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CAN 2015 : « Au Gabon, le championnat national n’a toujours pas redémarré »

Troisième en partant de la droite, le Gabonais Aaron Appindangoye prend ici la pose avec l'effectif du CF Mounana, lors de la saison 2013-2014.
Troisième en partant de la droite, le Gabonais Aaron Appindangoye prend ici la pose avec l’effectif du CF Mounana, lors de la saison 2013-2014.
La plupart des joueurs qui disputent la Coupe d’Afrique des nations 2015 évoluent en Europe. Le contingent le plus important – soizante-quatorze d’entre eux – provient du championnat de France. Mais certains internationaux africains défendent encore les couleurs d’un club de leur pays natal. Le Monde leur donne la parole à l’occasion de cette compétition, qui se tient jusqu’au 8 février en Guinée équatoriale.

Aaron Appindangoye, lui, joue pour la sélection du Gabon. Sur les vingt-trois joueurs, il est l’un des deux seuls joueurs à évoluer encore au pays, dans le club du CF Mounana. Alors que les Panthères ont déjà disputé deux matchs et affrontent, dimanche 25 janvier, la Guinée équatoriale, le défenseur de vingt-deux ans raconte son quotidien au pays.

UNE CENTAINE DE SUPPORTEURS

« Au Gabon, le football est le sport numéro un, aucun sport ne passe avant. Mais je suis au regret de constater que les gens s’intéressent surtout à notre équipe nationale. Quand les Panthères jouent au pays, que ce soit à Libreville ou en province, à Bitam, elle fait le plein à chaque fois. Alors que pour des matchs entre clubs, il n’y a pas beaucoup de monde au stade. Même pour des matchs de première division, ils sont à peine une centaine de supporteurs en tribunes. Et parfois encore moins.

Cette saison, c’est encore plus compliqué que d’habitude : alors qu’il devait reprendre en septembre dernier, il y a cinq mois, notre championnat national n’a toujours pas redémarré. La principale raison qui explique ça, ce sont les problèmes de financement des clubs, mais franchement, je ne saurais entrer dans les détails. Depuis la rentrée, nos clubs ne font que des matchs amicaux entre eux.

Dans ces conditions, il est de plus en dur pour des joueurs locaux comme moi de jouer en équipe nationale. Pour pouvoir nous observer correctement, quand le nouveau sélectionneur est arrivé, je me souviens qu’il a organisé une semaine de détection à Libreville. Il a demandé à plusieurs locaux de faire un stage avec lui, pour tester notre niveau. Finalement, il n’a retenu que deux joueurs : moi-même et un autre de mes coéquipiers.

400 000 FRANCS CFA MINIMUM

Aujourd’hui, notre sélection a de plus en plus de joueurs qui se sont déjà expatriés. Et dans les championnats étrangers où ils sont maintenant, ils jouent la plupart du temps à un niveau plus élevé que nous autres au Gabon. Ici, le championnat est passé professionnel depuis seulement deux saisons. Moi, je joue dans l’un des plus gros clubs du pays, à Mounouna. Il y aussi le Mangasport ou le FC Missile, le club de l’armée. Le salaire minium tourne autour de 400 000 – 500 000 francs CFA par mois [près de 600 euros].

Avec, on vit déjà bien. Mais malgré tout, mon objectif est de sortir moi aussi du Gabon. Ça fait quand même pas mal d’années que je joue ici et le rêve de tout jeune football africain, c’est de s’expatrier. Pour que les Gabonais aient envie de rester au pays, il faudrait déjà que le niveau de notre championnat s’améliore. Et aussi que nos clubs puissent nous assurer des salaires avec des sommes pas très loin de celles que l’on pourrait gagner en Europe…

FACEBOOK, REPAIRE D’AGENTS

Mon agent, un Français, m’avait trouvé un essai à Bastia en 2013. Finalement, ça n’avait rien donné. Ces derniers mois, plusieurs autres agents ont essayé de me joindre sur les réseaux sociaux comme Facebook, par exemple. Pour se faire remarquer par un agent ou un recruteur, l’une des solutions est de pouvoir jouer des matchs avec la sélection nationale. Ou alors, on peut toujours avec l’équipe réserve du Gabon, l’’équipe des locaux’, comme on dit.

C’est une sélection composée exclusivement de joueurs locaux qui, comme moi, jouent toute l’année au Gabon. ‘L’équipe des locaux’ n’a pas le droit de jouer la CAN, mais elle peut participer au CHAN [Championnat d’Afrique des nations]. J’y ai moi-même participé l’année dernière. C’est un peu comme la CAN, sauf que cette compétition est réservée aux joueurs qui évoluent en Afrique toute l’année. »

Adrien Pécout
Journaliste au Monde

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