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Pour gagner la réforme, les Gabonais se doivent de rejeter toutes les formes de discours tribalistes.

LES GABONAIS SE DOIVENT DE REJETER TOUTES LES FORMES DE DISCOURS TRIBALISTES SI NOUS DEVONS GAGNER LE COMBAT POUR LA RÉFORME ET LA TRANSPARENCE AVANT L’ELECTION DE 2016

Chers compatriotes,

Je me dois d’exprimer ma vive préoccupation quant aux thèses ethniques, donc tribalistes, qui se font de plus en plus prévalantes, voire normalisées, dans le discours politique national, et qui se trouvent fortement amplifiées dans les déclarations que l’on entend ici et là depuis quelques semaines.

La thèse selon laquelle les Fangs ne seraient pas aimés (par qui?) et que, de ce fait, il faille éliminer les Fangs de la course, ou les priver du droit de candidature, à la présidence de la République, est non seulement spécieuse, mais aussi dangereuse, surtout pour une nation en devenir, donc encore fragile de son traumatisme bongoïste de 50 ans, comme le Gabon. C’est ce type de discours que j’ai appelé « hors sujets politiques » lors de mon adresse à la Chambre de Commerce de Libreville le 14 août 2015.

Il est important de rappeler aux tenants de ces thèses simplistes, voire exclusionnistes et sectaires, l’histoire électorale gabonaise qui, heureusement, bat totalement en brèche ces arguments tribalistes :

1) En 1993, si Paul Mba Abessole (Fang) n’a pas pu accéder à la magistrature suprême, fut-ce parce qu’il était Fang ou parce qu’il fut, tout simplement, incapable d’aller au bout d’une certaine logique insurrectionnelle, donc d’une certaine logique de mobilisation insurrectionnelle du pouvoir démocratique de la RUE, qui était sa seule garantie d’accéder au pouvoir dans un système cousu sur mesure pour perpétuer la prise en otage du Gabon par une seule famille, un seul clan, le clan des Bongo Ondimba et feudataires ? Mais on peut presque comprendre qu’il y eût, à cette époque, une certaine dose de naïveté, voire d’euphorie, qui nous fit croire qu’Omar Bongo était tellement affaibli que ce qui fut fait à l’époque, y compris cette fameuse conférence nationale que nous manquâmes de rendre souveraine, suffirait à abattre un régime construit pour perdurer. Il n’en fut, hélas, rien.

2) Si en 1998, ni Paul Mba Abessole (Fang) ni Pierre Mamboundou (Punu) ne purent accéder à la magistrature suprême, fut-ce parce qu’ils étaient Fangs ou Punus, ou plutôt parce qu’ils furent, tout simplement, incapables d’aller au bout d’une certaine logique insurrectionnelle, donc d’une certaine logique de mobilisation insurrectionnelle du pouvoir démocratique de la RUE, qui était leur seule garantie d’accéder au pouvoir dans un système cousu sur mesure pour perpétuer la prise en otage du Gabon par une seule famille, un seul clan, le clan des Bongo Ondimba et feudataires ?

3) Si en 2005, ni Pierre Mamboundou (Punu) ni Zacharie Myboto (Nzébi) ne purent accéder à la magistrature suprême du Gabon, fut-ce parce qu’ils étaient Fangs, Nzébis ou Punus, ou plutôt parce qu’ils furent, tout simplement, incapables d’aller au bout d’une certaine logique insurrectionnelle, donc d’une certaine logique de mobilisation insurrectionnelle du pouvoir démocratique de la RUE, qui était leur seule garantie d’accéder au pouvoir dans un système cousu sur mesure pour perpétuer la prise en otage du Gabon par une seule famille, un seul clan, le clan des Bongo Ondimba et feudataires ?

4) Si en 2009, ni Pierre Mamboundou (Punu) ni André Mba Obame (Fang) ne purent accéder à la magistrature suprême, fut-ce parce qu’ils étaient Fangs ou Punus, ou plutôt parce qu’ils furent, tout simplement, incapables d’aller au bout d’une certaine logique insurrectionnelle, donc d’une certaine logique de mobilisation insurrectionnelle du pouvoir démocratique de la RUE, qui était leur seule garantie d’accéder au pouvoir dans un système cousu sur mesure pour perpétuer la prise en otage du Gabon par une seule famille, un seul clan, le clan des Bongo Ondimba et feudataires ? Et quand, Eunice Reddick, l’ambassadrice américaine, exprima, comme le confirme WikiLeaks, sa rage de ne voir ni Mamboundou ni Mba Obame oser ramasser un pouvoir qui était par terre et qui n’attendait qu’une simple petite réaction insurrectionnelle sans risque de bain de sang, était-ce parce qu’elle n’amait pas les Fangs ?

5) Si le parti-Etat qu’on appelle le PDG a « remporté » toutes les élections législatives tenues depuis 1990, notamment en 1996, 2001, 2006 et 2011, fut-ce parce qu’il n’aurait eu, en face de lui, que des partis politiques fangs, ou plutôt parce que, en toute logique, tous les Gabonais qui ont un cerveau savent que l’opposition n’obtiendra jamais, je dis bien JAMAIS, aucune tranche significative de pouvoir au Gabon tant que le système cousu sur mesure pour perpétuer la prise en otage du Gabon par une seule famille, un seul clan, le clan des Bongo Ondimba et feudataires, sera toujours en place ?

6) Si Omar Bongo, contre toute attente, parvint à se maintenir 42 ans au pouvoir de 1967 à 2009, faut-il aller chercher, comme seule raison de sa survie politique, le fait qu’il fut Téké, donc non-Fang, parce que les Gabonais, les Francs-Maçons, les Français et les Martiens, et pourquoi pas la vierge Marie elle-même, n’auraient jamais accepté un Fang comme président du Gabon ? Est-ce vraiment cela la seule raison, est-ce vraiment cela que l’on veut faire gober aux Gabonais ?

Tout le monde, même les électoralistes du jour, nous dit pourtant que c’est l’opposition qui a gagné en 1993 (Mba Abessolo), 1998 (Mba Abessolo), 2005 (Pierre Mamboundou) et 2009 (Pierre Mamboundou ou André Mba Obame). Comment peut-on affirmer, dans ce cas, une chose et son contraire, et vouloir paradoxalement, comme dans un film de science-fiction, expliquer tous ces échecs d’accès au pouvoir par le seul facteur de la présence de candidats fangs, alors même que l’historique des candidatures aux élections présidentielles du Gabon contredit ces arguments sectaristes?

Voici pour la leçon d’histoire. Et de vérité.

Partant de ces constats, il m’apparaît suffisamment impératif que l’élite politique gabonaise, ainsi que tous les leaders d’opinion, s’imposent comme discipline de tout faire pour tenir, à l’endroit du Peuple gabonais, un langage de vérité et de sincérité qui tienne compte des vrais enjeux, des vrais défis et des vrais débats. Il leur faut avoir le courage de rabrouer tous les discours à même de diviser les Gabonais, ou de rechercher leur soutien, sur la base de considérations ethniques, sectaires ou communautaristes, quelles qu’elles soient. Et il est important, pour tous, de reconnaître que quand un potentiel candidat à la présidence de la République ou un leader d’opinion, quel qu’il soit, et pour les fins de l’accession au pouvoir par tous les moyens, cautionne ce type de thèses ou permet à ses soutiens de cautionner, puis d’affirmer, en public comme en privé, de telles thèses, ce candidat n’est pas bon pour le Gabon.

Aujourd’hui, c’est la théorie du « tout sauf les Fangs » qu’on nous vend. Mais demain, ce sera quoi ? Tout sauf les Punus ? Tout sauf les Tékés ? Tout sauf les Nzébis ? Sur la base de quoi ? Sur la base de quels principes ? Sur la base de quelles valeurs ? Sur la base de quels impératifs ? Et quand les tenants de ce genre de thèses seraient demain au pouvoir, qu’est-ce qui les empêcherait de construire l’action gouvernementale autour de considérations ethno-tribalistes, donc arbitraires, visant à priver telle ethnie de ceci ou cela, parce que telle ethnie serait ceci ou cela ? Ce type de raisonnements, ce type de thèses qui nous rappellent un peu trop la descente aux enfers du Rwanda, devraient donner la chair de poule aux Gabonais.

Nous ne voulons pas d’une rwandisation du Gabon, d’une chasse aux sorcières qui stigmatiserait une ethnie en favorisant une autre. Si un Fang est candidat, les Gabonais qui croient en son message se doivent de le soutenir, non pas parce qu’il est Fang, mais plutôt parce qu’il leur aura adressé un message construit autour des valeurs qui visent à élever le Gabonais et la Gabonaise. Si un non-Fang est bon, les Gabonais se doivent de le soutenir, non pas parce qu’il est Punu, Nzébi, Téké, Myéné, Pygmée ou autre, mais plutôt parce qu’il leur aura adressé un message construit autour des valeurs qui visent à élever le Gabon et tous ses enfants, sans distinction d’origine, d’ethnie, de région, de religion, de sexe ou d’appartenance politique.

Aujourd’hui, le débat qui préoccupe les Gabonais est le débat sur les impératifs qui se doivent de garantir la transparence électorale avant toute nouvelle élection au Gabon, pour éviter, justement, que ce qui arriva jadis avec les candidatures de Paul Mba Abessolo (Fang ; 1993, 1998), Pierre Mamboundou (Punu ; 1998, 2005, 2009), Zacharie Myboto (Nzébi ; 2005, 2009), André Mba Obame (Fang ; 2009), n’arrivât plus jamais au Gabon.

Aujourd’hui, ce débat devrait faire que, ayant appris les leçons que la courte histoire démocraticide du Gabon nous a enseignées depuis 1990, nous nous prémunissions de toutes les formes de naïveté qui nous feraient encore croire, 26 ans plus tard, que c’est parce qu’on aura été à une énième élection perdue d’avance avec un candidat unique qui fût non-Fang que, comme par miracle, le système Bongo-PDG s’ouvrirait à la démocratie et laisserait le non-Fang gagner simplement parce qu’il est non-Fang. Cette hypothèse, doit-on le rappeler, a déjà été testée, puis battue en brèche avant l’heure puisque, en 2005, année où il n’y eut aucune candidature fang, les mêmes causes menèrent toujours aux mêmes effets : Omar Bongo s’imposa tout naturellement devant les deux candidats non-fangs qu’étaient Pierre Mamboundou et Zacharie Myboto.

Il convient donc, devant ces vérités historiques qui crèvent les yeux de par leur évidence, de s’écarter, tout de suite, non seulement des faux débats, mais aussi de ces arguments fallacieux qui frisent la maladie mentale. Et de rappeler les principes jusqu’à présent INVIOLÉS, qui disent, simplement et sans ambages :

1) Que l’opposition, avec un candidat unique ou pas, avec un non-Fang ou un Fang comme candidat ou pas, ne pourra jamais, je dis bien JAMAIS, accéder au pouvoir par le simple fait des urnes tant qu’un Bongo Ondimba sera au pouvoir ;

2) Que l’opposition, avec un candidat unique ou pas, avec un non-Fang ou un Fang comme candidat ou pas, ne pourra jamais accéder au pouvoir par le simple fait des urnes tant que le régime et système Bongo/PDG organisera et contrôlera unilatéralement le processus électoral gabonais;

3) Que la thèse de la candidature unique n’a de sens que dans le cas où l’opposition SE RÉSIGNERAIT à aller à des élections perdues d’avance, élections qu’elle perdrait naturellement du fait de cette même réalité ; que cette thèse ne tient nullement la route dans un contexte où—le deuxième tour d’élection revenu, la Constitution réformée, la Cour constitutionnelle réformée, la CENAP rendue indépendante, la biométrie intégrale appliquée, le recensement de la population en âge de voter effectué, et tous les paramètres d’une transparence électorale crédible affirmés—, l’élection se tiendrait après une TRANSITION FORCÉE qui rendrait forcément caduque toute idée de candidature unique de l’opposition. D’où l’importance d’IMPOSER ces réformes avant l’élection présidentielle de 2016 si l’élection doit être gagnée par l’opposition.

Le corollaire de tout cela suppose, simplement, et au final, que, pour avoir quelque chance que ce soit d’accéder au pouvoir, le potentiel candidat de l’opposition, qu’il soit unique ou pas, et qu’il soit Fang ou non-Fang, devra INVIOLABLEMENT passer par le pouvoir démocratique de la RUE ; et que, pour que la RUE se fasse et se passe, il ne devra tenir aucun discours autre que celui qui demande aux Gabonais, non pas de se préparer à une élection perdue d’avance ou de boycotter l’élection (ce serait une erreur de simplement boycotter), mais plutôt de se préparer à non seulement EMPÊCHER, dès maintenant, la tenue de cette élection, mais aussi à bouter dehors ceux qui empêchent la démocratie gabonaise de s’accomplir, et ce avant toute nouvelle élection au Gabon. Cette règle était inviolable hier, elle est inviolable aujourd’hui, et elle restera inviolable demain. Le voie du pouvoir au Gabon, pour l’opposition gabonaise, passe inéluctablement, incontournablement, irrévocablement, par la RUE.

Il nous faut donc, au Gabon, trouver les discours qui rassemblent les Gabonais et les amis du Gabon autour des vrais enjeux, des vrais défis et des vrais débats.

Tout autre discours—électoraliste, convivialiste, sectaire ou communautariste—constitue, dans ce contexte, une distraction, pire, une fuite en avant, fuite en avant qui ne cache que très mal les intentions inavouées de ceux qui les distillent, intentions inavouées qui, au final, voudraient, en réalité, que, dans le cadre d’une élection perdue d’avance et tenue sans satisfaction des préalables pourtant demandés par tous, un vote pour le fameux candidat unique de l’opposition ne devienne finalement, en fait, qu’un « vote déguisé » pour Ali Bongo Ondimba.

Aujourd’hui, les Gabonais ne veulent pas d’un leader politique qui irait, en tant que candidat unique, se contenter de faire de la figuration, donc de l’accompagnement, dans une élection perdue d’avance. Les Gabonais veulent—comme ils l’ont d’ailleurs toujours démontré en ne suivant que les leaders radicaux que furent Mba Abessolo, Agondjo Okawé, Mamboundou Mamboundou, et dans une moindre mesure, Mba Obame—d’un chef de guerre. Ils veulent d’un chef de guerre qui fût prêt à les mener, non pas dans le sens d’une participation à des élections qui déboucheraient sur des calculs, des positionnements, des compromissions et des « Accords de Paris » bis, mais plutôt dans le sens de la RUPTURE d’avec le régime bongoïste, et ce avant toute nouvelle élection au Gabon.

Dont acte.

Vive le Gabon ; vive la nouvelle République !

Dr. Daniel Mengara
Président, « Bongo Doit Partir-Modwoam »

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