditionnelles tournées des députés PDG. Sur le plan médiatique, de nouvelles émissions télévisées ou radiophoniques, tels que Faire Savoir et Etat-Nation, ont été créées par la direction de l’Information gouvernementale (Secrétariat général du gouvernement) pour magnifier, dans les médias publics, les actions d’Ali Bongo. Pour sa part, le Parti démocratique gabonais lançait un point-presse hebdomadaire, tout comme le porte-parole du gouvernement et le porte-parole de la présidence de la République. «Il fallait communiquer tous azimuts, il fallait faire savoir ce que le pouvoir fait, il fallait montrer les bienfaits de la politique de l’Emergence avec des visites guidées de journalistes sur le terrain», note un enseignant de sociologie de l’Université de Libreville.

Tout allait bien, la reconquête de l’opinion était l’objectif. Tout roulait comme sur des patins, et on assistait même à des «cafés-com» devant servir à mobiliser la presse autour de la politique de l’Emergence. Tout était si tranquille avant que le livre de Pierre Péan ne sorte… pour plomber les derniers mois du septennat d’Ali Bongo ?

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