Nouveau rebondissement dans l’affaire BR SARL au Gabon. Cette société de microfinance promettait à ceux qui investissaient chez elle, des taux d’intérêt très élevés atteignant parfois 20%. Sauf qu’après quatre ans d’existence, l’entreprise a brutalement fermé en octobre 2015. Une procédure judiciaire est en cours au Gabon, mais vendredi dernier, une plainte a été déposée en France, notamment pour escroquerie en bande organisée, abus de confiance et blanchiment. Jugeant le système judiciaire gabonais défaillant, les organisations « ROLBG », « On m’achète pas » et le « Collectif des clients spoliés », ont décidé de porter l’affaire en France. Une procédure rendue possible par la double nationalité franco-gabonaise de quelques-unes des victimes de l’arnaque.
Enregistrée au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, la plainte vise trois anciens dirigeants de BR SARL. Selon les plaignants, l’entreprise aurait empoché près de 23 millions d’euros avant de mettre la clé sous la porte, laissant sur le carreau quelque 30 000 épargnants.
Pour Georges Mpaga, président du collectif ROLBG, l’Etat gabonais a lui aussi une responsabilité dans cette affaire : « Cette microfinance a fait de la publicité dans la chaîne publique, a ouvert dans les neuf provinces des agences, donc la responsabilité de l’Etat gabonais est complètement évidente. L’Etat gabonais a l’obligation de réparer le préjudice moral et matériel subi par les épargnants ».
Alain-Claude Bilie Bi Nzé n’est pas d’accord. Selon le porte-parole du gouvernement gabonais, les victimes ne peuvent s’en prendre qu’à elles-mêmes : « Elle a floué les gens qui eux, ont décidé d’aller vers l’argent facile parce qu’au Gabon, il y a des banques avec des taux officiels reconnus. Ils sont allés vers des taux exorbitants et de ce point de vue, l’Etat gabonais n’est pas du tout mis en cause dans cette histoire. La seconde chose, que les Gabonais aillent porter plainte en France, nous ne comprenons pas très bien. Croire que la justice française est au-dessus de la justice gabonaise, est quand même assez malheureux de la part de compatriotes ».
L’ex-dirigeant de l’entreprise Yves David Mapakou serait assigné à résidence en France. Le porte-parole du gouvernement gabonais assure qu’Interpol a été saisi, mais il s’étonne que l’homme n’ait toujours pas été extradé au Gabon.