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Gabon – G.-B. Mapangou : « Le décès de Mba Obame ne doit pas être utilisé comme un outil politique »

Guy-Bertrand Mapangou, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique (image d’archive). © Gabonreview/Steve Jordan
Guy-Bertrand Mapangou, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique (image d’archive). © Gabonreview/Steve Jordan
Alors que les forces de sécurité sont déployées dans Libreville, le gouvernement a annoncé avoir saisi mardi un important stock d’armes. De quoi raviver les tensions politiques en attendant le rapatriement de la dépouille d’André Mba Obame. Le ministre de l’Intérieur, Guy-Bertrand Mapangou, fait le point de la situation pour « Jeune Afrique ».

Les forces de sécurité gabonaises sont déployées dans les rues de Libreville dans le cadre d’une opération de sécurité dénommée « Nguéné ». Déclenchée suite à des informations concernant la circulation d’armes dans le pays, celle-ci avive un peu plus les tensions déjà fortes depuis les incidents ayant suivi l’annonce du décès d’André Mba Obame – avec notamment l’incendie de l’ambassade du Bénin.

Le ministre de l’Intérieur, Guy-Bertrand Mapangou, appelle les populations au calme et au recueillement, tout en accusant l’opposition d’entretenir sciemment de vaines polémiques.

Les autorités ont annoncé mardi 21 avril avoir saisi un important stock d’armes sur le littoral. Comment avez-vous fait cette découverte ?

Des pays voisins nous avaient avertis que des armes seraient en circulation à l’intérieur de nos frontières et le ministre de la Défense et moi-même avions déclenché, le 18 avril, l’opération dénommée Nguéné, qui mobilise à la fois la gendarmerie, l’armée et la police. Nous voulions procéder aux fouilles des véhicules en provenance de l’intérieur du pays. Mardi vers 5 heures du matin, la brigade nautique a pris en chasse une pirogue suspecte qui l’a amenée vers un petit campement de pêcheurs au nord de Libreville. La gendarmerie et la marine nationale sont intervenues conjointement et cela a abouti à la saisie de plusieurs caisses d’armes lourdes, contenant notamment des AK47 et des lance-roquettes.

D’où viennent ces armes ?

Les recherches sont en cours avec la collaboration de nos voisins, et notamment la Guinée équatoriale et le Cameroun. Au moment de la saisie, la marine nationale venait d’arraisonner deux chalutiers, sous pavillon équato-guinéen mais avec un équipage chinois, qui pêchaient dans nos eaux sans autorisation. L’enquête a été ouverte pour savoir s’il y a un lien entre les armes et ces bâtiments. Les caisses d’armes, neuves et peintes en vert, n’ont pas de marques précises mais, à l’intérieur, nous avons trouvé des papiers rédigés dans une langue qui n’est ni latine, ni anglo-saxonne…

Nous avons saisi plusieurs caisses d’armes lourdes, contenant des AK47 et des lance-roquettes.

Craignez-vous que cela ne soit pas un acte isolé ?

Nos patrouilles sont en train de ratisser toute la zone afin de vérifier des informations selon lesquelles la cache que nous avons découvertes ne serait pas la seule. Alors que les armées tchadienne et camerounaise sont en train de combattre Boko Haram, nous craignons que certaines zones ou frontières du Gabon ne servent de base de repli pour les combattants terroristes. Nous avons donc maintenu l’opération de fouille Nguéné, qui se poursuit dans le calme et qui rassure la population.

Y avait-il déjà eu de telles saisies auparavant ?

Non. Nous avons déjà saisi des armes, notamment dans le Nord-Est, mais ce n’était pas des armes de guerre de cette envergure. De gros calibre, elles étaient destinées à l’abattage des éléphants et devaient servir à alimenter la criminalité faunique dans une zone qui est dangereuse depuis longtemps à cause du braconnage ou de l’orpaillage illégal de l’or. Mais ce que nous avons découvert mardi, comme les lance-roquettes, est plus dangereux encore.

Les tensions sont également fortes à cause de l’incendie de l’ambassade du Bénin. Où en est l’enquête à ce sujet ?

Elle se poursuit. Nous avons quatre ou cinq personnes actuellement dans nos geôles et la police suit certaines pistes. La procureure a déjà été saisie et l’affaire est entre ses mains aujourd’hui. Nous espérons arriver à saisir les auteurs et je crois que nous sommes sur le bon chemin.

Pourquoi penser que l’enquête autour de l’incendie est une cabale politique ?

Parmi les personnes incarcérées figurent notamment Annie Lea Meye et Georgette Toussaint, dont l’opposition a dénoncé les conditions de détention.

Je crois que l’opposition a le monopole de la polémique et du malentendu. Nous avons interpellé des personnes sur la fois d’indices. Elles ne sont pas forcément coupables, comme dans tout état de droit et en vertu de la présomption d’innocence. Mais des éléments nous ont conduits à ces deux dames. Elles pourraient être de la majorité, nous aurions agi de même. Pourquoi penser que c’est une cabale politique ? Nous appliquons la loi et c’est d’ailleurs cette même législation que nos opposants devront appliquer s’ils arrivent demain au pouvoir. C’est désolant de voir que l’opposition ne croit pas au professionnalisme de notre police judiciaire.

Collaborez-vous avec les autorités béninoises ?

Non. Ce sont nos services qui mènent l’enquête. C’est pour le moment une affaire purement gabonaise. Le ministre des Affaires étrangères et moi-même avons apporté notre soutien à l’ambassadeur du Bénin et nous mettons tout en œuvre au Gabon pour retrouver les auteurs. L’incendie aurait pu poser problème dans nos relations avec le Bénin, mais il n’en est rien.

L’opposition vous accuse de déployer des forces à Libreville pour verrouiller la capitale. Que répondez-vous ?

Tout cela nous fait rigoler. Est-ce que, quand François Hollande et Manuel Valls ont relevé le niveau du plan vigipirate en France après les événements de Charlie Hebdo, on les a accusés de verrouiller Paris pour empêcher l’UMP ou le Front national de parler ? Les populations ont été traumatisées par cette découverte d’armes et se sentent aujourd’hui rassurées par la présence des autorités. Pourtant, l’opposition nous soupçonne d’avoir peur des débordements lors du rapatriement de la dépouille de Monsieur André Mba Obame.

Ce n’est pas le cas ?

André Mba Obame a évolué au sein du parti au pouvoir. Il a eu, et il a encore, des amis dans cette formation. Nous ne pouvons que faire le deuil avec sa famille et appeler à la tranquillité et au recueillement. Il faut toutefois être vigilant parce que certaines personnes mal intentionnées pourraient être tentées de se servir de son décès comme d’un outil politique, de profiter de cette situation douloureuse pour semer le trouble et la confusion.

Des dispositifs particuliers vont-ils être mis en place ?

Nous allons instaurer les mêmes dispositions sécuritaires que pour le rapatriement de la dépouille de Rose-Francine Rogombé, l’ancienne présidente du Sénat décédée en France, qui a lieu ce 23 avril. Ce ne sont pas des mesures exceptionnelles. Elles concernent l’ordre public et l’encadrement des éventuelles processions. C’est le travail quotidien de la police que de prévenir les troubles ou de permettre une bonne circulation dans la capitale. L’ordre doit régner dans le recueillement.

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