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Les rapports ambigus entre Ali Bongo et ses amis politiques

Ali Bongo et Jean PingLe chef de l’Etat a-t-il le «syndrome du château» qui fait qu’un homme se coupe de ses amis dès qu’il accède à la fonction suprême ? L’opinion constate en tout cas que les relations entre Ali Bongo et ses amis politiques – les Biyoghé Mba, Ndemezo’Obiang, Ndong Sima, Ondo Methogo, Toungui, Ngari, Diramba, Nzengui Nzoundou et bien d’autres – ne sont pas au beau fixe, au-delà des apparences.

Que va-t-il se passer s’il décidait de se représenter ? En tout cas, au moment où Ali Bongo opère une stratégie pour la reconquête de l’opinion, il peut paraître étonnant qu’il manque à ce point de lucidité et de doigté dans ses rapports avec des personnalités qu’on pensait être ses «amis à perpétuité».

Le libre propos publié par l’ex-Premier ministre, Raymond Ndong Sima, intitulé «Puisque mon silence dérange», contient en lui des sous-entendus, des semi-révélations, de l’humour, qui en disent long dans les rapports qu’entretiendrait aujourd’hui l’élu du canton Woleu avec les deux têtes de l’Exécutif. De toute évidence, Ndong Sima ne s’adresse pas au seul Daniel Ona Ondo.

Pour sa part, traitant des relations entre le président de la République et l’ancien ministre René Ndemezo’Obiang, un hebdomadaire proche de la majorité a affirmé que, voulant obtenir le poste de Sénateur de la commune de Bitam, celui-ci a adressé une correspondance au chef de l’Etat qui est restée sans suite. René Ndemezo’Obiang n’a pas compris, ajoute le journal, que sa côte de popularité a bien pâli dans le chef-lieu du département du Ntem. Des exemples comme celui-là sur la relation Ali Bongo – René Ndemezo’Obiang sont nombreux pour illustrer la «cassure» entre les deux hommes. Avec René Ndemezo’Obiang, les rapports sont juste polis. Contre lui, de «jeunes loups» ont été lancés pour boycotter son action à Bitam, au point qu’on en est à se demander si celui qui est encore membre du Comité permanent du Bureau politique du PDG aura-t-il le siège de sénateur de Bitam qu’il aimerait tant occuper.

Pour sa part, Emmanuel Ondo Methogo, 68 ans, se retrouve «sans activité» depuis son départ de la présidence de la République où il occupait le poste de Conseiller politique. Au moment où il sollicite le siège de Sénateur du département du Ntem, il n’entend du Palais du Bord de mer ni soutien, ni encouragement. Pis, le président du PDG est indifférent aux rivalités internes qui apparaissent au sein des écuries PDGistes. Paul Toungui quant à lui, évincé du gouvernement en février 2012, est «maltraité» par des journaux que l’on ne pouvait soupçonner d’une telle attitude à son égard, puisqu’appartenant au même camp, mais l’ancien chef de la diplomatie d’Ali Bongo ne dit rien, ne fait rien. Par couardise ? Par stratégie ? Ou simplement parce qu’il est lisse, trop lisse, sans histoire ? Mais, en politique, faut-il toujours être très lisse ? Brillant officier supérieur de l’armée gabonaise, très apprécié de «Papa Bongo», Flavien Nzengui Nzoundou a, lui, été limogé du gouvernement en janvier 2011. L’association Renaissance dont il assure la présidence d’honneur lui a permis, d’une certaine manière, de renaître, sa présence au Sénat étant illisible du fait de divers «crocs-en-jambes» dont il est l’objet.

Jean-Norbert Diramba, lui, est de moins en moins visible dans les manifestations organisées dans sa belle ville de Mouila. Par lassitude ou par dégoût dans une province – la Ngounié – où les deux chefs de file du PDG sont Guy-Bertrand Mapangou et Yves-Fernand Manfoumbi, l’ancien ministre a-t-il décidé de prendre du recul ? Quel est l’état de ses relations avec le chef de l’Etat ? Quant à Idriss Ngari, ses rapports avec Ali Bongo n’ont toujours été que simples, pour ne pas dire qu’ils manquaient de chaleur du temps où les deux siégeaient dans l’équipe gouvernementale. Depuis l’accession au pouvoir de l’ancien député de Bongoville, ses relations ne se sont guère améliorées avec le fondateur de l’association Tsoumou. L’arrestation, puis l’emprisonnement pendant quelques semaines de l’ancien directeur de cabinet de celui-ci, Jeannot Kalima, ne sont pas pour les améliorer davantage. Au moment où Ali Akbar Onanga Y’Obéghé prépare une marche de soutien à Ali Bongo dans le Haut-Ogooué, la présence de l’un (Ngari) ou de l’autre (Kalima) édifiera l’opinion sur ces rapports.

Paul Biyoghé Mba, enfin, est celui qui a été le plus traîné dans la boue par les porte-flingues du président de la République. On le soupçonne d’avoir son «agenda» pour 2016, et des proches d’Ali Bongo imaginent déjà où sera logé le siège de campagne (QG) de l’actuel président du Conseil économique et social (CES). Pourtant, en février 2014, Paul Biyoghé Mba a bien dit, au cours d’une émission de Gabon Télévision, qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle de 2016, pour couper court à toutes les rumeurs. Ce qui n’a toutefois pas rassuré les porte-flingues du Palais du Bord de mer et leurs démembrements dans la presse. Ali Bongo et son ancien Premier ministre n’ont plus que des rapports courtois en public, mais la presse proche de la présidence de la République n’épargne pas le membre du Comité permanent du Bureau politique du PDG. Pour tout dire, Paul Biyoghé Mba est marginalisé par une bonne frange de responsables politiques PDG, et, aujourd’hui, ceux qui se réclament de lui sont tout aussi marginalisés. Le tout premier Premier ministre d’Ali Bongo a beau être courageux, il n’est pas téméraire. Il sait jusqu’où il peut aller.

En fait, après la «victoire» d’août 2009, on les croyait tous «amis à perpétuité», mais l’opinion constate que tout se disloque entre eux, certains devenant ou étant en passe de devenir, à 21 mois de la présidentielle, un casse-tête pour Ali Bongo, un caillou dans sa chaussure. Devant les relations «compliquées» qu’elles ont aujourd’hui avec le chef de l’Etat, alors qu’elles s’étaient mobilisées pour lui en août 2009, certaines de ces personnalités donnent le sentiment de ne plus compter que pour du beurre. En acceptant – car toute interview de chef d’Etat est relue avant publication – que l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique publie des propos qui auraient pu rester «off» sur d’anciens collaborateurs – le «falot» pour Ndong Sima, le «présomptueux» pour Biyoghé Mba – le chef de l’Etat

Le chef de l’Etat a lui-même montré un certain agacement vis-à-vis de ces personnes. Il a surtout montré qu’il ne veut plus travailler qu’avec un groupe – Accrombessi, Moubélet Boubéya, Manfoumbi, Liban Souleiman, Massard Kabinda,…- et pas avec d’autres.

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