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Daniel Ona Ondo : « Le Gabon d’aujourd’hui n’est plus celui de 2009 »

Pour le Premier ministre, aucun doute : l’émergence est en marche grâce aux réformes engagées. Et selon lui, seul le chef de l’État sortant est de taille à les poursuivre.

Chef du gouvernement depuis le 24 janvier 2014, Daniel Ona Ondo attend la présidentielle d’une humeur combative, sans se départir de la sérénité qui le caractérise. Premier ministre d’un pays en pleine déprime pétrolière, l’ancien enseignant en économie à l’université Omar-Bongo de Libreville ne veut surtout pas subir les événements. La feuille de route de son équipe ? Garder l’initiative en poursuivant les efforts de « transformation structurelle » du Gabon et d’amélioration de la gouvernance.

Jeune Afrique : Quel est votre état d’esprit en ce début d’année électorale ?

Daniel Ona Ondo : Nous abordons 2016 avec un esprit combatif. À quelques mois de la tenue des élections présidentielle et législatives, il nous faut renforcer davantage l’État de droit, la justice, etc. Et c’est armé de courage que le gouvernement va faire face à la crise pétrolière, en maintenant le cap de la diversification de l’économie, dont les effets permettent au Gabon de mieux résister que d’autres à la chute des cours du pétrole.

Sans faire de triomphalisme béat, je dois dire que ce sont les acquis des réformes engagées depuis fin 2009 par le chef de l’État qui m’autorisent aussi à aborder cette année dans la sérénité. Car en dépit des pesanteurs et même si « beaucoup reste à faire », comme le président Ali Bongo Ondimba l’a reconnu dans son discours à la nation le 31 décembre, force est de reconnaître que les bases de la transformation structurelle du Gabon ont été posées et qu’elles garantissent, de manière irréversible, sa marche vers l’émergence.

Les prochaines échéances devront se dérouler dans les délais constitutionnels, en conformité avec les lois et règlements de la République

Que dire aux investisseurs et aux partenaires qui s’inquiètent de la bonne organisation et de la tenue des scrutins ?

L’amélioration de la gouvernance politique a permis de réunir les conditions pour que l’on puisse organiser des élections libres, transparentes et apaisées, et pour éviter au pays des violences postélectorales. Les prochaines échéances devront se dérouler dans les délais constitutionnels, en conformité avec les lois et règlements de la République, et les plus hautes autorités veilleront à garantir les conditions de paix et de sécurité pour tous. Il ne peut en être autrement. Nos institutions sont solides et stables. Et c’est de cela qu’ont besoin les investisseurs et les partenaires.

Aussi ne devraient-ils pas s’inquiéter outre mesure du jeu politique quand il s’agit de développer et de pérenniser leurs affaires. Avec eux, le changement auquel aspire le chef de l’État pour le Gabon est à notre portée. C’est pourquoi nous attachons une importance particulière à la promotion des investissements, à l’amélioration du climat des affaires et à la promotion des partenariats public-privé, qui sont nécessaires à l’amélioration de la croissance et au bonheur des Gabonais.

Les performances économiques globales du pays permettront-elles d’atteindre l’émergence d’ici à 2025 ?

Comme je l’ai souligné, le choix de la diversification de l’économie, conjugué à la mise en œuvre d’un ambitieux programme de développement des infrastructures – pour ne citer que ces volets du Plan stratégique Gabon émergent -, a permis de doter le pays d’un socle solide, qui lui garantit d’atteindre l’objectif d’émergence. Ce serait faire preuve de mauvaise foi que de ne pas reconnaître que les réformes structurelles ont vocation à porter leurs fruits sur la durée. Aussi, en dépit des effets négatifs du coup de grisou actuel, ce qui compte, c’est que ces réformes, dont les résultats témoignent déjà du changement et de la transformation du Gabon, soient conduites avec constance et cohérence. Encore faut-il qu’elles soient comprises de tout le monde et que toutes les composantes du pays y adhérent.

Le programme Graine, qui s’est déjà traduit par la création de plus d’un millier d’emplois directs et indirects, va se poursuivre sur l’ensemble du territoire

Si Ali Bongo Ondimba se porte candidat à la présidentielle, quels aspects de son bilan pourra-t-il mettre en avant ?

Le chef de l’État s’est donné pour vision le développement économique, social et environnemental, fondé sur le triptyque paix-développement-partage. Et on ne peut que remarquer que le Gabon d’aujourd’hui n’est plus celui de 2009. Les choix qui ont été faits ont permis au pays de se doter d’une économie moins rentière, plus diversifiée et par conséquent moins dépendante des chocs extérieurs. La diversification s’opère progressivement – c’est le cas dans la filière bois, les mines et l’agro-industrie -, ce qui explique la relative bonne résistance de notre économie aux effets nocifs de la conjoncture pétrolière actuelle.

Quant au programme Graine, qui s’est déjà traduit par la création de plus d’un millier d’emplois directs et indirects, il va se poursuivre sur l’ensemble du territoire. Nous avons par ailleurs procédé de manière significative au renforcement des capacités de production d’eau et d’électricité pour soutenir l’accroissement de la population et, surtout, le développement de notre économie. Sans parler des efforts consentis pour accélérer l’implantation des réseaux et des technologies numériques, qui nous permettent d’être aujourd’hui à la pointe en la matière en Afrique subsaharienne. Enfin, le Gabon s’est doté d’infrastructures nécessaires à son développement et au renforcement de la cohésion du territoire national, notamment dans le domaine routier et dans celui de la santé.

Justement, quels sont les résultats sur le plan du développement humain ?

Nous avons pris des mesures fortes pour renforcer notre dispositif de protection sociale, notamment au profit des plus démunis. Par ailleurs, pour augmenter le pouvoir d’achat des agents de l’État, un nouveau système de rémunération a vu le jour en juillet 2015. Il a aussi été décidé de généraliser l’octroi des bourses à tous les étudiants ayant obtenu le baccalauréat, ce qui a pour conséquence de multiplier par trois le nombre de bénéficiaires. Sur la période 2010-2015, la croissance du PIB hors pétrole s’est située aux alentours de 6 % en moyenne.

La tâche du gouvernement aujourd’hui est de la rendre plus inclusive et davantage créatrice d’emplois. En dépit de nombreuses avancées, « beaucoup reste à faire ». Et parce que les priorités restent l’emploi, la santé, le logement, l’éducation et la formation des Gabonais et des Gabonaises, le gouvernement va dans les meilleurs délais mettre en œuvre un certain nombre de mesures préconisées dans ces domaines, où, nous le reconnaissons, les résultats n’ont pas été à la hauteur des objectifs.

Vous êtes l’un des principaux dirigeants du Parti démocratique gabonais (PDG). Le mouvement se rendra-t-il uni à la présidentielle, malgré l’apparition de courants contestataires ?

Je ne dirais pas « contestataires ». Dans le passé, y compris récent, le PDG a toujours vu naître en son sein des courants différents sans que cela l’ait empêché de présenter un candidat unique à la présidentielle de 2009 à la suite du décès du président Omar Bongo Ondimba. Le PDG a été créé en 1968 et il ne saurait être en marge de l’évolution de la société gabonaise. Il est composé d’hommes et de femmes de plusieurs générations, et notre démocratie, à l’image de l’arbre à palabres ou du corps de garde de nos villages, est ancrée dans nos mœurs.

Il est naturel que, au sein du PDG, les militants, les cadres et les dirigeants puissent débattre et émettre des positions divergentes sur nombre de sujets relatifs à la vie du parti ou à celle de la nation. Au moment où le Gabon affronte de sérieuses turbulences sur le plan économique, nous avons besoin d’un commandant de bord qui ait de la poigne, qui soit déterminé et qui nous fasse persévérer dans les efforts de réformes, salutaires pour nos concitoyens. La vision du président Ali Bongo Ondimba pour le Gabon, sa détermination pour la transformation économique du pays et sa passion pour le développement durable en font le candidat naturel du PDG. Et le champion derrière lequel, vous le constaterez, l’ensemble des militants et des sympathisants se rangeront pour mener la bataille de la présidentielle et des législatives, en dépit de l’existence de débats contradictoires.

Georges Dougueli

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