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« Ali Bongo Ondimba est cuit! »: Discours Vidéo intégral du Dr. Daniel Mengara à Paris le 6 juin 2015

Voici l’intégralité du Discours du Dr. Daniel Mengara lors de la conférence du Mouvement des Femmes à Paris le 6 juin 2015. Le Dr. Daniel Mengara y aborde les questions politiques les plus brûlantes, y compris la question de la candidature unique de l’opposition, l’acte de naissance d’Ali Bongo Ondimba et les élections de 2016. La vidéo comprend aussi la séance de questions-réponses.

Il faut rappeler que la conférence du Mouvement des Femmes ne s’est finalement pas tenue à l’hôtel Penninsula de Paris comme initialement prévu. Cette salle, selon les organisateurs, avait été retirée aux femmes à la dernière minute à cause des pressions du régime des Bongo Ondimba. Le Mouvement des Femmes a donc dû se battre dans la matinée du samedi 6 juin, c’est-à-dire le jour même de la conférence, pour trouver une nouvelle salle au Novotel Gare de Lyon. Il va sans dire que ce changement de dernière minute a empêché la présence des nombreux Gabonais qui auraient bien voulu écouter le Dr. Daniel Mengara à Paris. La conférence a finalement eu lieu avec beaucoup de retard et a, malgré tout, vu la présence des Gabonais qui avaient pu avoir vent du nouveau lieu de la conférence et qui se sont battus pour s’y rendre.

Voici donc, en vidéo, le discours intégral du Dr. Daniel Mengara. Le texte ci-dessous est une reproduction approximative et incomplète de ce discours.


Chers compatriotes,

Mesdames, Messieurs

Gabonaises, Gabonais

D’abord laissez-moi vous transmettre non seulement les salutations, mais aussi le soutien de la diaspora gabonaise politiquement engagée en Amérique du Nord, celle-là même dont je suis le porte-parole et qui se bat à mes côtés pour imaginer un meilleur devenir, une meilleure dignité, pour notre pays. Vous avez aussi le salut du mouvement « Bongo Doit Partir-Modwoam » dont je suis le Président.

Je ne vous parlerai pas ici du bilan des Bongo Ondimba au Gabon depuis près de 50 ans. Tout le monde sait ce bilan calamiteux. Il suffit, pour le résumer, d’imaginer un pays où on vous dirait que 3000 bébés meurent chaque année de causes diverses (naissances prématurées, malnutrition, paludisme, etc.), morts qui auraient pu être évitées si le Gabon avait été doté d’hôpitaux dignes de ce nom. Si vous mathématisez cette donnée, vous verrez que si vous multipliez 3000 par 47 ans, vous obtenez 141.000 bébés morts inutilement en 47 ans de pouvoir bongoïste, 141.000 bébés qui seraient vivants si les Bongo n’avaient pas été au pouvoir. C’est ce qu’on appelle un génocide. Et cela ne concerne que les bébés. Etendez cela à d’autres âges, et vous avez une hécatombe.

Je ne vous parlerai pas non plus d’unité de l’opposition parce que je n’aime pas ce mot. Les gens en font tout et rien sans comprendre ce que ce mot veut dire. Je préfère parler de solidarité de l’opposition. La différence est simple : les unités de l’opposition finissent trop souvent par devenir des regroupements partisans. Et c’est justement dans ces moments partisans que se créent des situations d’immobilisme et de pensée unique qui peuvent devenir des pièges conduisant toute l’opposition à l’inaction parce que ces unités et regroupements se seront construits sans idéologie cohérente de prise de pouvoir. Par contre, j’aime la notion de solidarité parce qu’elle met en valeur une autre notion, c’elle d’enjeu. Autrement dit, quand l’opposition se regroupe autour d’un enjeu, l’action converge naturellement vers cet enjeu et une unité agissante en résulte automatiquement. Pour simplifier, on peut donc dire qu’une unité sans enjeu est fatale pour l’opposition.

Voilà pourquoi je dirai qu’il faut plutôt construire des solidarités autours des enjeux. Par exemple, se battre pour un deuxième tour d’élection est un enjeu ; se battre pour le débat préélectoral qui doit imposer la démocratie avant toute nouvelle élection au Gabon est un enjeu ; etc. Dès lors qu’on comprend cela, quand un groupe ou un individu propose une action, cette action devient un enjeu et tout le monde peut, par solidarité, soutenir cet acte. Un autre exemple : nous sommes allés à Nantes hier demander l’acte de naissance d’Ali Bongo. Cet acte de naissance est un enjeu. Les Gabonais n’ont pas besoin d’appartenir au même groupe pour aller soutenir cette action. Dès lors qu’ils voudraient eux aussi, en tant que citoyens, savoir la vérité sur l’acte de naissance d’Ali Bongo, ils doivent être solidaires de l’action des femmes. On n’a pas besoin d’être dans le même groupe, le même parti, la même association pour comprendre que c’est là un enjeu que nous partageons tous et qui nous concerne tous.

Pour que notre opposition soit agissante autour des questions de démocratie qui nous préoccupent tous, il lui faut donc identifier des enjeux mobilisateurs et se battre solidairement autour de ces enjeux. Les questions de qui doit être président ou autre se règleront plus tard. Battons-nous d’abord pour imposer la démocratie.

Chers compatriotes,

Il s’est passé quelque chose d’extraordinaire hier à Nantes. Grâce à la manifestation que le Mouvement des Femmes y a organisée ce vendredi 5 juin, les Gabonais vont enfin savoir s’il existe dans les archives des services de l’Etat-Civil à Nantes un acte de naissance établissant si oui ou non Ali Bongo Ondimba, qui se nommait Alain Bongo ou Alain Bernard Bongo à l’époque, figure dans ces archives et, donc, s’il est bel et bien né au Congo Brazzaville en 1959. C’est une victoire pour notre peuple car, hier, nous avons pu obtenir, suite à des pourparlers très courtois avec les autorités du Service Central de l’Etat-Civil de Nantes, que l’extrait d’acte de naissance sans filiation d’Ali Bongo, s’il existe, soit rendu public. Dans une semaine, nous saurons enfin la vérité.

On peut donc se permettre d’affirmer qu’une page importante de l’histoire du Gabon s’est écrite ce vendredi 5 juin 2015 à Nantes. Retenez bien cette date. Cette date, à mon avis, constitue le premier chapitre, la première étape, le premier jalon qui va permettre au peuple gabonais d’organiser la destitution immédiate d’Ali Bongo du pouvoir.

Comprenons-nous donc bien, chers compatriotes. La question de l’acte de naissance d’Ali Bongo est au centre même du débat politique national qui nous préoccupe actuellement au Gabon. Ce que la manifestation de Nantes va nous permettre de clarifier, en fin de compte, ce sont les paramètres et les arguments de cette destitution. La manifestation de Nantes change également tout le débat sur la tenue ou non de l’élection au Gabon avec Ali Bongo toujours au pouvoir.

Autrement dit, il n’y a que deux choses qui puissent se passer ici, et aucune de ces deux choses n’est favorable à Ali Bongo. Si les services de l’Etat-Civil de Nantes nous reviennent avec la nouvelle selon laquelle il n’existe aucune trace d’Ali Bongo Ondimba dans ses archives, c’est fini. Le débat est clos. Ali Bongo doit partir, immédiatement.

Si, par contre, les services de l’Etat-Civil de Nantes nous reviennent avec la nouvelle qu’il existe bel et bien dans leurs archives un document attestant de la naissance en 1959 à Brazzaville d’un enfant nommé Alain Bongo, Alain Bernard Bongo ou Ali Bongo Ondimba, c’est fini aussi : Ali Bongo doit toujours partir. Ali Bongo doit toujours partir parce que ce document ne fera que confirmer l’usage de faux qui, en 2009, a permis à Ali Bongo d’accéder frauduleusement à la magistrature suprême du Gabon.

Gardons donc bien en vue ce débat. Dans ce débat, il n’y a qu’un seul gagnant possible, c’est le Peuple gabonais, et un seul perdant possible, c’est Ali Bongo Ondimba et sa clique. Il n’y a donc aucun moyen par lequel Ali Bongo Ondimba pourrait se tirer de cette situation. Le document n’existe pas, il part. Le document existe, on constate et confirme la fraude et l’usage de faux, il part.

Autrement dit, chers compatriotes, il importe peu pour nous aujourd’hui qu’Ali Bongo soit Gabonais ou pas. Ce qui importe pour nous, dans notre attente des résultats de Nantes, c’est l’argument juridique qui nous permet d’établir, mathématiquement, irrémédiablement, irrévocablement, qu’il y a bel et bien eu de la part d’Ali Bongo, un usage de faux. Cet argument juridique est suffisant pour justifier la destitution immédiate d’Ali Bongo Ondimba.

Nous n’avons donc pas besoin de nous perdre dans les arguments de si Ali Bongo est biafrais ou pas, Gabonais ou pas, s’il est l’enfant d’Omar Bongo ou pas. L’argument le plus fort pour nous tous aujourd’hui, parce que juridiquement incontournable, est le crime d’usage de faux qui établit définitivement Ali Bongo comme un faussaire, donc un Président parjure. Dès lors, la destitution immédiate d’Ali Bongo sera la seule issue acceptable pour le peuple gabonais. Chers compatriotes : c’est fini. Il n’y a que nous mêmes maintenant qui pouvons tout rater si nous trainons encore les pieds.

En ce qui me concerne, le débat sur la candidature d’Ali Bongo à l’élection présidentielle de 2016 est plus que jamais clair ; ce débat se résume en ceci : l’élection de 2016 ne peut se tenir avec Ali Bongo toujours au pouvoir, un point un trait. J’y reviendrais tout à l’heure.

C’est le lieu pour moi de rendre hommage aux femmes. Nous devons saluer le travail des femmes qui nous ont permis de nous réunir ici aujourd’hui après Nantes hier.

Oui, je voudrais remercier ces femmes courageuses, ces femmes devenues commando, ces femmes commandos, ces femmes qui ont décidé de se lever, parce qu’elles en ont marre. Oui, ces femmes, ces mères, ces tantes, ces cousines, ces grands-mères qui n’en peuvent plus de voir leurs enfants mourir dans des hôpitaux devenus de véritables mouroirs alors que les autres, ceux qui pillent le Gabon, ceux qui achètent des containers de glaces Hagen-Das pour leurs enfants avec l’argent volé aux Gabonais, s’en vont eux se soigner au Maroc, en Europe ou en Asie, et envoient leurs enfants étudier à l’étranger alors que ceux des autres gabonais tirent le diable par la queue et subissent chaque année des années blanches qui ne disent pas leur nom. Ces femmes courageuses qui n’en peuvent plus de voir l’avenir de leurs enfants bouché parce qu’une famille, un clan, a décidé de prendre en otage le Gabon et d’en faire une propriété personnelle.

Rendons hommage aux femmes, et notamment à nos sœurs Mesdames Marie Avorbang et Colette Rébouka, respectivement Présidente et Vice-Présidente du Mouvement des Femmes. Ce sont là des femmes courageuses, des femmes dont le Gabon a besoin pour se reconstruire après la débâcle, que dis-je, après le fléau quinquagénaire qu’on appelle les Bongo Ondimba au Gabon. Ce sont ces femmes qui, en plus, ont montré l’exemple que chacun et chacune d’entre nous se doit désormais de suivre, l’exemple de ce qu’on appelle l’engagement. Leur engagement, c’est d’abord de nous avoir permis de nous rassembler ici aujourd’hui. Ce sont elles qui ont dit, Mengara, toi qui fait du bruit aux Etats-Unis là-bas, viens. Viens parler avec nous. Et pour montrer qu’elles ne blaguaient pas, elles se sont cotisées pour organiser ma venue manu militari en France. Ça, c’est leur première leçon aux Gabonais car vous allez voir que beaucoup d’entre nous sont forts pour chasser les Bongo Ondimba avec la bouche ou le clavier sur Facebook, mais dès qu’on leur dit allons dans la rue ou « cotisons pour atteindre le but commun », ils disparaissent. Ils ne comprennent tout simplement pas que la libération du Gabon passe aussi par la disposition au sacrifice de chacun d’entre nous, la capacité de se dire, ce week-end, je n’irai pas en boîte de nuit ; je vais plutôt donner l’argent de la boîte à ceux qui se battent sur le terrain ou organisent la résistance.

L’engagement des femmes, c’est aussi d’avoir secoué les hommes, pour leur dire, hey mais messieurs, vous êtes plutôt léthargiques ! Comment pouvez-vous laisser le Gabon mourir pour la gloire d’un seul homme, un homme en plus dont les origines sont plus que douteuses ? Elles ont dit : si vous ne voulez pas prendre vos responsabilités, hé bien nous les femmes on va se mettre devant, on va se transformer en commando et on va vous montrer comment on se bat pour son pays. Advienne que pourra ! Ces femmes, à ce que j’ai cru comprendre, sont prêtes à rentrer au Gabon avec nous pour aller arracher notre pays des mains de ceux qui le meurtrissent depuis bientôt 50 ans.

En se levant, chers compatriotes, ces femmes ont dit à Ali Bongo « mmh mmh, momoh, plus jamais ; pas cette fois ». Vous avez eu les Gabonais en 2009, mais cette fois, c’est fini.

Je voudrais aussi rendre hommage au Président du Mouvement de Redressement National (MORENA), Luc Bengono Nsi. La victoire que nous avons obtenue à Nantes hier est aussi un peu, sa victoire. C’est lui qui a, depuis au moins 2009, inspiré ce dossier sur l’acte de naissance douteux d’Ali Bongo. Aujourd’hui, la vérité qu’il voulait établir va se faire et je puis vous garantir qu’Ali Bongo ne va pas l’aimer, cette vérité. Rendons donc hommage à Luc Bengono Nsi parce qu’il avait été l’un des premiers à dire : «« mmh mmh, momoh, plus jamais ; pas cette fois ».

Je voudrais maintenant vous demander d’observer une minute de silence à la mémoire de tous ceux qui sont tombés au combat. On en citera seulement quelques-uns ici : Pierre Mamboundou ; André Mba Obame, Joseph Rendjambé, Pierre Louis Agondjo Okawé ; Martine Oulabou ; Bruno Mboulou Beka. Ils sont tous morts parce que, à un moment de leur vie, ils ont dit : « mmh mmh, momoh, plus jamais ; pas cette fois ».

Rendons aussi un vibrant hommage au peuple gabonais qui, lors du retour au Gabon du corps d’André Mba Obame, a bravé les interdits pour descendre en masse dans les rues en signe de défiance. Car, au-delà de ceux qui sont allés dans la rue parce que partisans d’André Mba Obame, il y avait aussi ceux qui, dès qu’ils ont entendu qu’Ali Bongo voulait leur interdire d’aller dans la rue rendre hommage à un compatriote, se sont dits : « mmh mmh ; momoh ! Plus jamais ; Pas cette fois ». Ils ont dit à Ali Bongo : « Désormais, quand tu dis ne sortez pas, nous on sort ; quand tu dis ne marchez pas, nous on marche. Plus jamais dans ce pays un Bongo Ondimba ne nous privera du droit de marcher, du droit de pleurer nos morts, plus jamais un Bongo ne nous privera du droit de respirer même jusqu’à l’air que le bon Dieu nous a donnés. Plus jamais on ne nous frappera avec impunité. Avec nos mains nues, nous résisterons, nous rendrons coup pour coup s’il le faut, toujours avec nos mains nues, mais nous résisterons car nous en avons assez, et nous disons, « Mmh mmh ; momoh ! Plus jamais. Pas cette fois ! »

Laissez-moi vous l’entendre dire, mes chers compatriotes. « Mmmh Mmmh, momoh ! Plus jamais ! Pas cette fois ».

Alors, si je comprends bien, nos femmes, elles, elles sont en train de dire, « Ali Bongo doit partir » ? Est-ce que je me trompe ? Elles sont en train de dire « Bongo Doit Partir », n’est-ce pas ?

Bon. Quand on dit « Bongo Doit Partir », est-ce qu’on passe encore beaucoup de temps à réfléchir ? À tergiverser ? A Parlementer ? Et pourquoi est-ce que j’entends encore parler ici et là d’aller à des élections avec des candidats uniques?

Comme on dit chez nous au Gabon : « C’est quoi ça ? » C’est quoi cette histoire d’aller aux élections avec des candidats uniques alors même qu’on sait que, avec un candidat unique ou pas, tant qu’Ali Bongo est au pouvoir, et tant que le système PDG gère les élections avec un parlement de béni oui oui, une cour constitutionnelle familiale, une constitution cousue sur mesure et une commission électorale faite de légumes et de manioc, les mêmes causes mèneront toujours aux mêmes effets. L’opposition ne gagnera aucune élection au Gabon tant qu’un Bongo Ondimba sera au pouvoir.

Voilà pourquoi, chers compatriotes, je voulais vous parler ce soir des dangers de l’électoralisme au Gabon, je dirai même du fléau de l’électoralisme. Dans notre pays, on fait parfois la politique juste pour faire la politique, et on oublie que la politique ne peut se construire en l’absence d’une idéologie visant à l’intronisation des valeurs qui élèvent l’homme, les valeurs qui affirment l’homme dans sa dignité, c’est-à-dire ce que les Américains appellent la libre poursuite du bonheur par chacun des citoyens impliqué dans la libre construction et la libre édification de la cité pour le bien-être de tous sans distinction de race, d’ethnie, d’origine, de classe, de sexe ou de religion. Chez nous, on aime aller aux élections, mais sans vraiment se poser la question de savoir : c’est quoi une élection, à quoi sert-t-elle, et peut-on vraiment aboutir à une alternance politique dans les conditions actuelles du système électoral gabonais? Dès lors qu’on ne se poserait pas cette question, ou qu’on limiterait la réponse à cette question à un simple positionnement politique, on est électoraliste.

Etre électoraliste, c’est aller à des élections qu’on sait perdues d’avance ; être électoraliste, c’est participer à des élections où il n’y a aucune chance d’alternance politique ou de prise de pouvoir par l’opposition. Etre électoraliste, c’est parler de candidat unique quand on sait très bien que le système qui inspire la matrice électorale gabonaise ne donne aucune chance à un opposant, qu’il soit candidat unique ou pas, de gagner les élections, ou s’il les gagne, d’assumer le pouvoir. Si notre illustre frère disparu André Mba Obame, n’avait pu lui-même battre le système qu’il avait contribué à mettre en place et à consolider, c’est que, chers compatriotes, la solution ne se trouve pas dans des élections perdues d’avance, mais bel et bien dans la rue.

Soyons clairs: pour qu’une élection soit crédible aujourd’hui au Gabon, elle doit comporter un certain nombre de garantie et elle doit, au minimum, résulter d’une remise à plat non seulement de la Constitution du Gabon, et mais aussi de tous les processus électoraux du pays, et ceci d’une manière qui :

  1. Réduirait le mandat présidentiel à une durée de 5 ans renouvelable une seule fois ;
  2. Ramènerait le principe de l’élection présidentielle à deux tours ;
  3. Remplacerait les membres actuels de la Cour constitutionnelle et donnerait son indépendance à cette Cour de manière à ce qu’elle puisse dire le droit et rien que le droit lors des contentieux électoraux;
  4. Donnerait une indépendance et une autonomie totales à la commission électorale pour qu’elle ne soit plus jamais une machine à organiser la fraude, pour qu’elle ne soit plus l’instrument de fraude du système Bongo-PDG ;
  5. Informatiserait et rationaliserait le fichier électoral sur base biométrique suite à un recensement de la population digne de ce nom ;
  6. Intègrerait dans le processus électoral la présence d’observateurs internationaux non seulement dans chacun des bureaux de vote du pays, mais aussi au sein même de la Commission électorale ;
  7. Garantirait qu’aucune élection ne puisse se tenir au Gabon avec Ali Bongo toujours au pouvoir.

Vous savez, quand on dit « Bongo Doit Partir », on fait, en réalité, deux choses importantes :

La première est qu’on est convaincu que rien de bon ne peut se passer au Gabon tant qu’un Bongo Ondimba sera au pouvoir. Cette affirmation est ainsi posée comme une vérité incontournable et la personne qui dit ces mots sait qu’elle ne peut se détourner de ces mots car ces mots sont la vérité. Quand on sait que quelque chose est vrai et incontournable, on ne perd pas du temps à aller dans tous les sens, à rechercher des solutions qui font perdre du temps. Qu’est-ce qu’on ne m’a pas dit quand j’ai lancé le mouvement « Bongo Doit Partir » en 1998 ? On m’a dit, Mengara, tu es fou. On m’a dit, le nom de « Bongo Doit Partir » là, c’est pas sérieux. J’ai dit « ah bon hein? » Ils ont dit oui. J’ai dit c’est pas grave, Bongo doit partir quand même. Ensuite ils m’ont dit « « oh accepte de négocier avec les Bongo, peut-être qu’on peut encore raisonner avec eux. J’ait dit « ah bon hein? » Ils ont dit oui. J’ai dit, je n’ai pas ce temps oh, moi je sais qu’on ne peut pas raisonner avec des criminels. J’ai donc maintenu ma position : « Bongo doit partir ». Ils m’ont dit, oh abandonne, les Gabonais ne sont pas prêts pour l’insurrection. J’ai dit « ah bon hein? » Ils ont dit oui. J’ai dit vous ne connaissez pas les Gabonais. Bongo doit partir.

La deuxième chose qu’on fait, quand on dit « Bongo Doit Partir », c’est ce qu’on appelle une injonction, c’est-à-dire qu’on affirme que la seule voie de salut pour le Gabon passe obligatoirement par un départ inconditionnel des Bongo Ondimba du pouvoir. Il s’en suit aussi, par voie de conséquence, qu’aucune élection digne de ce nom ne peut être organisée au Gabon avec Ali Bongo au pouvoir et le système PDG tel qu’il existe aujourd’hui toujours en place. Dès lors qu’on a conclu que rien de bon ne se passer au Gabon avec un Bongo Ondimba au pouvoir, il s’en suit, mathématiquement et automatiquement, que pour que quelque chose de bon se passe, un Bongo Ondimba ne doit pas être au pouvoir.

La conclusion, c’est, donc quoi ? Bongo Doit Partir. C’est la conclusion à laquelle je suis arrivé en 1998 quand j’ai créé le mouvement « Bongo Doit Partir ». Cette conclusion, je l’ai érigée en précepte mathématique incontournable. Vous pouvez montrer, descendre, tourner à gauche, à droite, vous n’échapperez pas à cette vérité.

Une fois ce constat fait, il suffit, par la suite de simplifier les mécanismes du combat. Simplifier le combat, c’est simplement évacuer tous les mythes, tous les fantasmes, toutes les mythomanies qui peuvent nous faire croire qu’on puisse encore réussir quelque chose de bon au Gabon avec un Bongo Ondimba au pouvoir.

Quels sont, donc, ces fantasmes, dans le contexte du débat électoral qui nous préoccupe ?

Le premier est de croire à une solution par les urnes. Appliquons donc à ce mythe notre équation mathématique, pour la tester : si rien de bon ne peut se passer au Gabon avec un Bongo Ondimba au pouvoir, il s’en suit, automatiquement et mathématiquement, qu’aucune élection crédible ne peut se passer au Gabon et que l’opposition ne gagnera jamais le pouvoir par les urnes. Voilà donc le premier mythe évacué : le changement démocratique ne viendra pas au Gabon par les urnes. Ça, c’est le premier précepte de l’idéologie du Bongo Doit Partir.

Le second fantasme consiste à croire que l’on peut encore discuter, négocier avec les Bongo Ondimba. Quand-même, vous aussi : quand vous essayez de parler 50 ans durant avec un régime, et quand, entre 1990 et maintenant, la personne avec qui vous négociez ne cesse de vous ricaner au nez, de vous rouler dans la farine, ne convient-il pas de dire, ok, allez fini les discussions, tu pars ou on casse tout ? Pour notre part, au BDP-Modwoam, nous avons simplement conclut que le changement au Gabon ne viendra pas par la bonne volonté des Bongo. On ne change pas les gens avec une mentalité d’animal. Si on nait animal, on demeure animal. Si on nait criminel, on meurt criminel. Je répète donc : le changement ne viendra pas au Gabon par la bonne volonté des Bongo Ondimba. Voilà le second précepte de l’idéologie du Bongo Doit Partir.

Le troisième fantasme est de croire que c’est la communauté internationale qui viendra chasser les Bongo à notre place. J’entends depuis un moment des gens nous dire, presque, d’oublier les questions révolutionnaires parce que la communauté internationale est contre. Ah bon ? C’est maintenant la communauté internationale qui doit venir dicter au peuple gabonais comment il doit organiser son système politique ? Si les Burkina Bé avaient écouté ce conseil, Blaise Compaoré serait encore en train de les trucider ! Non, chers compatriotes, Obama vous l’a dit : Montrez-moi que vous voulez VRAIMENT du changement, et l’Amérique sera à vos côtés. Autrement dit, mes frères, l’Amérique ne sera jamais du côté des peuples qui pleurnichent à longueur de journée sur Facebook en attendant que Obama aille changer le Gabon à leur place. La France ne sera jamais du côté des peuples qui se contentent de pleurnicher et qui, au lieu de faire front face à leur dictateur, attendent que la communauté internationale les libère : non, chers frères et sœurs : la communauté internationale est comme Jésus-Christ : elle vous dit : « aide-toi et le ciel t’aidera ». Ce n’est donc pas sorcier. La communauté internationale ne se préoccupe pas des pays où tout est calme. Quand tout est calme, la communauté internationale conclut que vous avez le dictateur que vous méritez. Si nous voulons que la communauté internationale intervienne au Gabon, elle ne le fera que quand nous serons dans la rue comme les Tunisiens, comme les Sénégalais, comme les Burkina Bé, comme les Congolais de RDC, comme les Burundais. C’est à ce moment que la communauté internationale sera à nos côtés car la communauté internationale se met toujours du côté des peuples qui lui montrent clairement, dans la rue, qu’ils sont fatigués de leurs dictateurs. Les solutions miracles n’existent pas, chers compatriotes.

Et si nous allons à des élections perdues d’avance, vous savez comme moi qu’une fois qu’un dictateur a proclamé sa victoire, il devient très difficile pour la communauté internationale de faire quoi que ce soit si le peuple n’est pas dans la rue pour imposer sa volonté. Le cas du Togo nous interpelle et bat en brèche les arguments des électoralistes : d’ailleurs, il ne peuvent pas nous donner un seul exemple, je dis bien un seul, où un dictateur en Afrique, et encore moins en Afrique francophone, s’est proclamé vainqueur et la communauté internationale lui a dit gentiment de laisser la victoire à l’opposition. S’il y a un tel exemple quelque part, ce sera l’exception qui confirme la règle. La communauté internationale n’intervient généralement qu’en appui des peuples qui auront été, dans la rue, imposer leur volonté.

Le dernier fantasme est celui de la phrase bien connue des Gabonais : « on va encore faire comment ? » Mon Dieu, chers compatriotes : un citoyen digne de ce nom ne dit pas « on va encore faire comment ». Un citoyen digne de ce nom qui est confronté à une dictature dit : c’est qui qui m’embête-là ? Tu es qui pour m’embêter ? Si tu m’embêtes, je t’embête, si tu me tapes, je te tape. Si tu continues, je te dégage. Autrement dit, nous devons comprendre que le changement ne viendra pas au Gabon sans sacrifices.

Si donc, le changement démocratique ne peut venir au Gabon, ni par les urnes, ni par le bon vouloir des Bongo, ni par le pouvoir de la communauté internationale, et encore moins par le miracle de Jésus-Christ, il s’en suit, automatiquement, qu’il ne vous reste que quoi, comme solution ?

La rue… et vous-mêmes en tant que peuple gabonais. Vous êtes votre propre arme.

La rue, c’est ce que j’ai toujours appelé insurrection, chers compatriotes : l’histoire récente et ancienne nous démontre qu’il n’y a de meilleures garanties de démocratisation que quand c’est le peuple qui conquiert lui-même sa souveraineté par le pouvoir démocratique de la rue : c’est ce qu’on a vu en Tunisie, au Sénégal, au Congo Kinshasa, au Burkina Faso et depuis quelques semaines au Burundi. Quand on conquiert le pouvoir par le coup d’état ou la guerre civile, on aboutit presque toujours à une situation d’emprise des militaires sur le peuple, donc à une dictature militaire. Le coup d’état ou la guerre civile ne garantissent donc pas automatiquement la démocratie. La meilleure garantie de démocratie, c’est quand le peuple défait lui-même ses dictateurs, redéfinit les contours juridiques de son contrat social, puis donne la direction du pays aux dirigeants qu’il se sera lui-même choisis, librement.

Voilà pourquoi le BDP-Modwoam en collaboration avec la diaspora gabonaise d’Amérique du Nord pense qu’aujourd’hui, le temps est venu de destituer Ali Bongo Ondimba et de se défaire du système Bongo-PDG en organisant contre ce régime un combat frontal. Et la seule manière de le faire avec une quasi garantie de succès est pour notre peuple de se constituer en Assemblée Constituante qui aurait pour but, entre autre, de doter le Gabon d’une nouvelle constitution nettoyée des aberrations juridiques y insérées par les Bongo Ondimba pendant 50 ans et de réorganiser tout simplement le pays conformément aux aspirations démocratiques des Gabonais.

Notre position est donc clairement anti-électoraliste. Mais attention : Nous ne disons pas qu’il faut boycotter l’élection. Boycotter l’élection, c’est laisser le champ libre à Ali Bongo de faire une élection pour la forme et se maintenir pour un deuxième mandat qui ouvrira la voie à 70 ans de règne dynastique par la même famille, le même clan. Non. Ce que nous disons, plutôt, est que l’élection de 2016 ne peut pas se tenir au Gabon avec Ali Bongo au pouvoir et le système Bongo PDG en place. Et elle ne peut se tenir si les conditions minimales de la transparence ne sont pas réunies. La seule chose qui puisse, dans ce contexte, garantir la transparence, c’est la reprise en main du Gabon par le peuple gabonais au travers d’une Assemblée constituante.

L’Assemblée constituante est très différente d’une Conférence nationale. La conférence nationale est un instrument de négociation par lequel le pouvoir en place et son opposition arrivent à un compromis, donc à une sorte de contrat politique qui oblige toutes les parties à un consensus politique acceptable par tous. Mais pour qu’une Conférence nationale puisse avoir lieu, elle a besoin que le pouvoir en place accepte de discuter avec son opposition en vue d’un consensus national. Il se trouve que dans le cadre du Gabon, nous savons qu’Ali Bongo n’est pas un homme de dialogue ni de réforme et que le peuple gabonais est fatigué de discuter. Nous, au BDP-Modwoam et dans la diaspora d’Amérique du Nord, considérons que le temps des discussions et des négociations est révolu. Il faut aller à l’étape suivante, celle d’une Assemblée constituante. L’Assemblée constituante devient alors un cadre par lequel le peuple, indépendamment du pouvoir en place, se constitue en Assemblée nationale pour affirmer directement sa souveraineté politique et administrative sur le pays ; son action consiste alors, au minimum, à :

  1. destituer et invalider les institutions bongoïstes ainsi que tous les éléments qui en constituent le pilier;
  2. écrire et valider une nouvelle constitution ;
  3. proclamer une nouvelle république ;
  4. mettre en place une transition politique ;
  5. et organiser de nouvelles élections qui soient conformes aux impératifs de transparence et de démocratie que les Gabonais recherchent.

Voilà pourquoi je suis heureux de vous annoncer que je reviendrai probablement ici à Paris dans très bientôt pour présenter, dans tout son détail stratégique, le projet d’Assemblée constituante aux Gabonais d’Europe avant, par la suite, de me rendre au Gabon avec les compatriotes de la diaspora qui voudront bien m’y accompagner aux fins de commencer le processus de destitution d’Ali Bongo Ondimba et du système Bongo/PDG.

Aucune élection ne se tiendra au Gabon avec Ali Bongo toujours au pouvoir. Voilà le discours qui doit désormais prévaloir. Tout autre discours, tout discours qui s’activerait à convaincre les Gabonais à aller aux élections avec Ali Bongo toujours au pouvoir est alors forcément un discours électoraliste que nous devons rejeter avec vigueur. Nous devons rejeter tous les discours qui parlent de candidature unique car ces discours veulent transformer les Gabonais en moutons. Or, nous les Gabonais, nous ne sommes pas des moutons. Les discours électoralistes, consciemment ou inconsciemment, volontairement ou involontairement, ne peuvent aboutir qu’à une seule chose : le maintien au pouvoir d’Ali Bongo. Les discours électoralistes, en gros, veulent dire que ceux qui les tiennent ont abandonné la lutte pour une démocratie réelle au Gabon ; ils veulent plutôt, comme d’habitude, des arrangements de partage du gâteau.

Or les Gabonais disent aujourd’hui qu’ils sont fatigués. Les Gabonais disent désormais « mmh mmh ! Momoh ! Plus jamais. Pas cette fois. »

Je vous remercie.

Dr. Daniel Mengara – Paris le 6 juin 2015.


 

Bongo Doit Partir- Modwoam
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