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Quatorze mois avant la présidentielle 2016 : Les cinq préalables d’Oyé Mba

Casimir Oyé Mba et quelques membres du directoire de l’Union nationale, le 28 février à Libreville. © Gabonreview
Casimir Oyé Mba et quelques membres du directoire de l’Union nationale, le 28 février à Libreville. © Gabonreview
Engagé dans le combat pour l’alternance, le vice-président de l’Union nationale (UN) propose une réforme du dispositif législatif et réglementaire régissant les élections.

Présentant le thème n°4, «De la prochaine élection présidentielle», lors du forum citoyen organisé par l’Union nationale (UN) le 6 juin dernier à Libreville, le vice-président de ce parti a, affirmé qu’avec le dispositif légal et institutionnel actuel, aucun changement ne peut sortir des urnes, évoquant notamment une liste électorale savamment aménagée, une biométrie tronquée, une Commission nationale électorale et permanente (Cenap) et une Cour Constitutionnelle apprivoisées, une administration aux ordres, des médias publics en service commandé. «Tout cela (est) conçu pour qu’à chaque élection le pouvoir en place gagne», a-t-il martelé, estimant qu’«il faut donc absolument réformer en profondeur ce dispositif». Concrètement, il recommande de réaliser un recensement de la population sur des bases techniques indiscutables, afin de dégager le vrai nombre de Gabonais en âge de voter, c’est-à-dire le corps électoral ; établir une liste électorale fiable en utilisant les techniques éprouvées d’une biométrie moderne et non pas biaisée et tronquée. Il suggère également de prévoir l’identification de chaque électeur à son bureau de vote ; prévoir l’interconnexion des bureaux de vote, pour éviter les doubles ou multiples votes ; envisager de supprimer les procurations.

Ayant commencé par dépeindre un tableau sombre de la situation politique du Gabon, Casimir Oyé Mba a lancé : «La situation politique qui prévaut dans notre pays depuis le retour du multipartisme, aggravée en 2009 par le coup d’état électoral qui a porté Ali Bongo Ondimba à la tête du Gabon nous interpelle tous. Elle appelle à une réflexion urgente et partagée sur les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à l’alternance au Gabon et mettre fin au régime Bongo-PDG». «En dépit de la volonté de changement maintes fois exprimée dans les urnes par les Gabonaises et les Gabonais, malgré la qualité et la popularité des différents candidats de l’opposition à ces différents scrutins, malgré l’usure d’un pouvoir sclérosé par une longévité excessive, par la corruption et plombé par un bilan économique et social catastrophique, toutes les élections organisées au Gabon depuis cette date ont été frauduleusement remportées par le parti au pouvoir», a-t-il rappelé.

Une entrée en matière qui traduit bien l’état d’esprit qui a prévalu durant ces assises axés autour de l’organisation de la prochaine présidentielle et la problématique de l’alternance. Et le vice-président de l’Union nationale de revenir sur l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009. «Après le règne long de plus de 42 ans, la grande majorité de nos compatriotes ont appréhendé cette échéance comme un tournant décisif de l’histoire politique de notre pays, une occasion de réconciliation nationale, le début d’une ère nouvelle et l’espoir d’un engagement patriotique qui devait déboucher sur l’alternance tant souhaitée. Mais l’alternance ne s’octroie pas, elle se construit, elle se conquiert», a-t-il déclaré, affirmant qu’à travers sa participation massive à ce scrutin, le peuple gabonais visait un double objectif : placer à la tête de l’Etat un homme ou une femme qui saurait l’écouter, le comprendre et qui serait capable d’impulser un développement harmonieux du pays, dans un environnement de liberté, de paix, de stabilité et de justice sociale ; se réconcilier avec son élite politique et ses institutions à travers l’organisation d’une élection présidentielle libre et transparente.

A en croire Casimir Oyé Mba cet objectif fut contrecarré par le parti pris avéré de l’ensemble des institutions en charge de la régulation de la démocratie et de la conduite du processus électoral, qui ont «tellement perverti cette élection que le fossé déjà existant entre les Gabonais et les institutions de la République s’est creusé encore davantage». «Depuis lors tout dialogue est rompu et les Gabonais se regardent en chiens de faïence», a-t-il regretté, avant de se pencher sur les questions économiques. «Depuis 48 ans, notre pays est englué dans les mêmes problèmes socio-économiques, alors que le Gabon ne manque ni d’atouts, ni de ressources financières. Aujourd’hui, de nombreux fonctionnaires sont assis à la maison, le chômage dépasse les 30% de la population active, les entreprises hésitent à investir et licencient, la paupérisation de la population se généralise de jour en jour, sans qu’aucun espoir ne pointe à l’horizon», a-t-il déploré.

En dépit des nombreuses stratégies préconisées au long des décennies, l’économie nationale est assise sur la rente. Tirant l’essentiel de ses ressources du pétrole, elle est tributaire des aléas de la conjoncture pétrolière internationale. «Aujourd’hui, le pouvoir établi se gargarise des taux de croissance élevés, mais dans le même temps on constate une dégradation du niveau de vie des populations et un très fort taux de chômage qui frappe surtout les jeunes, même quand ils sont diplômés. A ces maux s’ajoute le fait que la richesse nationale ne profite qu’à une petite minorité de la population assimilable à un clan», a poursuivi Casimir Oyé Mba, concluant : «Nous devons dégager une stratégie commune face au blocage politique et institutionnel actuel, afin de rendre la démocratie gabonaise opérante et mettre fin au pillage des ressources de notre pays».

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