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Messi au Gabon : le buzz, mais pas le bon

Messi_gabonLa star de football voulait rendre service à son copain Eto’o ; il a récolté des railleries sur l’argent qu’il aurait touché. Ali Bongo Ondimba voulait s’offrir un coup de comm’ en conduisant lui-même Messi dans les rues de Port-Gentil ; il a récolté un buzz moqueur…

C’est bien connu : rien de tel, pour une star du sport, qu’un saut de puce philanthrope en Afrique pour faire oublier un échec ou se faire pardonner une fortune démesurée. Dans les pays réputés les plus pauvres au monde et à l’esthétique toujours porteur, le simple caritatif devient humanitaire. Battu lors de la dernière finale de Wimbledon, le tennisman Roger Federer, s’est rapidement envolé pour le Malawi. Est-ce parce les pauvres manquent dans sa Suisse natale ? Le champion aux 17 titres du Grand Chelem vient de lancer sa fondation caritative et cette phrase que l’on jurerait n’avoir jamais entendue sur d’autres lèvres : « J’ai toujours pensé que les enfants étaient notre futur »…

Pas sûr, pour autant, que ce séjour africain de Federer suscite autant de réactions que celui du footballeur Lionel Messi au Gabon. Le week-end dernier, l’Argentin a répondu à une invitation du président Ali Bongo Ondimba (ABO), notamment par « sympathie pour le Camerounais Samuel Eto’o » qui a une fondation au Gabon. Le quadruple Ballon d’or a participé à la pose de la première pierre du nouveau stade de Port-Gentil, construit pour la Coupe d’Afrique des nations 2017. A posteriori, l’attaquant du Barça aurait peut-être apprécié un voyage aussi discret que celui du tennisman suisse. Lui qui est habitué à distribuer des moustiquaires en Afrique, le voilà piqué par des anophèles bien humains. Il s’en est sorti avec une polémique et un buzz moqueur…

La controverse, c’est celle du financement, de son ampleur et de ses sources

Comme l’actualité du football est désormais ouvertement liée aux affaires de gros sous, c’est le magazine sportif France Football qui annonce, rapidement, que “Leo” aurait reçu un chèque de 3,5 millions d’euros. D’autres sources précisent que les deux tiers de la somme proviendraient des recettes fiscales. Les internautes gabonais crient au scandale, les opposants politiques d’ABO s‘engouffrent dans la brèche, Messi affirme, via Mundo Deportivo, ne pas avoir touché un centime et la présidence gabonaise dément « fermement avoir versé, voire promis de verser, une quelconque somme d’argent au footballeur international argentin ».

Cette polémique pourrait s’éteindre rapidement, tant le peuple gabonais est habitué aux opérations de communication d’un président qui s’était déjà “offert” Pelé, en 2012, ainsi qu’un match amical Gabon-Brésil qui, en 2011, aurait coûté quelques centaines de milliers d’euros au contribuable gabonais. Mais c’est la raillerie qui, finalement, devrait blesser le “fils-de” présidentiel plus que la critique d’ordre financier.

Le dessinateur gabonais Pahé Dipoula a planté l’ultime couteau satirique dans la réputation d’un Bongo groupie de footballeur. Pour avoir conduit lui-même le footeux, Ali Bongo est “croqué” en chauffeur de star. Il indique à son prestigieux passager : « Bienvenue dans mon royaume. Ici, c’est moi le boss. » Désinvolte, à l’arrière du véhicule, l’air vaguement cynique, Leo Messi réplique à son taximan du jour : « D’accord. Prends la prochaine à droite. »

Le cartooniste n’a fait qu’enfoncer le clou moqueur des réseaux sociaux. Sur Twitter notamment, depuis le week-end, on se moque de Noureddine Bongo, le fils du fils d’Omar à l’inauguration du restaurant duquel son papa-président a invité le Ballon d’or. On charrie les ministres cravatés qui prennent des poses de rappeur adolescent pour un cliché flou à côté du footballeur. On souligne le manque de soin protocolaire servi par l’Argentin à Ali Bongo Ondimba. C’est un Messi mal rasé, en t-shirt imprimé et en bermuda troué qui a serré la main présidentielle. Certains Gabonais s’indignent que Bongo fasse “copain comme cochon” avec un invité débraillé. D’autres, faisant référence à une apparition de Messi en 2014, rétorquent : « Quand il met un costume rouge à pois les gens le traitent de nabot, alors pourquoi se faire chier à se mettre sur son 31 au Gabon ? ». D’autres distillent une dose d’esprit supplémentaire en se prenant en photo, en tenue négligée, précisant que c’est ainsi qu’ils iront « à la rencontre des autorités argentines ».

Damien Glez

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