Si Ali Bongo avait dû prétexter de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde 2014 au Brésil pour aller apaiser des «tensions diplomatiques» alors en gestation entre Libreville et Brasilia pour une histoire de facture impayée, il ne risque certainement pas de voler au secours de Michaël Moussa Adamo, Ambassadeur du Gabon aux Etats-Unis. A moins que, pour régler l’affaire du recouvrement musclé survenue à l’ambassade du Gabon aux USA le vendredi 6 février dernier, il ne profite du sommet international consacré à la lutte contre le terrorisme et «l’extrémisme violent dans le monde» auquel il prendra part le 18 février prochain à Washington.
Pour non-paiement de traites, des automobiles de la représentation diplomatique du Gabon aux Etats-Unis lui ont littéralement été arrachées vendredi dernier. Il est question du non-paiement de traites d’un crédit automobile contracté en août dernier, un peu avant la participation d’Ali Bongo au Sommet USA-Afrique alors organisé par Barack Obama. A cette période en effet, Michaël Moussa Adamo avait entrepris de troquer deux véhicules de l’ambassade qu’il dirige contre deux nouveaux. Alors qu’il roulait déjà en Mercedes de moteur V12, le chef de la mission diplomatique du Gabon aux USA a opté pour l’acquisition du dernier cri, fleuron des berlines étoilées de la célèbre marque allemande, et pour un autre véhicule non moins haut de gamme dans laquelle de nombreux Gabonais de Washington voient circuler son épouse. Mal lui en a pris, puisque la mauvaise passe financière que traverse le Gabon ne lui a pas permis d’honorer les traites relatives à cette transaction. «Aux Etats-Unis, la loi autorise jusqu’à 3 mois d’arriérés de payement. L’ambassadeur ne les a pas respecté et c’était honteux pour nous de voir comment on est venu arracher les véhicules de l’ambassadeur. Ici, on ne blague pas avec le business et la loi c’est la loi, même si vous êtes diplomates», regrette un Gabonais installé à Washington qui a assisté à la saisie. «Il faut maintenant que le Gabon paye les arriérés, avec un mois de traite supplémentaire, si on veut récupérer ces voitures. Et encore, faudrait-il que cela ne prenne pas trop de temps, sinon ils seront revendus à d’autres personnes», souligne la même source.
Si le montant de la dette n’a pu être obtenu, de nombreuses sources au sein de la communauté gabonaise de Washington soutiennent que la mission diplomatique se porte en tout cas très mal. Hormis l’Ambassadeur, l’Attaché militaire et le Payeur, l’ensemble du personnel a été renvoyé depuis cinq mois environ. «La plupart fait en tout cas de la résistance. Nombreux usent de prétextes comme la scolarisation des enfants, pour en pas rentrer à Libreville», soutient un étudiant gabonais habitué de l’ambassade.
La diplomatie «émergente» est vraiment en mauvaise posture, ainsi que l’indiquait Gabonreview en avril dernier à travers l’article «Des trous dans la voilure diplomatique du Gabon». Michaël Moussa Adamo, l’ambassadeur du Gabon aux Etats-Unis, a-t-il commis des malversations ayant ruiné les finances de l’ambassade ou, simplement, est-il victime de l’aridité financière qui caractérise actuellement le Gabon mais que les gouvernants s’échinent à nier ? Il est en tout cas honteux qu’un concessionnaire automobile ait pu être amené à ce recouvrement musclé. Vitrine diplomatique d’un pays dont le président voyage beaucoup, la diplomatie gabonaise mérite résolument d’être mieux traitée.
