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Simplice Nguédet Manzela : «Je suis parti du PDG»

L’ancien secrétaire général du Parti démocratique gabonais confirme la rumeur de démission de cette formation circulant à son sujet. Il livre, dans ce bref entretien, le principal déterminisme de la posture empruntée depuis le 4 avril dernier.

Gabonreview : Monsieur Nguédet Manzela, il circule sur les réseaux sociaux un fac-similé d’une lettre de démission du PDG signée de vous. Affirmez-vous qu’elle est bien de vous ?

Simplice Guédet Manzela : Elle est bien de moi, c’est une lettre que j’ai signée. C’est ma lettre de démission. Donc par cette lettre, j’ai déposé ma démission du Parti démocratique gabonais. C’est bien une lettre de moi.

Il y a dans cette lettre des choses que vous reprochez au PDG, notamment que le Conseil de sages ne fonctionne pas et que vous vous sentez un peu inutile parce que vous n’avez pas souvent été sollicité. Est-ce là des raisons suffisamment valables pour démissionner ?

D’abord il faut dire que j’ai adhéré au PDG depuis 1979. J’ai occupé des fonctions de membre du Comité central, de membre de Bureau politique, de Secrétaire général, de membre du Comité permanent du Bureau politique et, aujourd’hui, au Conseil national de sages. Le Conseil national des sages, disais-je, est un organisme qui ne fonctionne pas. C’est pratiquement une sorte de garage. Depuis qu’il a été mis en place, il n’a tenu aucune de réunion, il n’a jamais eu aucune activité. Tout récemment, ses membres ont été invités par le président de la République pour un repas et c’est étonnant que ce repas intervienne quelques mois après la campagne électorale. Je crois que j’ai dit que j’étais marginalisé parce que, si c’est uniquement au Conseil national de sages, qui ne fonctionne pas, qui n’a aucune activité, cela veut dire que je n’ai aucune activité. Et en dehors de ça, quant au niveau de l’ensemble des militants du Bureau politique, du membre du Comité de sages, lorsqu’ils convoquent des réunions, je ne suis pas informé. Donc, de ce fait-là, j’ai dit que j’étais marginalisé.

On revient sur la question : est-ce-que ce sont des raisons suffisantes, de votre point de vue, pour démissionner. Vous n’auriez pas pu revendiquer au sein du parti, faire remarquer ce que vous déplorez ?

Ce qui est vrai c’est qu’au sein du Parti démocratique gabonais, j’ai constaté que ce qui constitue l’essentiel de fonctionnement ne fonctionne plus bien. Il n’y a pas assez de démocratie, les rôles ne sont pas bien répartis entre les différents militants, notamment entre le président et le secrétariat exécutif. C’est un peu par rapport à ce non-fonctionnement du parti que j’ai décidé de partir, parce que je ne me jugeais plus utile ; puisque mes services n’étaient plus sollicités. Même quand j’ai été nommé conseiller politique auprès du président, je pensais que c’était pour bénéficier de mon expérience d’ancien dirigeant du parti. Malheureusement, ce n’était pas le cas. Quand j’ai fait un certain nombre de propositions lors du congrès, ces propositions n’étaient pas prises en compte. C’est pour cela que j’ai décidé de partir. Et puis, revendiquer cela auprès de qui ? Tout le monde connait les positions que j’ai occupées au sein du Parti démocratique gabonais. Si on voulait bien me responsabiliser, on l’aurait fait. Par ailleurs, sur le plan administratif, j’ai été conseiller politique du président, je suis parti de là-bas avec des consignes selon lesquelles je suis appelé à d’autres fonctions ; aujourd’hui, je ne peux même pas faire valoir mon droit la retraite, parce qu’on me dit que je suis appelé à d’autres fonctions. Mais ça fait depuis vingt-quatre mois que je suis assis là. Ce n’est pas normal ! Pour quelqu’un qui a occupé les fonctions de secrétaire général pendant longtemps comme moi, rester assis pendant vingt-quatre mois c’est un peu trop ! Tout ceci a fait en sorte que j’ai décidé de quitter le Parti démocratique gabonais.

Alors, cela veut-il dire que vous mettez également un terme à votre vie ou à votre carrière politique, ou vous allez continuer la vie politique sous d’autres bannières ou sous d’autres couleurs ?

Ce qui est vrai c’est que j’ai quitté le PGD parce que mes conditions subjectives n’étaient plus réunies : je vivais misérablement, j’ai pensé que pour ce que j’ai fait ce n’était pas normal que je vive cette vie. Les conditions subjectives étant réunies, je peux dire que je suis parti de là pour contribuer à faire partir le régime qui m’a créé cette situation. Donc la politique, je vais la continuer et je vous dirai à l’avenir dans quel cadre je la ferai. Mais dans tous les cas, je vais continuer la politique.

On vous prête un sens d’analyse et de synthèse. Qu’est-ce-que vous pouvez dire en général de la situation actuelle et peut-être même du régime en place avec toutes les démissions qu’on enregistre au sein du parti au pouvoir ces derniers jours ?

Bon c’est vrai qu’il y a eu des démissions, l’adhésion est individuelle, de même les démissions sont individuelles. Mais le fait qu’il y ait eu beaucoup de démissions pendant cette période m’amène à dire que le Parti est en crise, une crise terrible et je ne sais pas comment ce problème va être réglé. Mais ces démissions sont liées au fait que le parti ne fonctionne pas comme il l’était sous Omar Bongo Ondimba, période où j’étais secrétaire général. Je pense quand même qu’il y a des problèmes aujourd’hui au sein du PDG et ces démissions illustrent tous ces problèmes-là. Je ne crois pas que le parti ne va pas sortir de là de très tôt.

Croyez-vous, en cette année électorale, que cela peut affecter le PDG quant à sa tradition de victoire ?

Je ne sais pas, j’ai été au parti et le parti a rempoté des victoires. Bon, maintenant j’en suis parti, c’est difficile de savoir quel va être l’avenir du PDG par rapport aux prochaines élections. Mais le fait que beaucoup des militants soient partis, j’ai bien peur que ça n’impacte quand-même sur les résultats du PDG.

Par ailleurs, s’il fallait parler de la situation politique du pays en général, tout le monde sait qu’aujourd’hui rien ne marche. L’Economie, ce n’est pas ça, les problèmes sociaux ce n’est pas ça non plus : il y a des grèves partout, des projets ont été initiés qui sont arrêtés, il y a des chômeurs. Tout ceci montre que le pays connait une situation économique très difficile.

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